lundi 8 mars 2010

SHUTTER ISLAND


Sorti le 24 février

Je ne suis pas fan de Martin Scorsese, mais quand j’ai découvert la bande-annonce de son nouveau film, j’y ai vu une atmosphère vraiment innovante par rapport à ce qu’il avait déjà réalisé, et Shutter Island semblait marquer un tournant dans sa filmographie. Pas de gangsters et d’ambiance mafieuse, mais une véritable plongée dans le suspense et l’épouvante qui promettait de déboucher sur des séquences bien maîtrisées. Mais les bandes-annonces sont souvent trompeuses…

Au lieu d’un récit immersif à la mise en scène au cordeau, on se retrouve devant un film ennuyeux d’un bout à l’autre, qui ne profite jamais de sa situation géographique et de la tension inhérente au lieu dans lequel se déroule l’action pour créer une atmosphère étouffante et tendue.Shutter Island passe totalement à côté de ce que la bande-annonce laissait présager, et n’ayant pas lu le livre duquel est tiré ce film, je me suis simplement fait avoir. Cette enquête en milieu psychiatrique avait pourtant de quoi faire saliver, entre une imagerie appuyée de série B et des plans franchement beaux mettant en valeur l’atmosphère inquiétante des lieux. Une sorte de frôlement de film d’horreur par Martin Scorsese ? En fait non, une simple enquête bancale sur fond d’onirisme et de nostalgie, qui ne prend à aucun moment…

Shutter Island provoque le même effet que Bronson lors de sa sortie : une grosse déception due à une volonté de faire croire que le film possède une atmosphère tendue alors qu’il part dans un tout autre registre. L’aspect onirique entourant Leonardo DiCaprio est très rapidement gonflant, tout comme c’était le cas pour Bronson. Cette approche surréaliste annihile tout l’impact émotionnel du film, ce qui était encore pire dans Bronson avec son côté arty désastreux. Bref, Shutter Island n’a rien à voir avec ce qu’il promettait, et les personnages torturés ne donnent aucune envie de les suivre dans cette enquête sans consistance. Les enjeux dramatiques sont faibles, et les retournements de situation (Scorsese se met au twist !) sont éventés bien longtemps avant qu’ils ne se produisent. La structure du récit est vraiment bancale, et souffre d’un rythme bien trop lent.

La mise en scène de Scorsese est surprenante, car elle semble très aléatoire et qu’elle ne permet pas de figer l’atmosphère. Les mouvements rapides de caméra d’un personnage à l’autre sont carrément désarmants, comme si Scorsese optait par moments pour une réalisation de série TV… Il y a quelque chose de très surprenant dans l’ensemble du film, qui semblerait preque apposer le nom de Scorsese sans que celui-ci en soit responsable… En tout cas, ça fait une drôle de sensation, car ni la mise en scène, ni les acteurs, ni l’intrigue ne permettent de s’accrocher, et ces 2h17 semblent interminables…


6 commentaires:

  1. Alors, c'est pas celui-là qui va te faire changer d'avis sur Scorsese, apparemment... :(
    Moi, je l'ai pas encore vu et je sais franchement pas à quoi m'attendre. Les critiques sont majoritairement positives mais y'a quelques exceptions majeures (genre le New York Times qui dit que c'est une merde) qui me jettent un sacré doute.

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  2. Je ne déteste pas ces films, mais je n'y trouve pas la puissance évocatrice qu'y trouvent ses fans. En général sa mise en scène est intéressante, mais sur ce coup-là ça n'a carrément rien à voir!

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  3. La patrie Airmolienne n'est vraiment pas d'accord avec toi Wade cf l'article de Mr Balta qui dit a peu près tout ce que je pense de bien du dernier Marty : http://www.airmole-blog.com/post/907-SHUTTER-ISLAND-la-regle-du-jeu-de-Scorsese-martin-di-caprio

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  4. Moi j'ai bien aimé l'ambiance au contraire, je trouve qu'elle avait ce côté oppressant et un peu glauque que je recherchais. Quant à la mise en scène, elle oscille c'est vrai entre une réalisation classique et sage avec des plans longs mais de gros basculements de points de vue, et des moments nerveux un peu déstructurés. J'en parlais à Cachou qui n'a pas adhéré pour les raisons qui font que j'ai apprécié : sans doute un de ces films qui jouent sur des registres très personnels.

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  5. J'ai toujours du mal à m'immerger chez Scorsese, et là c'est carrément pire que d'habitude. C'est un peu comme pour Eastwood... J'arrive pourtant à comprendre que l'on puisse s'attacher à leurs oeuvres, mais pour Shutter Island c'est beaucoup moins évident...

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  6. Ah ben zut alors...Pourtant si y'avait bien un film de Scorsese qui pouvait plaire à ses détracteurs c'est celui-là!
    Perso j'ai trouvé ça assez formidable, je vais pas m'étendre sur le pourquoi au risque de spoiler (difficile d'en parler en fait sans rien dévoiler), mais j'y ai vu une lecture moderne de Shock Corridor et... waouh quoi.
    Dommage que t'aies pas aimé :(

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