mercredi 27 mai 2009

JUSQU’EN ENFER



Sorti le 27 mai


Le retour aux origines de Sam Raimi avait de quoi faire fantasmer, sa prédilection pour les récits barrés à base de giclées de sang et de rites infernaux, le tout servi par une mise en scène vertigineuse, étant connue depuis son fameux Evil Dead. Entre deux aventures de Spidey, Raimi s’offre une petite récréation avec Jusqu’en Enfer, qui claque quand même plus en VO : Drag me to Hell. Une jeune banquière refusant de rallonger un prêt à une vieille femme, un mauvais sort jeté en guise de punition, et un démon ravageur lancé aux trousses. Un postulat de départ d’une simplicité absolue, destiné à emmener le spectateur dans une spirale infernale à cent à l’heure.
La simplicité du point de départ s’accompagne de personnages stéréotypés, mais la promesse d’un ride horrifique permet de passer outre dans un premier temps. Mais si Raimi commence avec de beaux effets bien flippants, il l’accompagne aussi d’un humour qui dessert tout ce qu’il met en place. Il est capable de faire flipper avec un simple mouchoir, et sa mise en scène prouve largement son expérience. Le début de la scène du parking est à ce titre vraiment réussi, l’apparition étant relativement bien foutue. Mais ce qui est gênant, c’est l’humour. Même si certains effets sont plutôt sympas, ça ne les empêche pas de minimiser l’impact émotionnel des scènes. Sam Raimi est un cinéaste capable de faire réellement peur, et il a choisi d’édulcorer son talent en y ajoutant un humour déplacé. Evidemment ça fonctionnait dans les Evil Dead, mais ça restait un pur délire horrifique et ç’était beaucoup plus barré.

Ici, le récit se prête moins à une expérimentation ludique de l’horreur, et plus on avance dans le métrage, plus les situations confinent au n’importe quoi. Et cet aspect grand-guignolesque finit par fatiguer, surtout qu’elle s’applique sur une trame vraiment trop mince. Le personnage de Justin Long, le petit ami, est sans intérêt ; celui du rival de bureau est trop abusé pour que l’on y croit ; le voyant est une caricature. Bref, même si cette superficialité est voulue, ça empêche vraiment de se plonger dans cette histoire avec intérêt.
On peut toutefois remarquer que Raimi filme Alison Lohman comme il le faisait avec Mary-Jane, et que la beauté de l’actrice est magnifiée par la mise en scène. Elle ne se contente d’ailleurs pas d’être belle, et joue son personnage maudit avec conviction. Après, elle ne fait qu’atteindre les limites du scénario, et part dans des excès loin d’être crédibles, et le film se perd dans ce mélange d’horreur-humour trop lourd.
Une déception donc, et j’espère que Raimi reprendra Spider-Man 4 avec plus de conviction.

dimanche 24 mai 2009

PUNISHER 13 : VALLEY FORGE, VALLEY FORGE



Sorti le 20 mai


Ce 13ème volume consacré au Punisher dans la collection MAX est le dernier pour l’auteur Garth Ennis. Après 8 années passées aux côtés du justicier solitaire, l’auteur irlandais tire sa révérence de fort belle manière, en revenant sur les événements de Valley Forge ayant véritablement donné naissance au Punisher.
En avril 2000, Ennis démarre la 5ème série régulière consacrée au personnage (ce n’est en fait pas sa toute première rencontre avec Castle, puisqu’il avait participé au one-shot Punisher kills the Marvel Universe en novembre 1995) et met en scène des aventures sanglantes agrémentées de quelques pincées d’humour bien senti. Durant 3 ans, ces épisodes sortis chez nous dans la collection 100% de Marvel vont redonner une certaine notoriété au personnage, mais le plus fort allait encore arriver.
C’est en août 2003 qu’Ennis décide de revenir sur le passé de Frank Castle, et en 4 mois il va fondamentalement redéfinir le personnage, en accentuant l’aspect traumatique du Vietnam et en démontrant comment le principe de survie peut se faire au détriment de notre part d’humanité. Avec la mini-série Born, Garth Ennis va faire exploser un titre qui n’avait jusqu’à présent pas atteint sa maturité, et il va plonger le lecteur au cœur d’émotions complexes et paradoxales, explorant une psyché ravagée qui a décidé de punir le crime pour des raisons bien plus profondes que ce que l’on croyait jusque-là. Born est une claque énorme où l’émotion face à cette tragédie guerrière est d’une intensité saisissante. C’est le début de l’ère MAX pour le Punisher, qui durera 5 années…

