mercredi 28 avril 2010

CANINE


Sorti en DVD le 7 avril


Le cinéma grec ne fait pas que dans la moussaka géante, la preuve avec ce 3ème film de Giorgos Lanthimos qui nous plonge au cœur d’une cellule familiale totalement pervertie vivant coupée du reste du monde. Le père est le seul à avoir un contact avec l’extérieur, tandis que la mère, le fils et les deux filles ne dépassent jamais le portail. Canine n’est pas un film extrême, mais son étrangeté va de pair avec un certain malaise, et le traitement de l’inceste et de la violence se fait de façon différente selon les séquences. Parfois très frontale, parfois plus évasive, la mise en scène de Giorgos Lanthimos évite le piège du film voyeuriste glauque au profit d’un récit semi-éthéré dans lequel glissent des personnages déconnectés…

L’existence autarcique des enfants est construite sur des bases totalement eronnées, les parents décidant de les laisser dans l’ignorance la plus totale face à la réalité du monde extérieur. Ainsi, quand une des jeunes filles voit un avion dans le ciel et qu’elle dit qu’elle veut le récupérer s’il tombe, elle le pense sincèrement, les parents lançant de temps à autre un avion miniature dans le jardin. Les enfant sont donc persuadés que le petit avion qu’ils voyaient dans le ciel est celui qui se trouve dans l’herbe… Et la désinformation ne s’arrête pas là, puisque les parents dénaturent totalement les mots et les objets, ainsi que les animaux. Du coup, la peur est réelle lorsque les enfants s’aperçoivent qu’un chat rôde dans le jardin, et ils craignent pour leur vie.

Giorgos Lanthimos met en scène des moments étranges où le temps semble stoppé, comme si les habitants de cette maison vivaient dans une boucle temporelle. Les rapports ambigus entre les membres de cette famille débouchent parfois sur des scènes absurdes, comme la danse des deux sœurs ; mais elles sont souvent traversées par un malaise diffus, une sensation de mal-être intérieur que les adolescents ne parviennent probablement pas à comprendre. Leur « réclusion » les amène pourtant à avoir des réactions de survie violentes ou décalées, Lanthimos mettant en avant l’aspect désaxé du psychisme de ces jeunes. Canine s’apparente davantage à une étude de caractère qu’à une vision perverse de cette famille.

Ce sujet délicat est traité avec solidité par un réalisateur qui pose une atmosphère permettant de ne pas sombrer dans un récit extrêmement sombre. Canine est une curiosité et offre un autre regard sur le cinéma grec.


samedi 24 avril 2010

TOP 10 DES MEILLEURS FILMS D’ANIMATION


C’est à l’initiative d’Alexandre Mathis de Plan-c que la blogosphère cinématographique se triture cette fois les méninges afin de déterminer quels sont les meilleurs films d’animation que le cinéma a vu naître. N’étant pas un consommateur assidu du genre, étant allergique au plus haut degré à la japanime, j’ai probablement eu autant de mal que mon compère Youtokine Toumi a mettre sur pied cette fameuse liste. Mais après pas mal de remises en question, j’ai finalement abouti à ce classement !

10. LE MONDE DE NEMO

Une aventure sous-marine sympathique convoquant des personnages bariolés et un récit simple s’apparentant à une quête initiatique. Pixar se nourrit de la trame classique et toujours efficace de Disney pour nous concocter une œuvre où se mêlent émotion et humour.


9. CORALINE

Le mélange de magie enfantine et de cruauté adulte donne à ce métrage une tonalité particulière, qui en fait une œuvre à ne certainement pas mettre devant les yeux des plus jeunes. Le monde de Coraline est à la fois fascinant et effrayant, et l’on se retrouve devant une version plus mature du classique Alice au Pays des Merveilles.


8. LA-HAUT

Le générique est d’une telle force émotionnelle que le reste du film peut paraître plus simple, mais Là-Haut est une aventure humaine qui a le mérite de traiter de la vie et de la mort avec acuité et intelligence. Et puis il y a Kevin


7. LES INDESTRUCTIBLES

Les super-héros version Pixar, ça donne une famille unie contre l’adversité et des références subtiles disséminées ça et là, pour une aventure musclée qui n’en oublie pas pour autant l’humanité de ses personnages. En même temps, c’est du Pixar !


6. TEAM AMERICA POLICE DU MONDE

Trey Parker et Matt Stone jouent avec les codes du film d’action en les appliquant à des marionnettes ! On pouvait être craintif quant à ce procédé, mais Team America s’avère une très bonne surprise emplie de mauvais goût et d’humour bien subtil (ou pas) qui égratigne à peu près tout sur son passage.


