mercredi 30 septembre 2009

PANDORUM



Sorti le 30 septembre




Deux astronautes se réveillent dans un vaisseau à l’abandon sans le moindre souvenir de leur mission. Voilà pour le point de départ de ce film de SF bien intriguant et plutôt bien mené par un Christian Alvart dont la mise en scène nerveuse et tendue permet à Pandorum d’obtenir un statut de série B efficace.
Si personne ne vous entend crier dans l’espace, il y a bien souvent des raisons de hurler. Pandorum n’échappe pas à cette sacro-sainte règle dramatique, et Christian Alvart revisite quelques fondements de la SF en leur appliquant un traitement à la fois moderne et en respectant quelques aspects bien old school. On n’échappera donc pas à quelques citations du séminal Alien, mais d’autres références surgissent également, notamment celles renvoyant à Event Horizon : le Vaisseau de l’Au-delà, très bon film de SF signé Paul W.S. Anderson, qui agit ici en tant que producteur. Une sorte d’unité d’univers qu’Alvart partage également avec le scénariste Travis Milloy, et qui permet à Pandorum de développer une véritable atmosphère anxiogène. Le lieutenant Payton (Dennis Quaid) et le caporal Bower (Ben Foster) vont se lancer dans l’exploration de l’immense vaisseau abritant des dangers bien plus effroyables que ce qu’ils auraient pu craindre…


Le travail sur la lumière effectué par Wedigo von Schultzendorff rend parfaitement justice au script haletant en donnant une consistance rugueuse et diffuse aux événements, créant une atmosphère étrange et très inquiétante. L’exploration de l’engin spatial est source d’une tension constante plutôt bien gérée par le réalisateur allemand, qui exploite intelligemment la menace sans la surexposer. Et c’est en cela aussi que l’on revient à une conception de l’horreur old school, lorsque le travail suggestif était tout aussi important que les apparitions monstrueuses. Alvart l’a bien compris et joue avec les nerfs des spectateurs en créant un effet d’attente bien stressant. Et lorsqu’il nous dévoile la menace, cette vision va encore accentuer l’angoisse du spectateur pour la suite des événements.


Il y a un petit côté rétro caractérisant parfois le récit, ce qui peut le rendre un peu bancal (le personnage du black renvoyant à des stéréotypes 80’s éculés), mais qui peut également lui donner un cachet particulier faisant de ce mélange des genres une marque de fabrique plutôt sympathique (les combats à l’arme blanche bien référentiels). Dans ce mix fun et stressant, Dennis Quaid et Ben Foster croisent la route de la belle et talentueuse Antje Traue, dont le personnage pourrait s’apparenter à celui de Rhona Mitra dans le jouissif Doomsday.
Les effets gores sont très réussis, et le réalisateur s’offre quelques scènes sanglantes bien crades. Il se permet même une vision très gigerienne au sein du réacteur du vaisseau, je ne vous en dirais pas plus mais l’effet est saisissant.
Pandorum est une petite série B à l’efficacité certaine, offrant une relecture personnelle du film d’horreur en apesanteur. Il est assez réussi pour ne pas se laisser enfermer dans les pièges référentiels, et l’atmosphère stressante qui s’en dégage est un signe de qualité indéniable.

lundi 28 septembre 2009

PREDICTIONS



Sorti en DVD le 23 septembre




Alex Proyas aux commandes d’un blockbuster, ça donnait déjà un I, Robot qui n’abandonnait pas l’aspect artistique au profit de la rentabilité du produit. Avec Prédictions, le réalisateur poursuit dans cette veine en mettant en scène un récit grand public qu’il agrémente de visions personnelles et particulièrement réussies, faisant de ce film une œuvre au déroulement faussement classique, et aux ambitions plus importantes qu’un film estival standard.

Le gros point qui m’avait fait hésiter à la sortie de ce film est la présence de Nicolas Cage, que je trouve plutôt terne. Bon, passée cette déception, le film fonctionne quand même très bien, principalement grâce à la vision si particulière de Proyas qui est quand même l’homme derrière The Crow et Dark City, preuves de ses qualités esthétiques. Avec Prédictions, il se laisse aller au bon vieux fantasme du cinéaste de science-fiction, à savoir la destruction massive chère à Michael Bay et Roland Emmerich. Et le script du film lui donne toute latitude pour créer des séquences véritablement bluffantes, notamment la première catastrophe qui est carrément géniale. D’un réalisme hallucinant et d’une émotion incroyable, cette scène est le morceau de bravoure du film et convaincra les plus récalcitrants à plonger dans l’action. Ce plan-séquence est de toute beauté, et sa mise en scène immerge totalement le spectateur qui en ressort très secoué.