Valley Forge, Valley Forge revient donc aux racines du Mal lorsqu’un groupuscule armé est chargé d’éliminer Castle. Le passé est toujours enfoui sous de minces strates, et il ressurgit avec d’autant plus de force… Le génie d’Ennis est de parvenir à poser sa trame scénaristique sur des événements relatés il y a 5 ans, en assurant une fluidité totale au vu de l’ensemble. Sa manière à lui de boucler la boucle, avec une aisance déconcertante et un sens de l’émotion incroyable. Je n’en dirai pas plus pour ceux qui n’auraient pas lu Born, mais si vous souhaitez lire ce dernier tome, je vous conseille vivement de vous le procurer d’abord.
Une des grandes idées de ce tome consiste à intercaler des extraits d’un bouquin fictif consacré au Punisher, en particulier sur son expérience au Vietnam. Si le procédé peut rebuter de prime abord, il s’intègre en fait de manière idéale, et permet surtout à Ennis de développer ses connaissances sur cette guerre. Les faits rapportés sont bien loin des poncifs, et ils possèdent un degré d’authenticité correspondant certainement à des investigations minutieuses de la part de l’auteur. Les anecdotes sur la Tiger Force, sur l’opération Arc Light, et surtout sur les événements ayant entrainé ce conflit… La richesse de ces écrits renforce la portée dramatique de ce dernier tome, en lui donnant une valeur de somme par rapport à tout ce qu’Ennis a insufflé au personnage. L’histoire du groupe aux trousses de Castle est assez classique, mais le sous-texte vietnamien et la force du passé font de ce dernier tome un bien bel adieu au personnage… Et cette répétition Valley Forge, Valley Forge hantera Castle encore de longues nuits…


jeudi 21 mai 2009

24 HEURES CHRONO SAISON 7



La saison 7 s’achevait ce lundi soir sur la FOX avec la diffusion des épisodes 23 et 24, mettant un terme à une saison brillante qui n’a pas hésité à dépasser certaines limites pour le plus grand plaisir des téléspectateurs. Je ne dévoilerai rien sur le scénario et la menace pesant sur les Etats-Unis, mais encore une fois Jack Bauer est appelé à la rescousse alors qu’il se trouve dans une situation plus que délicate. Cette saison se déroulant à Washington est la dernière à être produite avec l’équipe d’origine (Robert Cochran reste tandis que Joel Surnow part), et le réalisateur Jon Cassar quitte lui aussi le navire. L’esprit d’origine est encore bien présent cette saison, mais la 8ème sera-t-elle celle de trop ?
Ca, on ne le saura que dans un an, et pour l’heure, il faut dire que cette série tient le coup après 7 années (et non décennies!) et autant de journées de dingues qui auront confronté Jack à diverses menaces terroristes, à des dilemmes insoutenables et à des pertes irréparables. Et la saison 7 poursuit dans cette veine qui n’a montré que rarement quelques signes de faiblesse… Jack se retrouve donc à collaborer avec le FBI afin de déjouer une menace, et il va faire équipe avec une jeune femme bien décidée à respecter les règles. Renée Walker (Annie Wersching) est à l’opposé de ce que préconise Jack en matière de lutte contre le terrorisme, et elle désapprouve sa propension à utiliser la torture, ce qui ne manquera pas de créer quelques frictions.