5. SOUTH PARK, LE FILM

Les sales mioches ont eu droit à leur film, et ils convoquent le Diable et Saddam Hussein pour un combat mémorable. Les fans apprécieront, les autres passeront à côté sans demander leur chemin. Mais ce qui est sûr, c’est que ça reste toujours aussi bon!


4. LE ROI LION

Disney a toujours su capter les émotions enfantines et les retranscrire à travers des contes animaliers. Le Roi Lion en est un des exemples les plus réussis, avec l’apprentissage d’un jeune lionceau fougueux qui va se heurter aux beautés et à la cruauté de l’existence.


3. ALADDIN

Un classique des studios Disney, qui nous dépayse avec son atmosphère orientale travaillée dans laquelle évoluent des personnages nobles et non dépourvus d’humour. Ca a quand même plus de geule que le prochain Prince of Persia, non ?


2. TOY STORY

Le premier long métrage d’animation de Pixar est une ode à l’imaginaire enfantin, donnant l’occasion aux adultes de rejouer avec leurs figurines en leur conférant toute la puissance émotive que l’on voulait leur donner à l’époque. L’humour, la tristesse, l’amitié sont traités avec une véritable sincérité pour donner vie à un film intimiste et universel.


1. QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT ?

Vous en rêviez, Zemeckis l’a fait ! Mêlant prises de vue réelles et animation, Qui veut la Peau de Roger Rabbit ? est un concentré d’humour et de mise en scène qui en fait une œuvre résolument classique. Révolutionnaire et barré, ce film me laisse un souvenir impérissable !


vendredi 23 avril 2010

BLACK


Inédit en DVD


Ce film est sorti en juillet 2009 dans les salles, et il est impossible de trouver une date de sortie en DVD. Il semble que les distributeurs n'aient pas très envie de le sortir... Etrange.

Un film de blaxploitation mettant en vedette MC Jean Gab'1, ça a vraiment de quoi intriguer. Surtout que le bonhomme est plutôt à l’aise devant une caméra, ce qu’on a déjà pu voir dans les deux Banlieue 13 et Seuls two. Mais si Pierre Laffargue promet un film badass et funky, le résultat est très loin du compte…

Le début est pourtant sacrément prometteur, avec un braquage bien maîtrisé qui plante une atmosphère tendue et bourrin. Laffargue semble à l’aise dans l’action, mais le reste du film ne suivra pas cette entrée en matière fulgurante. Si la musique funky se fait entendre à intervalles réguliers et nous ramène aux 70’s trépidantes, le visuel et les personnages ne parviennent pas à alimenter cette nostalgie. La faute à des personnages sans envergure, celui de MC Jean Gab’1 le premier. On est loin du héros cool et lover auquel rien ne résiste, et Black est un personnage qui ne fait que subir les événements. Sa bande de braqueurs est stéréotypée et sans profondeur, et la fille qu’il rencontre est une fliquette burnée comme on en a déjà vu ailleurs.

En plus, Black a un sacré problème de rythme, les scènes se succédant de manière très artificielle alors qu’elles mettent en scène des éléments qui auraient pu s’avérer carrément jouissifs. On a pêle-mêle une armée de guerilleros, des mercenaires, des lutteurs, et le tout aurait pu faire un beau bordel si le script n’était pas aussi balisé. Black manque cruellement de fun et d’humour, et déroule son récit sans retrouver le moindre soupçon d’âme funky… Un comble pour un film censé être une réappropriation des classiques 70’s…

La fin vire carrément au n’importe quoi avec l’ajout d’une dimension tribale faite de sorcellerie et de rites initiatiques, achevant de faire de ce film une tentative bien ratée de B movie à la française… Dommage pour MC Jean Gab’1 qui mérite bien mieux…


jeudi 22 avril 2010

KICK-ASS


Sorti le 21 avril


Quand Mark Millar s’est mis à l’écriture du comics Kick-Ass, il avait déjà en tête d’en faire une adaptation cinématographique. Les premiers numéros ayant bien cartonné, le feu vert a été donné pour la mise en chantier du film. La première conséquence a été la mise en stand-by de la série afin que le film ne prenne pas trop d’avance… Une curieuse décision mais qui montre à quel point l’industrie hollywoodienne récupère les super-héros… La décision vient de Millar lui-même qui a bien envie de gagner sur tous les fronts… On peut discuter cette vision très autoritaire, mais il reste que le comics est une pure tuerie ! On peut aussi remettre en question le choix éditorial de Panini France, qui n’a proposé que les 4 premiers numéros de la série avant la sortie du film, qui correspondent à la première moitié de l’adaptation...