Si le scénario s’appuie sur une trame apparemment basique (l’homme qui a compris qu’un terrible événement va se produire mais que personne ne croit), le traitement appliqué par Proyas confère au film une atmosphère mêlant le spectaculaire à l’intimiste, et c’est dans cet équilibre que Prédictions parvient à gagner en densité. Les rapports entre le père et son fils fonctionnent plutôt bien tandis que des catastrophes d’envergure menacent d’éclater. Le principe de lier l’histoire d’une poignée d’êtres humains face à un péril mondial est monnaie courante chez Emmerich, mais fonctionne bien mieux ici grâce à une mise en scène beaucoup plus précise et captivante.


L’un des scénaristes doit être fan de comics, parce que la finalité du récit s’apparente étrangement aux arcs Communion et Révélations parus en 2003 et 2004 dans la série du Silver Surfer. Mêmes thématiques, mêmes visions étranges… D’ailleurs Proyas n’est-il pas pressenti pour mettre en chantier un film basé sur le célèbre extraterreste scintillant ? Sous le regard d’Alex Proyas, le changement de média se fait de manière très fluide et convaincante, alors que les révélations du film auraient pu sombrer dans le grotesque.
En utilisant des ficelles classiques du cinéma d’anticipation et en les mêlant à sa manière si particulière, Proyas réussit à rendre captivant ce qui dans les mains d’un autre n’aurait été au mieux qu’un spectacle divertissant. Comme quoi, un bon gros blockbuster n’est pas forcément indigeste…

samedi 26 septembre 2009

DEMINEURS



Sorti le 23 septembre



Kathryn Bigelow revient en très grande forme avec cette évocation âpre et réaliste de la guerre en Irak. En suivant une unité spécialisée dans le désamorçage d’engins explosifs, elle choisit de montrer ce qui se passe en-dehors des affrontements armés, évoquant les atrocités prenant place dans l’ombre de la guerre. Les missions de James, Sanborn et Eldrige consistent à nettoyer la ville truffée de bombes, et Bigelow colle au plus près de ces hommes afin d’immerger totalement le spectateur dans des scènes où l’aspect réaliste l’emporte sur le spectaculaire, mais qui en sont d’autant plus captivantes.


Démineurs évite toute forme visuelle ébouriffante au profit d’une mise en scène intelligente capable de créer des différences de tension avec une grande précision. Bigelow choisit de montrer de manière brute le quotidien de ces hommes risquant leur vie à chaque instant, et les filme au plus près sans aucun jugement. Démineurs est une œuvre très précise dans sa construction, la mise en scène se reposant sur un script détaillé signé par Bigelow et Mark Boal, ce dernier étant un journaliste ayant couvert le conflit irakien.
Au-delà des horreurs de la guerre, c’est à une étude de l’être humain que se livre Bigelow, le conflit ayant des répercussions différentes selon les individus. Le sergent James, interprété avec beaucoup de talent par Jeremy Renner, est une tête brulée prêt à prendre tous les risques ; le sergent Sanborn (Anthony Mackie) est plus mesuré et cherche à régler les problèmes avec le plus de précautions possible. Et Eldrige (Brian Geraghty) a lui du mal à supporter l’idée qu’il puisse mourir. Trois points de vues différents qui vont coexister au sein de cette unité, et vont mettre en exergue les peurs profondes de ces hommes.


Démineurs joue dans la même catégorie que le Jarhead de Sam Mendes, offrant une vision de la guerre emplie de désillusion et de frustration. En jouant davantage sur les actes que sur les mots, la réalisatrice démontre comment cette guerre s’insinue dans les esprits afin de les ravager de l’intérieur, et comment elle crée une peur qui se terre tout au fond de l’être. Cette vision désabusée est empreinte d’un réalisme visuel très élaboré, notamment au niveau de la photographie signée Barry Ackroyd, qui avait notamment œuvré sur le Vol 93 de Paul Greengrass. Un atout évident pour Bigelow dans sa vision proche du documentaire, où la caméra à l’épaule n’enlève en rien à la lisibilité des scènes.
Ce film est traversé par une tension constante, évoluant au fil des scènes, enflant ou se tapissant dans un recoin avant de ressurgir de manière insidieuse. Bigelow filme la mort en mouvement, tandis que ces trois soldats essaient de survivre et de sauver d’autres vies. La scène du sniper en plein désert est à ce titre un modèle de tension et de réalisme.
Démineurs est une œuvre très réussie, où la beauté de l’enfer s’accompagne d’une évocation très réaliste de la mort.