L’autre nouveauté réside du côté de la Maison-Blanche, puisqu’elle a été investie par la Présidente Allison Taylor (Cherry Jones), femme de poigne fidèle à un code d’honneur et à des principes moraux qui seront mis à rude épreuve. Son personnage est très intéressant et permet de boucler la boucle après avoir mis en place le premier Président noir en la personne de David Palmer. Il est vrai qu’au début du tournage (avant la grève des scénaristes), Hillary Clinton semblait bien partie pour pouvoir (ré)entrer à la Maison-Blanche, et Barack Obama n’était encore pas connu. La donne a changé entre-temps, mais même si cette présidence ne colle pas avec la réalité, l’idée est traitée avec toute la finesse des scénaristes habituels, et l’on se prend vraiment aux intrigues de couloirs et aux problèmes familiaux rattachés à la Présidente Taylor.


Evidemment cette saison est riche en rebondissements, ce qui n’est finalement pas une surprise… Mais quels rebondissements ! Les scénaristes se sont encore bien lâchés, et il y a de quoi tomber à la renverse très fréquemment ! Et même si c’est le principe de la série, on ne peut s’empêcher de se faire avoir, ce qui est finalement très agréable ! Je n’en dirai pas plus, mais si vous avez vu les 6 premières saisons et Redemption, plongez vite dans cette saison 7, vous ne serez pas déçu !
Kiefer Sutherland a pu façonner son rôle au fil des saisons, et il maîtrise parfaitement le personnage. Alors ce qui fait peur maintenant, c’est la prochaine saison : sera-t-elle à la hauteur de ce qui a été fait jusqu’à présent ?

lundi 18 mai 2009

DANCE OF THE DEAD


Sorti en DVD le 28 avril 2008



Après des décennies de films de zombies, Romero fait encore des émules et le mort-vivant ne se démode pas. Ce Dance of the Dead ne révolutionnera certainement pas le genre, mais il constitue une sympathique péloche confrontant une bande de teenagers à des zombies bien décidés à s’en mettre plein la panse.
Le deuxième long métrage de Gregg Bishop (après The other Side en 2006) prend le parti de la comédie pour traiter l’invasion d’une petite ville tranquille par une bande de zombies. Et ils ont choisi le bon soir pour sortir, puisque c’est justement la nuit du bal de fin d’année, événement exceptionnel pour tout bon petit étudiant américain. Le scénariste Joe Ballarini se concentre sur les laissés-pour-compte du lycée, qui vont constituer la ligne de défense afin de sauver la ville. C’est ainsi que les têtes du club de sciences vont croiser les rebelles du lycée, et qu’ils vont tenter de mettre à mal l’apocalypse annoncée.


Dance of the Dead est fréquenté par une brochette de jeunes acteurs plutôt bons qui permettent de donner corps à un script finalement très classique. Jared Kusnitz et Greyson Chadwick mènent le film de manière convaincante, et leurs difficultés amoureuses participent à la crédibilité de cette petite comédie horrifique. Le reste du casting est à l’avenant, de la pom-pom girl au givré de service, ce qui permet de suivre agréablement ce récit balisé.
Qui dit film de zombie dit film qui tache, et Gregg Bishop ne lésine pas sur l’hémoglobine. Comme toujours, il faut viser la tête, et la bande de jeunes ne va pas s’en priver, s’armant pour l’occasion de pelles, de serpes et autre battes de base-ball améliorées. Ca charcle donc joyeusement en cette belle nuit de bal, et les smoking et robes de soirées ne restent pas longtemps immaculés. Une atmosphère 80’s pas déplaisante fait parfois surface, et confirme une certaine culture zombiesque de la part du réalisateur, et le tout est plutôt sympa.

