dimanche 20 décembre 2009

STOIC


Inédit


Uwe Boll poursuit sa réhabilitation cinématographique de la plus belle manière, nous offrant avec Stoic un drame carcéral sans concession. Pour ceux qui ne connaîtraient le réalisateur teuton qu’à travers ses adaptations vidéo-ludico-foireuses, le choc risque d’être encore plus violent !
S’appuyant sur un fait divers s’étant déroulé dans un centre de détention pour délits mineurs, Uwe Boll nous plonge dans un récit sordide et désespéré. La narration très intelligente fonctionne sur deux temporalités : le présent, où l’on voit les détenus s’expliquer sur les événements ; et le passé, où l’on assiste à ces terribles événements. Le choix est dramatiquement très judicieux, puisqu’il confère un caractère inéluctable à la situation, renforçant par là même la tension des séquences.


Mais au-delà de ce choix narratif, Stoic bénéficie d’une mise en scène très efficace. Le film se déroulant presque intégralement dans la cellule que partagent les quatre prisonniers (le second et dernier lieu étant la salle d’interrogatoire), on pouvait craindre une vision très théâtrale, mais il n’en est rien. Uwe Boll aère son film en modifiant les angles de vue de manière très intelligente, ce qui renforce paradoxalement la promiscuité due à la situation et aux événements. Ce curieux mélange donne une dimension très nerveuse et angoissante au film, et cette plongée maladive en milieu carcéral est une réussite !
La dynamique imposée par Boll provient aussi de son montage très vif, qui n’a rien à voir avec un style MTV. On n'est pas dans la surenchère, mais dans l’élaboration d’une ambiance délétère grâce à un rythme très élaboré. Des plans-séquences auraient sans doute plombé le rythme, et le choix de découper l’action à travers des plans qui se superposent presque est intuitivement le bon. Cela permet d’obtenir un rendu réaliste plus important, puisque très proche d’une vision documentaire. Le choix de la photographie très terne participe à cette vision, et Stoic déroule son récit dérangeant de manière très efficace.


Le casting est évidemment très important dans un huis-clos, et celui de Stoic est exemplaire. En première ligne, quelle surprise de retrouver Edward Furlong, le seul et unique John Connor ! L’ex-beau gosse s’est métamorphosé, et il possède une présence physique indéniable. Sam Levinson, qui se contentait jusqu’à présent de jouer dans les films de papa (Barry Levinson), est un excellent acteur qui s’en sort à merveille avec un personnage très complexe. Steffen Mennekes est un habitué des productions Boll, puisqu’il a participé au déjanté Postal et à Bloodrayne 2. Là encore, on a affaire à un acteur très impliqué qui sait jouer avec le côté bestial de son personnage. Et enfin Shaun Sipos, qui parvient à créer un personnage très réaliste.
Stoic est une expérience qui ne laisse pas indifférent, et Uwe Boll parvient à nous immerger dans cette tragédie en étant le plus direct possible et sans chercher de justifications. Il nous livre des faits bruts, que les personnages vont tenter de rationnaliser, mais il s’agit avant tout de la vision d’un microcosme qui n’attend qu’une occasion pour exploser. Stoic peut se voir comme une allégorie de la nature humaine, dont le vernis social peut sauter à tout instant. Et Uwe Boll nous le montre avec beaucoup de talent.

5 commentaires:

  1. Punaise il a bien vieillit Furlong quand même...Je ne connaissais pas ce film dis donc!!

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  2. Tu as oublié de dire que ce film donnait une nouvelle vision d'un simple balai!!!!

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  3. Ben il a terminé sa période beau gosse Furlong, ça c'est certain! Ce film n'est pas encore sorti chez nous Bruce, mais le génial Reb Brown l'a dégoté en import anglais, et ça fait bien plaisir!
    Reb, d'ailleurs, il faut arrêter maintenant avec ce balai! Déjà que depuis Postal je ne supporte plus les chats...

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  4. Je viens de me le faire. C'est hardcore. Dans le genre pénible, c'est presque aussi insupportable que Irréversible. Le seul truc qui me gênait c'est l'espèce d'accent de je sais pas où de Steffen Mennekes; ça me sortait un peu du film par moments mais sinon y'a rien dire, c'est vraiment très bien maitrisé de la part d'Uwe Boll et l'interprétation de Furlong est plutot impressionante. Quant à Shaun Sipos, il a LE rôle le plus ingrat de l'histoire du cinéma. Jusque là je décernais la palme à Barry Pepper dans le "Trois Enterrements" de Tommy Lee Jones, mais là ça bat tous les records... Faut du courage pour jouer un rôle pareil.

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  5. le rôle de Sipos est vraiment terrible! J'ai maté un peu les bonus, et le tournage ne semblait pas pénible, mais tout le monde (équipe réduite au minimum) était très concentré. C'est le genre de film que tu ne fais pas en te fendant la gueule... Mais encore une fois, je trouve le casting vraiment exceptionnel, et les autres rôles ne sont pas forcément plus faciles! Mennekes, Levinson et Furlong sont tout aussi bons que Sipos!
    Je suis vraiment content que tu aies apprécié, c'est du cinéma très radical et je trouve que c'est plus intéressant qu'Irréversible, qui me parraissait bien plus gratuit dans son propos.

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