jeudi 24 septembre 2009

BOY A



Sorti en DVD le 23 septembre



Deuxième film du réalisateur John Crowley (après le policier Intermission avec Colin Farrell en 2003), Boy A étonne par sa maturité et son sens exceptionnel de la dramaturgie. Inspiré du roman Jeux d’Enfants de Jonathan Trigell, ce film suit le parcours de Jack Burridge, un jeune homme tout juste sorti de prison et qui va tenter de se réinsérer dans la société. Un point de départ à priori banal, mais qui va être transcendé par un traitement d’une rare subtilité.


Le cinéma anglais a pour habitude de mener le spectateur dans ses pâles banlieues où errent des individus désoeuvrés, mais Boy A s’éloigne de tout schématisme pour aller bien plus loin qu’un drame social. Dès ses premiers plans, il va suivre le récit de ce jeune homme fraîchement libéré en parvenant à capter l’essentiel même des multiples sentiments qu’il ressent. Avec une économie visuelle et verbale qui n’appauvrit aucunement le récit, bien au contraire, John Crowley va raconter un récit poignant et tragique, qu’il va également teinter d’espoir. Toute la force du film tient dans ces émotions jaillissant de manière délicate et discrète, rendues crédibles par un scénario exemplaire signé Mark O’Rowe (déjà sur l’Intermission de Crowley). C’est simple, tout découle avec un naturel confondant, et le film avance par touches à la fois subtiles et puissantes.


L’interprétation d’Andrew Garfield est simplement saisissante, donnant corps à Jack en nuançant ses émotions d’une manière véritablement étonnante. Il ne verse à aucun moment dans le pathos, mais livre une composition faite de fragilité et d’espoir qui fait de Jack un personnage d’une richesse rare. Peter Mullan lui donne la réplique avec une retenue et une émotion correspondant parfaitement au ton si particulier du film.
Boy A est tout simplement l’un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir, et même s’il n’évite pas quelques facilités à la fin, il reste une œuvre fascinante sur la culpabilité et la rédemption. Passant d’une époque à l’autre, on navigue entre le présent et les souvenirs tragiques qui hanteront Jack toute sa vie. Le film va lever peu à peu le voile sur les personnages, et sur l’événement initial ayant conduit Jack en prison. Sa relation avec la fille qu’il rencontre bénéficie de la même qualité émotionnelle, et ce film est tout simplement d’une rare beauté, provoquant des émotions que très peu de films sont capables atteindre.

mercredi 23 septembre 2009

ALTERED, LES SURVIVANTS


Sorti en DVD le 23 septembre


Tout comme Daniel Myrick avec Solstice, Eduardo Sanchez poursuit sa carrière en solo après le succès du Projet Blair Witch en 1999. Sorti en 2006 aux Etas-Unis, ce Altered arrive aujourd’hui en DVD en France, l’occasion de voir si Sanchez s’en sort aussi bien tout seul dans un registre sensiblement différent.
Il est question ici d’extraterrestres, et le film démarre sur 3 hommes partis en chasse nocturne et ramenant le gibier qu’ils cherchaient. Il y a 15 ans, ces hommes se faisaient enlever par des extraterrestres, et ils ont aujourd’hui l’occasion de prendre leur revanche… L’originalité du sujet réside dans sa localisation, puisqu’on assiste à un huis clos dont la majeure partie va se dérouler dans le garage du personnage principal. Après avoir ramené l’extraterrestre dans le local, les ravisseurs hésitent sur la marche à suivre… Mais même ligoté, l’ET reste très dangereux, et quand il va s’échapper, le carnage va être encore plus violent…


Sur le papier, Altered a de quoi séduire avec son unité de lieu et l’entrée en matière très rapide alliant suspense et nervosité. En opérant une inversion sur les abductions (l’alien étant cette fois-ci la victime), les scénaristes Jamie Nash et Sanchez créent un suspense solide puisqu’on ne connaît pas le risque que représente l’extraterrestre. Le fait de montrer les humains comme les tortionnaires tend à créer une certaine sympathie pour l’alien, sympathie qui va pourtant rapidement disparaître. La menace est lourde, et la réalisation de Sanchez fait plutôt bien passer cette impression en accentuant l’impression d’enfermement.