vendredi 15 mai 2009

MILLENIUM – LES HOMMES QUI N’AIMAIENT PAS LES FEMMES


Sorti le 13 mai



L’adaptation du premier roman de la trilogie de Stieg Larsson arrive enfin sur les écrans français. Le réalisateur danois Niels Arden Oplev et les scénaristes Nikolaj Arcel et Rasmus Eisterberg optent pour une transposition littérale du livre suédois, et on peut ressentir au début du film l’impression que tout va se dérouler de manière relativement mesurée pour ceux qui ont lu le roman. La présentation des personnages permet de découvrir un Mickael Blomkvist plus vrai que nature, interprété par un Michael Nyqvist intense. Le gros risque consistait évidemment dans la transposition du personnage de Lisbeth Salander, qui est l’une des héroïnes littéraires les plus complexes et captivantes qu’il m’ait été donné de découvrir. Sa personnalité plus que particulière appelait à un développement minutieux et très précis, et le fait de la découvrir en gothique pure et dure est quelque peu déstabilisant au début, car on craint alors de tomber dans un poncif irréversible.


Mais les différentes intrigues commencent à se mettre en place, et les personnages à se découvrir. Et le film prend lentement son rythme, suivant les éléments fondamentaux du livre de Larsson. L’affaire Wennerström pour laquelle Blomkvist est condamné pour diffamation, les problèmes d’argent de Lisbeth, et surtout le récit central, celui du mystère d’Harriet Vanger. Et si l’on craint au départ d’assister à une simple adaptation sans relief, on se rend progressivement compte que l’imbrication de ces différents éléments renforce le film comme ils le faisaient dans le roman. Sans atteindre la qualité exceptionnelle du matériau littéraire, le film parvient à recréer une ambiance lourde et mystérieuse semblant émaner du roman. C’est bien simple, on a vraiment l’impression que les personnages sont sortis du livre pour prendre vie sur grand écran, et c’est une réussite rare et remarquable.

Evidemment on ne coupe pas à certains raccourcis, notamment en ce qui concerne le personnage d’Erika Berger qui est à peine esquissé, mais qui physiquement colle parfaitement au roman. Même constat pour Dragan Armanskij, le patron de Lisbeth, que l’on voit trop furtivement. Mais même si Nils Arden Oplev déroule son récit sur 2h30, il fallait bien faire quelques coupes afin de ne pas se disperser et de maintenir une tension liée à l’intrigue principale. Ainsi, la frustration de voir quelques personnages sacrifiés (pour l’instant) permet à l’ensemble de conserver une cohérence solide et surtout de respecter l’atmosphère si particulière du roman. La mise en scène d’Oplev donne un cadre réaliste et tendu à l’intrigue de Larsson, et parvient à donner aux lieux une dimension tragique très proche du roman. L’île d’Hedestad baigne dans une sorte de calme temporel correspondant parfaitement avec le sentiment de voir un Henrik Vanger figé dans son existence depuis 40 ans.


Mais si des éléments dramatiques sont écartés (notamment la relation entre Mickael et Erika, qui est simplement évoquée avec quelques regards), d'autres sont nettement plus directs. Il s'agit évidemment des problèmes très personnels de Lisbeth, qui donnent lieu à des scènes difficiles, dont une à la limite du supportable. La démarche d'Oplev consistant à faire ressortir de la manière la plus juste possible l'essence même du livre donne un rendu très viscéral à ces scènes, où tout le talent de Noomi Rapace explose littéralement. Les quelques lecteurs qui auraient encore des doutes quant à sa capacité à incarner Lisbeth devraient définitivement changer d'avis... Rapace est littéralement Lisbeth, tout comme Niqvist devient Blomkvist. Et l'alchimie entre les deux semble elle aussi émaner du roman originel...