Mais si le point de départ est excitant, il faut reconnaître que le film ne tient pas la longueur, la faute à un script qui aurait davantage gagné à être traité en moyen métrage. C’est notamment dans l’interaction des personnages et dans leur évolution psychologique que réside le plus gros problème, les réactions de certains étant parfois grossières et irréalistes. Le film perd peu à peu en intensité, tandis que la mise en scène respecte le genre en jouant avec la temporalité des séquences pour augmenter l’angoisse. La scène de la recherche dans le noir est ainsi bien faite, mais est contrebalancée par une dramaturgie faiblarde. Par contre, les effets visuels sont réussis, notamment lors de l’infection d’un personnage qui donne lieu à des plans bien dégueulasses. La créature est elle aussi bien dessinée, et semble légèrement inspirée d’un certain Venom cher à ce bon vieux Spidey !
En prenant appui sur une intrigue que n’auraient pas reniés les scénaristes d’ Aux Frontières du Réel, Eduardo Sanchez tente de redonner un coup de neuf à un genre qui semble s’être arrêté avec le show de Chris Carter. Et si certaines idées sont vraiment bonnes, le traitement scénaristique n’est pas assez poussé pour convaincre…

dimanche 20 septembre 2009

HUNG SAISON 1



Inédit



La série qui m’a réconcilié avec Thomas Jane ! Un acteur que je trouvais très fade, dans l’adaptation foireuse du Punisher par Jonathan Hensleigh, mais aussi dans l’adaptation foireuse de Stephen King que constitue The Mist. Et là, il explose enfin !


Hung raconte l’aventure peu ordinaire de Ray, un type de 40 ans pas trop épargné par la vie, qui se retrouve dans une situation très précaire où le besoin d’argent se fait pressant. Et par le jeu des circonstances, il va se rendre compte qu’il possède un petit truc en plus qui pourrait bien l’aider à sortir de ce marasme total : sa bite! Comme le dit le titre, Ray est plutôt bien monté, et il va en tirer avantage en vendant ses services comme gigolo. De prime abord, on pourrait s’attendre à un récit glauque ou putassier, mais il n’en est rien, et Hung constitue une excellente surprise de la part d’HBO (encore une fois). L’humour y est très présent ainsi qu’une bonne dose d’humanité, et on suit les aventures de Ray au pays des fantasmes avec tout ce que ça comporte comme doutes, surprises et sexe.


Hung est une série dynamique traversée par des personnages drôles et très bien écrits, donnant évidemment envie au spectateur d’en savoir plus sur ce qui va suivre. Thomas Jane est génial dans le rôle de ce laissé-pour-compte qui va retrouver une certaine fierté (et de l’argent), mais qui va se retrouver également dans des situations parfois grotesques et absurdes. Le personnage de Tanya, joué par Jane Adams, est l’archétype de la fille coincée qui va trouver là l’occasion de se lancer dans le commerce, puisqu’elle va devenir la maquerelle de Ray ! Leur relation très spéciale vaut le détour…
Hung est une comédie jouant avec beaucoup de subtilité sur les errances de la nature humaine et sur les notions fluctuantes de la morale et du business. On s’attache rapidement à ces personnages, que l’on suit sans les juger, mais avec le plaisir coupable de voir jusqu’où ils vont aller. Cette première saison est très riche, et développe des intrigues secondaires intéressantes qui devraient vous motiver pour la saison 2 ! Dans le genre, c’est quand même autre chose que Sex and the City