La relation particulière entre les deux protagonistes principaux peut se lire à plusieurs niveaux; il y a tout d'abord la différence dans les mécanismes d'investigations, Mickael étant adepte de l'enquête à l'ancienne, avec consultations d'archives et observations de photos. Tandis que Lisbeth mise tout sur internet et développe des dons très particuliers pour le hacking, lui permettant de trouver des infos très précieuses de manière illégale. A ce niveau, Oplev parvient à faire ressentir les tensions et les palpitations propres à l'enquête, dans une moindre mesure que le roman, mais de manière tout de même très efficace. Il y a une véritable énergie qui se dégage de ces avancées progressives vers la vérité, et la tension augmente d'autant plus que la menace devient de plus en plus tangible. Ensuite, la relation se transforme d'un coup en quelque chose de plus affectif, et cette évolution bénéficie de la même originalité que dans le roman: le caractère unique de Lisbeth y est pour beaucoup, et permet d'aborder des aspects bien plus profonds qu'une simple amourette. Ceux qui connaissent déjà le personnage s'en doutent...
Millénium est donc une très bonne adaptation habitée par une galerie de personnages véritablement originaux, et qui bénéficie surtout du maintien de l'atmosphère nordique si particulière à ce roman (et à la trilogie), en étant adapté par un Danois et avec des acteurs suédois. Et ça, ça vaut quand même mieux qu'une transposition américaine, non?


NB: petit jeu de piste si vous vous voulez lire mes critiques de la trilogie: dans ma liste de blogs, allez sur Wade Wilson's Archives, et selectionnez Stieg Larsson dans les libellés...

mercredi 13 mai 2009

OPEN WINDOW


Sorti en DVD le 15 avril



Le thème difficile du viol est abordé de manière délicate dans ce premier film de Mia Goldman. Précédemment monteuse (du 2010 de Peter Hyams au Mariage à la Grecque de Joel Zwick), elle a écrit un scénario pudique et réaliste qui traite de ce sujet sans tomber dans le pathos ni le misérabilisme. On suit alors le charmant couple formé par Izzy et Peter (Robin Tunney et Joel Edgerton) dont la vie insouciante va être remise en question par l’agression d’Izzy. Dès lors, c’est le processus de survie qui va entrer en jeu, avec ses fuites et ses destructions.
L’écriture du film va balayer les différents stades psychologiques par lesquels va obligatoirement passer Izzy (le déni, la colère, le marchandage, la dépression et enfin l’acceptation) sans insister sur le caractère traumatisant de ce qu’elle a vécu. Tout se déroule dans une apparence calme, parfois traversée par une crise, mais on n’est pas ici dans le registre de la surenchère, et c’est tant mieux. Mia Goldman met sa réalisation au diapason de ce qu’elle a écrit, préférant les silences significatifs aux verbiages inutiles. En ce sens, Open Window réussit à intéresser le spectateur à un sujet pas forcément très attirant.

Le talent de Robin Tunney y est évidemment pour beaucoup ; celle que l’on avait pu croiser à l’époque dans le plaisir coupable Dangereuse Alliance, puis en copine de Lincoln Burrows dans Prison Break, a probablement été repérée par Mia Goldman avec Espion mais pas trop d’Andrew Fleming, sur lequel elle officiait en tant que monteuse. Un choix judicieux pour ce rôle plus que délicat, auquel elle apporte force et subtilité, permettant ainsi de développer l’émotion sans tomber dans l’outrance.
Le rôle de Peter n’est pas évident, mais Joel Edgerton s’en tire plutôt bien, tout en soutien silencieux et impuissance frustrante. Une place très difficile pour lui, qui voit la femme de sa vie souffrir et prendre de la distance malgré ses efforts. Open Window traite des blessures profondes et silencieuses et des tentatives afin de les surmonter, et les qualités psychologiques du métrage sont évidentes. Après, on peut toujours regretter le caractère trop linéaire du film, qui suit les étapes sans surprise, mais la justesse du traitement permet de suivre le récit d’Izzy et Peter avec intérêt, et on se prend à espérer que cette tragédie puisse être surmontée…
Un beau film, certes pas facile, mais qui mérite d’être vu pour sa sincérité sur un sujet rarement traité. Et en plus, Elliott Gould joue le rôle du père d’Izzy…