samedi 19 septembre 2009

PUNISHER 14: LA RESURRECTION DE MA GNUCCI



Sorti le 16 septembre




Valley Forge, Valley Forge clôturait le très long run de Garth Ennis sur la série du Punisher. Mais voilà qu’une toute dernière histoire surgit encore, qui voit le justicier solitaire face au retour de la terrible Ma Gnucci, qu’il avait pourtant liquidée 6 ans auparavant. Cette mini-série estampillée Punisher War Zone renoue avec l’esprit de la collection 100%, qui avait permis en 2000 à Ennis de reprendre la destinée de Frank Castle, avec l’aide de son compère Steve Dillon au dessin, qui rempile également pour cette dernière aventure.
On se retrouve donc devant une histoire moins sombre et glauque que celles habituellement publiées dans la collection Max, et il est vrai que ce volume dépareille un peu par rapport aux autres. Mais le succès de cette collection a probablement poussé Panini à sortir un ultime volume dans ce label réputé pour ses qualités narratives et graphiques. Bon, niveau graphique, c’est du Dillon, donc il faut aimer les visages étranges et systématiquement identiques depuis Preacher… On est loin de la minutie d’un Goran Parlov ou d’un Lan Medina. Mais bon, Ennis a choisi Dillon, faut faire avec…


L’histoire se rapproche donc davantage d’un 100% et n’est évidemment pas aussi poussée qu’un Max habituel. Mais elle se laisse lire tranquillement, offrant son lot de situations absurdes et de personnages détraqués. Evidemment, on ne peut s’empêcher de se rappeler les mini-séries Au Commencement, Les Négriers ou l’énorme Barracuda. Sans atteindre les qualités des albums précédents, cette Résurrection de Ma Gnucci boucle efficacement le cycle entamé il y a 9 ans par le duo.
Pour la petite histoire, Ma Gnucci revient d’entre les morts pour se venger du Punisher, et Castle se retrouve avec tous les gangs de ritals à ses trousses, ce qui donnera évidemment lieu à quelques règlements de compte bien sanglants, au milieu desquels sont impliqués un larbin mafieux et une inspectrice sexy, le tout emballé avec du rythme et de l’humour. Un dernier volume sympathique, même s’il n’arrive pas à la cheville de ses prédécesseurs.

mercredi 16 septembre 2009

DISTRICT 9



Sorti le 16 septembre



La frontière entre le jeu vidéo et le cinéma est devenue de plus en plus poreuse ces dernières années, et District 9 sera sans aucun doute un film précurseur dans une nouvelle optique de penser le médium cinématographique. Alors que leur projet d’adaptation est tombé Halo, Neill Blomkamp et son producteur Peter Jackson ont décidé de partir du très bon court métrage Alive in Joburg et de le développer sur 1h50.


Les qualités visuelles du film sont évidentes : caméra à l’épaule pour une immersion plus réaliste, effets spéciaux s’intégrant à merveille dans les prises de vues réelles, design très élaboré des aliens. Mais si l’enveloppe est de toute beauté, elle ne tient pas longtemps face à la simplicité très prononcée du scénario, qui ne s’embarrasse d’aucune subtilité et encore moins de psychologie. Dans cet environnement très réaliste rappelant évidemment l’inhumanité de l’apartheid (l'histoire prend place à Johannesburg), le personnage de Wikus Van De Merwe, petit employé d’une agence de surveillance des extraterrestres, va se retrouver pris entre deux feux alors qu’il tentait de déloger les aliens retenus dans un camp. Et le plus gros problème du film vient de ce personnage naïf et terriblement gonflant, qui va devoir ouvrir les yeux sur les exactions commises par le MNU et qui va s’apercevoir que les aliens sont aussi des êtres humains… Un beau message humaniste distillé avec très peu de tact, et on peut largement préférer à ce District 9 le très bon Futur immédiat Los Angeles 1991, qui date de 1989 et qui est nettement plus nuancé et subtil.


District 9 est symbolique de cette tendance à privilégier la forme au fond, et le résultat est un film visuellement abouti mais manquant cruellement d’intérêt. La bande-annonce était d’une rare puissance, laquelle ne se retrouve à aucun moment dans le film. District 9 est un film-jeu vidéo, offrant au spectateur une plongée en milieu de gamer mais sans lui accorder les commandes. Ce qui est plutôt frustrant pour un jeu vidéo… En fait, le seul intérêt du film est de donner envie de prendre les manettes et de se défouler, alors qu’il ne parvient pas à satisfaire par sa composition trop superficielle. Et pourtant, les SFX de Weta Workshop sont vraiment bons ! Mais l’âme d’une œuvre réussie ne réside pas simplement dans son aspect visuel…
Le MNU, qui est l’organisme gouvernemental chargé de contrôler la population extraterrestre, est un rouage politique et poursuit bien sûr des buts plus lucratifs que sociaux. Evidemment, ça fait penser à la quasi-totalité des films d’anticipation, et District 9 n’appose à cette figure du Mal aucun traitement lucide qui éviterait non pas le manichéisme, mais l’impression que tout cela manque relativement de profondeur. Du coup, on décroche assez rapidement de cette histoire à la trame trop classique, qui ne sert qu’à démontrer les talents agissant au sein de la société Weta Workshop.