lundi 11 mai 2009

LES DISPARUS


Sorti en DVD le 5 mai


Après une petite carrière d’acteur entamée il y a une dizaine d’années, Paco Cabezas a décidé d’écrire et de réaliser son premier film avec Les Disparus (Aparecidos dans la langue de Goya). Il va pour cela poursuivre la tradition en écrivant un film de fantômes où le poids du passé aura une influence majeure sur les protagonistes. On se souvient du surévalué L’Orphelinat qui était d’une grande beauté graphique, mais dont le récit était sans originalité. On pense évidemment aux œuvres de Balaguero comme les atmosphériques Darkness et Fragile. Mais l’une des œuvres majeures traitant du thème du fantôme avec une sensibilité ibérique est sans conteste le Spectre de Mateo Gil, segment des fameuses Peliculas para no dormir (Scary Stories en Français, pas terrible…). Cet épisode est d’une beauté fulgurante, tant au niveau de la mise en scène totalement aboutie que du récit tragique livrant des émotions subtiles et profondes… Si vous ne devez en voir qu’un…
Les Disparus, quant à lui, suit un frère et une sœur qui se rendent en Argentine afin de régler la succession de leur père mourant. Lorsque Paco trouve un vieux journal dans la voiture de son père, il va y découvrir un récit morbide et sanglant. En le prenant comme un jeu, il va tenter de trouver le vieil hôtel qui y est mentionné, et lorsqu’il va y passer la nuit avec sa sœur, ils vont tous deux se rendre compte que le passé a tendance à se reproduire…


Pour son premier long, Paco Cabezas instaure un climat tendu et une atmosphère angoissante avec un sens certain de la mise en scène. On suit la plongée de Paco et Malena dans cet univers étrange avec un sentiment d’angoisse constant, et les qualités de Javier Pereira et Ruth Diaz permettent de créer des personnages crédibles et originaux. Le lien frère-sœur rappelle évidemment le premier Jeepers Creepers, et il est plus que probable que Cabezas s’en soit inspiré, la poursuite en voiture rappelant le côté Duel du film de Victor Salva. Mais ces emprunts s’intègrent naturellement dans le récit qui va obliger les deux jeunes gens à se confronter à un mal ancien qui ne les lâchera pas. Les deux points de vue antagonistes (le frère idéaliste qui veut aider les victimes, et la sœur pragmatique qui pense que l’on ne peut pas changer le passé) sont traités avec respect et permettent de ne pas avoir une vision trop didactique. Evidemment, le petit frère aura envie d’aller plus loin et de découvrir tout ce qui s’est réellement passé, et il va ressentir le besoin de mettre un terme à cette malédiction, en entraînant progressivement sa sœur réticente dans cette sombre aventure.
S’il n’évite pas quelques raccourcis scénaristiques (le garagiste qui lui indique un lieu-clé et qui lui permet d’en apprendre davantage sur l’événement de l’hôtel), Les Disparus démontre encore une fois la vivacité du cinéma ibérique actuel, et on ne peut que souhaiter à Cabezas qu’il suive les traces de Balaguero, Plaza et les autres…

lundi 4 mai 2009

GHOST GAME



Sorti en DVD le 21 avril


L’intrusion de la télé-réalité dans le cinéma pourrait être un concept à part entière, la multiplication des œuvres basées sur ce principe étant un fait avéré. On peut citer Halloween Résurection en 2002, le 8ème volet de la série (mais le 7ème mettant en scène le fameux boogeyman…), qui voyait une bande de jeunes passer une nuit dans la jolie petite maison abandonnée de Michael pour gagner un max de pognon, le tout filmé par des caméras planquées dans la bicoque. Loana et ses potes nageurs ont aussi fait des émules dans le film d’action, avec le sympathique Les Condamnés (2007) mené par le plutôt cool Stone Cold Steve Austin, où une bande de repris de justice doit s’entretuer sur une île jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un survivant. Bien avant, il y avait aussi Jim Carrey pris dans The Truman Show (1998). Bref, ça date pas d’hier, et aujourd’hui (en fait, le film date de 2006), c’est au tour du cinéma thaïlandais d’y aller de sa variation, en l’intégrant dans une ghost story, spécialité locale s’il en est.