dimanche 13 septembre 2009

HARPER’S ISLAND



Inédit


Les fans d’Agatha Christie et du Colonel Moutarde devraient apprécier cette série qui décline le thème du tueur mystérieux tout au long de 13 épisodes s’avérant très addictifs ! Créé par Ari Schlossberg, ce show d’une seule saison diffusé entre avril et juillet sur CBS suit 25 personnes conviées à un mariage se déroulant sur une petite île au large de Seattle. Ce lieu isolé a été le théâtre d’une vague de meurtres 7 ans auparavant, commis par un dénommé John Wakefield. Et toute la joyeuse bande va se retrouver pour des festivités bien plus sanglantes que prévues…


L’avantage du support télévisuel dans ce genre d’histoire est qu’il permet de développer tranquillement les personnages et le récit, là où un film prend maximum 2 heures pour traiter le sujet. Ici, on est clairement dans la continuité d’un Scream ou d’un Souviens-toi l’Eté dernier, avec le jeu de massacre auquel se livre le tueur et les personnages jeunes et branchés. Et si l’on s’en tient à ce point de départ, on se dit que le projet manque tout de même d’originalité. Mais le fait d’avoir 13 épisodes de 40 minutes pour raconter cette histoire permet d’apprendre peu à peu à connaître les personnages et à les apprécier. Evidemment, ils sont très clairement définis au départ, l’héroïne étant une jeune femme discrète dont la mère a été tuée par Wakefield lors du massacre ; il y a les jeunes accros à la bière, les bimbos, le gothique, le black de service… Mais ce qui semble superficiel au départ va progressivement évoluer avec les événements, les réactions de chacun permettant de découvrir vraiment la nature des personnages.


Les scénaristes prennent très à cœur la psychologie des protagonistes, en écrivant des scènes intimistes où les personnages expriment leurs ressentis face au massacre qui a lieu. Dans ce registre, la relation entre l’héroïne Abby Mills (Elaine Cassidy)et Jimmy Mance (C. J. Thomason) est très touchante et crédible. Pareil pour le couple qui apparaît vraiment comme le plus superficiel au début, Chloé et Cal, que l'on découvre peu à peu comme vraiment drôle et original. Et si certains personnages sont quand même sacrifiés au niveau de l’écriture, c’est un réel plaisir de suivre les aventures de tout ce beau monde au fil des épisodes, surtout que les événements s’enchaînent à toute allure.
Les meurtres sont effectivement très nombreux et bénéficient de quelques outils bien utilisés dans la bonne vieille tradition du slasher. On aura ainsi droit à des dépeçages, harponnages et autres immolations qui verront le nombre d’invités se réduire très rapidement, et le nombre de suspects potentiels se resserrer aussi. Le script déroule intelligemment son lot de fausses pistes et de révélations, et le climat de paranoïa va rapidement s’installer, laissant les vieux secrets et les rancoeurs ressurgir. Le poids du passé est présent pour plusieurs personnages, notamment pour Abby, dont le père est shérif sur l’île et qu’elle n’avait pas revu depuis la mort de sa mère 7 ans auparavant.


En travaillant cette atmosphère insulaire où le passé et le présent semblent se rejoindre, les scénaristes et les réalisateurs permettent à Harper’s Island d’évoluer dans un lieu riche et varié, puisque les personnages gravitent de l’hôtel jusqu’au bar du coin, la vieille église, la marina ou encore le poste de police. On se croirait parfois dans le jeu vidéo Silent Hill, les monstres en moins évidemment, et cette référence vidéoludique ne semble pas fortuite… Chaque lieu possède sa force symbolique et participe à la création de cette ambiance où le suspense se mêle à l’horreur. En plaçant ses personnages très bien écrits sur cette île au passé trouble, Ari Schlossberg a réussi à créer une série vraiment captivante et intelligente!