Ghost Game est le premier film du réalisateur Sarawut Wichiensarn, qui propose une plongée dans le passé avec l’incursion de 11 participants dans un ancien camp militaire perdu au milieu de nulle part, où les pires exactions avaient été commises sur les prisonniers. C’est dans une ambiance lourde que les candidats débarquent dans le camp 17, où ils vont devoir prouver leur courage en résistant aux forces mystérieuses émanant de ce lieu maudit.
Le point de départ est plutôt tentant, avec cette dualité entre une époque lointaine faite de torture et de mutilation, et une vision contemporaine centrée sur le spectaculaire et le sensationnel. Ca commence plutôt bien, avec quelques fausses frayeurs comme il y en a dans toute série B conventionnelle, puis les choses sérieuses commencent. Les apparitions se font de manière efficace, d’autant plus que l’atmosphère macabre des lieux s’y prête généreusement. La réalisation de Wichiensarn est classique, mais l’histoire avance tranquillement par petites touches horrifiques.


Puis les visions morbides se font de plus en plus rares, et le film dévie lentement vers le film de couloir classique, perdant peu à peu le crédit horrifique qu’il avait su maintenir jusqu’à présent. Ghost Game se met à tourner en rond, et tente de se raccrocher à une trame reliant passé et présent sans véritablement convaincre. On assiste alors à des courses dans les sous-sols glauques et dans la forêt avoisinante, sans qu’il se passe finalement grand-chose. C’est bien dommage au vu du démarrage réussi, même si le script tient dès le départ sur une mince feuille de papier.
Les personnages ne possèdent pas de caractéristiques fortes permettant de s’attacher à eux, et le film y perd aussi en intérêt. Les enjeux se diluent peu à peu, et le dernier tiers du film se regarde de manière détachée, et c’est vraiment dommage. Pour une fois qu’un film thaïlandais parvient jusqu’à chez nous, on ne peut pas dire que ce soit le meilleur de la production actuelle.

vendredi 1 mai 2009

X-MEN ORIGINS : WOLVERINE



sorti le 29 avril


Les images furtives que l’on avait pu voir dans X-Men 2 concernant le projet Weapon X avaient de quoi mettre l’eau à la bouche, en parvenant à créer une dimension mythologique à cette période de la vie de Wolverine. Il s’agissait simplement de la genèse du héros, de la création tortueuse et douloureuse de celui qui allait être amené à devenir un des X-Man au potentiel le plus riche. Le comics L’Arme X signé Barry Windsor-Smith mettait bien l’accent sur le retour à la bestialité, sur les souffrances extrêmes vécues par Logan lors de sa « reconstruction », et sur l’aspect résolument pessimiste qui ressortait à la fois d’une histoire puisant son inspiration dans les tragédies grecques et d’un style graphique aux tonalités volontairement ternes. La conjonction de ces deux aspects donnait naissance à une œuvre forte qui se nourrissait intelligemment de l’attente des lecteurs et leur offrait enfin des révélations sur les origines de Logan.
La volonté actuelle du cinéma américain de se tourner vers le prequel est à la fois excitant et dangereux ; excitant dans le sens où on nous promet la visualisation d’une période mystérieuse que l’on ne peut que fantasmer ; dangereux car la matérialisation de cette période va être une fois pour toute gravée, et qu’elle risque d’effacer l’aspect onirique et mythique qui pouvait s’en dégager. Découvrir la jeunesse d’Hannibal Lecter annihile l’aura mystérieuse du personnage, et ne constitue pas forcément une étape indispensable dans la série. Dévoiler les origines de Michael Myers prend aux tripes, et accentue l’aura mythique du boogeyman en lui conférant une dimension tragique qui n’existait pas dans la première série. Tout dépend donc du point de vue et du respect des personnages, et du talent des artistes décidant de faire découvrir leurs origines.