P.S: j'en profite pour vous signaler la sortie en DVD (enfin!) du très bon End of the Line du canadien Maurice Devereaux, qui mêle secte et métro pour un résultat gore et jouissif à souhait! Et ça fait flipper!

vendredi 11 septembre 2009

L’ENQUETE - THE INTERNATIONAL


Sorti en DVD le 11 septembre




Sous ses atours de film d’investigation, L’Enquête- the International de Tom Tykwer est une sorte d’hommage aux films d’espionnage parano des années 70 tels La Théorie des Dominos. La menace imprécise et fluctuante que combat Interpol semble tout droit jaillir de cette période faste pour le thriller politique, et la thématique de l’entité maléfique aux ramifications internationales fait immédiatement penser au SPECTRE cher à ce bon vieux James Bond

Pour son septième film, le réalisateur allemand plonge dans un registre qu’il n’avait pas encore étudié, et il y appose un traitement empreint d’un classicisme formel et d’une élégante fluidité. Tykwer tient à créer des plans à la fois beaux et fonctionnels, ce qui est plutôt réussi, même si cette beauté se fait parfois au détriment de la tension de l’intrigue. Pourtant, malgré quelques faiblesses de rythme, L’Enquête constitue une approche intéressante de ce combat nébuleux contre un ennemi aux mille visages, et la participation de l’excellent Clive Owen y est sensiblement pour quelque chose… A ses côtés, la trop rare Naomi Watts doit composer avec un personnage un peu trop en retrait, ce qui est bien dommage au vu des qualités de l’actrice…


L’Enquête navigue donc entre plusieurs genres, dérivant du polar vers le policier tendance New York Police judiciaire, en passant par une approche à la Ian Fleming. Et si l’ensemble vacille entre le policier procédural et l’investigation plus musclée, L’Enquête atteint son point d’orgue dans un gunfight étouffant en plein Centre Guggenheim. La tension est énorme, et le réalisme de la situation est extrêmement bien rendu.
Malgré quelques facilités scénaristiques, L’Enquête s’avère être une production honnête et intelligente, qui offre aux spectateurs une alternative aux films policiers à la violence plus classique.

dimanche 6 septembre 2009

SOMERS TOWN


Sorti le 29 juillet



Après la bombe Dead Man’s Shoes sortie en DVD en mai dernier, voilà qu’est projeté le dernier film de Shane Meadows. Il est sorti le 29 juillet, mais il fait partie de la programmation du cycle arts et essais de la très sympathique petite salle Gérard Philipe à Wittenheim, qui avait d’ailleurs programmé Fish Tank en avant-première la semaine dernière (sortie le 16 septembre), mais que j’ai malheureusement raté. Partie remise…
Une bonne surprise que cette programmation donc après le sublime Dead Man’s Shoes. Mais le film fait lui plutôt l’effet d’une douche froide… Cette chronique adolescente suivant un Anglais pure souche et le fils d’un immigré polonais est d’un ennui profond, et rien ne viendra sauver le film de la lassitude dans laquelle il nous berce. Tout d’abord, le choix du noir et blanc est ici inutile, n’apportant aucun effet supplémentaire à une histoire dénuée de toute vision poétique. On suit les « aventures » de Marek et Tomo sans pouvoir s’y intéresser réellement, car elles sont présentées avec une banalité confondante. Marek et Tomo piquent des fringues, Marek et Tomo se bourrent la gueule, Marek et Tomo se baladent en train… A aucun moment, l’émotion n’affleure dans ce qui est une succession de scènes sans enjeu dramatique.


C’est là toute l’incroyable différence avec Dead Man’s Shoes, où la mise en scène nourrissait une tension constante avec une efficacité redoutable. On est évidemment dans un autre registre avec Somers Town, mais la déception est quand même énorme, car ce pseudo-récit initiatique aurait pu ouvrir sur un récit simple et palpitant, au lieu de quoi il ne raconte que quelques journées sans intérêt de la vie de 2 gamins désoeuvrés. Le rythme est lent, il ne se passe strictement rien (mis à part la rencontre avec la belle Maria), et c’est vraiment long. Je crois que je vais me refaire Dead Man’s Shoes pour me remettre…

samedi 5 septembre 2009

SECRET INVASION


Sorti le 3 septembre



Ce crossover tant attendu se termine ce mois-ci, et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’aura pas été à la hauteur des attentes suscitées. Le climat de paranoïa, la suspicion et l’occupation extraterrestre auront été traités sans grande conviction par un Brian Michael Bendis peu inspiré. Evidemment, tenir les rênes d’un événement aussi capital limite les marges de manoeuvre, mais quand on compare avec le travail accompli par Mark Millar sur Civil War, on sent bien les carences émotionnelles et dramatiques empêchant Secret Invasion de convaincre.
La fin est bâclée comme rarement ça a été fait, et le nouveau statu-quo est entériné sans la moindre once de réalisme. Pire, il est accepté par toute la communauté sans la moindre opposition, ce qui est vraiment énorme ! Bon, promis je ne spoilerai pas, mais il faut avouer que c’est vraiment du n’importe quoi…


Les Front Line ne sont pas aussi passionnants qu’à l’époque de Civil War, qui est mine de rien une grosse référence en matière de crossover. Les récits avec Ben Urich se lisent sans grande conviction, et on assiste à quelques scènes orientées 11-septembre pour donner corps à cette invasion skrull. Même si quelques épisodes parviennent à créer un petit suspense, l’ensemble est trop faible pour laisser un souvenir impérissable. Secret Invasion convoque tous les super-héros Marvel pour une aventure aux implications multiples et aux répercussions dramatiques, mais la suite sera probablement bien plus intéressante que ce qui n’apparaît finalement que comme une mise en place. Au-delà du cross universel annoncé, on assiste en fait à un changement majeur dans l’univers Marvel, avec la mise en place de l’ère Dark Reign. Pas de spoilers ici, mais ça s’annonce plutôt corsé…
Une bonne grosse déception donc, même si le futur incertain de l’univers 616 est très prometteur. Mais il est dommage d’avoir convoqué tout ce beau monde pour une aventure si peu palpitante…

vendredi 4 septembre 2009

12 ROUNDS



Sorti le 26 août




L’aventure cinématographique continue pour John Cena, après un The Marine bien jouissif si on le prend au 8ème degré. Pour 12 Rounds, c’est un habitué de l’actioner 90’s aux commandes, puisque Renny Harlin est quand même l’homme derrière 58 Minutes pour vivre et Cliffhanger. Mais c’est aussi l’homme derrière L’Exorciste : au Commencement, et ça le fait déjà moins.


En appliquant une bonne vieille recette, Harlin parvient à sauver certaines apparences et à offrir un spectacle rythmé et bourré de testostérone. John Cena assure en superflic monolithique, et le bad guy est plutôt bien servi par Aidan Gillen, subtil et vicieux. Les scènes d’action s’enchaînent très rapidement et les jeux mortels auxquels est confronté Danny Fisher (John Cena) vont de la varappe sur les parois d’un immeuble à la chute d’ascenseur, en passant par la conduite à pleine vitesse d’un camion de pompiers en ville. Avec ces scènes d’action, le film va en fait droit à l’essentiel, et ne se fend pas d’une quelconque justification psychologique ou dramatique trop approfondie. Et ça pourrait passer, sauf que plusieurs éléments empêchent l’adhésion face à ce véhicule à la gloire de Cena.
Tout d’abord, la comparaison avec The Marine vient directement à l’esprit, et là où le film de John Bonito maniait un second degré salvateur, celui d’Harlin reste trop primaire pour convaincre. Les bad guys de The Marine étaient franchement drôles, avec un Robert Patrick en totale roue libre et un Anthony Ray Parker à qui il arrivait les pires emmerdes. Toute l’exagération dans les scènes d’action fonctionnait grâce à cette soupape que représentait l’humour, et on assistait alors à un spectacle 80’s assumé et fun. Pour 12 Rounds, on est finalement loin du compte.


En plus, impossible de ne pas penser à l’excellent Une Journée en Enfer que le scénariste Daniel Kunka pille allègrement sans en atteindre le niveau. La fameuse partie de Simon says que Jeremy Irons joue avec Bruce Willis, c’est quand même autre chose… Surtout que la copine de Cena s’est fait kidnapper, et que certaines de ses réactions donnent l’impression qu’il n’en a rien à battre. 12 Rounds fait partie de ces films masquant leur vide scénaristique derrière leur panoplie pyrotechnique (réussie), contribuant ainsi à déconsidérer le genre pourtant captivant que représente l’actioner, quand il est correctement traité. The Marine, c’est quand même plus fun !