En ce qui concerne Wolverine, l’évocation de Weapon X est forcément réductrice par rapport aux comics et aux attentes suscitées par des décennies de mystère. Cinématographiquement, les producteurs ont quand même attendu 3 films avant de traiter ce thème frontalement, et cette retenue n’était pas forcément un mauvais choix, toujours d’un point de vue symbolique. Aujourd’hui, le fait de révéler de manière frontale la création de Wolverine est forcément décevante, puisqu’elle est visuellement beaucoup plus pauvre que ce que le spectateur pouvait fantasmer. L’aspect résolument dramatique qui se dégageait des scènes concernées dans X-Men 2 possédait un potentiel beaucoup plus fort que ce X-Men Origins : Wolverine. Là où la trilogie X-Men s’intéressait d’abord à la psychologie des personnages et où leurs pouvoirs étaient une extrapolation de ces psychés (même dans le 3, j’ose le dire !), ce X-Men Origins : Wolverine fait basculer le point de vue en privilégiant l’action à la psychologie. Un choix commercial qui peut se voir aussi comme la preuve d’une peur à l’idée de ne pas être à la hauteur…Il est donc dommage que les personnalités des protagonistes, à commencer par Wolvie lui-même, soient traitées avec si peu d’enjeux dramatiques. Les événements se suivent de manière automatique, et répondent davantage à l’appel du sensationnel que de l’émotionnel . Le Logan du film est nettement moins intéressant que celui de la trilogie X-Men, et Hugh Jackman doit se dépêtrer avec un scénario qui ne l'avantage pas.


Si l'on évalue ce film à l’aune de ses 3 prédécesseurs, il ressort donc perdant d’un point de vue dramatique. Alors qu’en reste-t-il ? En fait pas grand-chose, car passée la satisfaction d’avoir pu découvrir une galerie de personnages connus (Gambit, un Cyclope adolescent, Dents de Sabre…), on se rend compte que l’ensemble manque cruellement de cohérence, et que les scènes d’action ne sont pas aussi spectaculaires que le laissait présager la bande-annonce. Pourtant, Liev Schreiber en Dents de Sabre, le choix est plutôt bon. Mais qu’en est-il du personnage le plus important du film ?


Et bien le traitement infligé à Deadpool à de quoi surprendre. Ryan Reynolds se glisse dans la peau de Wade Wilson avec une certaine aisance, et le fait de le voir très peu dans le métrage permet de créer un effet d’attente plutôt bienvenu. Reynolds balance des vannes et joue de la lame avec aisance, et même si l’on n’est pas encore dans le registre du comics déjanté, on sent la filiation et le potentiel du personnage. Le traitement causé par le programme Weapon X sur Wade est vraiment surprenant, et pourra rebuter les fans. Mais là encore, il faut le voir comme les prémices d’une histoire torturée et ravagée, et comme une introduction pour un personnage appelé à évoluer dans un autre film… Nous sommes alors en face d’un Wade qui n’est pas encore devenu Deadpool, et le fait de ne pas traiter à la va-vite cette transformation est surprenante et bénéfique. Surprenante dans le sens où X-Men Origins : Wolverine réduit considérablement la mythologie du personnage principal mais qu’elle conserve tout le potentiel de Wade; et bénéfique, car l’aura de Wade reste mystérieuse et offre de très nombreuses possibilités.
X-Men Origins : Wolverine est donc un film décevant, mais Deadpool est prometteur. Les libertés prises par les scénaristes sont étonnantes, mais vont pourtant dans le sens d’un personnage détruit et ravagé, qui explosera un jour dans son propre film… Je croise tous mes doigts…