Quoi qu’il en soit, Kick-Ass a généré un buzz impressionnant, et le film de Matthew Vaughn était plus qu’attendu par les fans de Dave Lizewski, l’ado au costume de plongée. Millar n’a pas rédigé lui-même le script, mais il est resté très attentif au travail de production. Et c’est peut-être ce qui empêche le film de trouver sa propre dynamique, puisqu’il reste trop fidèle au matériau d’origine. En n’appliquant pas un recul qui pourrait s’avérer salvateur (on se souvient des X-Men de Singer, le réalisateur ne connaissant rien à l’univers des mutants et leur apportant un réalisme étonnant), Kick-Ass applique la recette du comics sur grand écran, et l’on assiste à un spectacle réussi, mais qui aurait pu s’avérer bien plus jouissif.

Ceux qui ont lu le comics n’auront évidemment pas la surprise de la découverte des personnages et de l’atmosphère barrée dans laquelle ils évoluent, mais Vaughn s’attache à transposer l’œuvre de Millar avec autant de fidélité que possible, respectant même une certaine forme de violence étonnante, même si des plans visibles dans le trailer red band ont été supprimés. Kick-Ass le film est une relecture fidèle de Kick-Ass le comics, et n’apporte finalement que peu de surprises par rapport à ce dernier.

Passée cette déception, il faut reconnaître que le casting est bien choisi et permet de donner vie à ces héros de manière efficace. Le retour en grâce de Nicolas Cage semble être en très bonne voie, après un Bad Lieutenant que je n’ai pas vu mais dont on dit beaucoup de bien. Aaron Johnson dans la peau de Kick-Ass est plutôt bon, et son personnage fait partie de ces jeunes geeks que l’on voit de plus en plus souvent au cinéma, comme l’excellent Jesse Eisenberg dans l’énorme Bienvenue à Zombieland. Mais celle qui les éclipse tous est la minuscule Chloe Moretz, qui explose dans le rôle de Hit-Girl ! Sa prestation est hallucinante, à tel point qu’on est même frustré que le film ne se focalise pas davantage sur elle et Big Daddy !

Si Kick-Ass est une adaptation réussie, le comics reste quand même plus fun et bourrin. Il y a dans les pages de Millar et Romita Jr. un ingrédient supplémentaire qui fait de cette série l’une des meilleures du moment !


samedi 17 avril 2010

PARASITES


Sorti en DVD le 13 avril


L’affiche est très attirante, et la bande-annonce laissait entrevoir une série B bien jouissive à base d’expériences génétiques et d’infection. Le titre français est bien direct et plus évocateur que l’original (Growth signifiant croissance), et respire le bon vieux film de bestioles 80’s à la Hidden. Passé cette année au festival de Gérardmer, le 2ème long de Gabriel Cowan fait partie des films que je n’ai pas eu l’occasion de voir et que j’attendais de découvrir.

L’intro bien mouvementée nous plonge directement dans l’action en générant une bonne petite tension, tout en mettant en place une intrigue simple et efficace. Mais il s’agira en fait de l’unique séquence qui générera un peu d’émotion, le reste du film contredisant totalement cette entrée en matière réussie.

Quand on est un groupe sur une île, soit on la joue fun en déroulant une intrigue avec des personnages simplistes dont l’aspect stéréotypé sera dépassé par un traitement fun (la très bonne série Harper’s Island), soit on la joue nostalgique et (auto) référentiel comme Romero dans Survival of the Dead. Dans Parasites, l’humour est absent, sauf quand il est involontaire, et le script nous sort des poncifs qui ne permettent à aucun moment de rentrer dans le film. Les réactions des personnages sont souvent absurdes, et ils ne bénéficient pas d’un traitement psychologique très élaboré… Bref, on se fout des persos et de ce qui peut bien leur arriver !

Les bébêtes sont sympas, mais largement sous-exploitées, ce qui ne permet pas vraiment de faire décoller le taux de stress du spectateur. Cette histoire est donc très banale pour ce genre de film, et le traitement visuel n’y apporte rien de plus. Parasites est un DTV sans âme de plus, qui ne parviendra pas à combler les amateurs de films fantastiques en mal de sensations fortes…


lundi 5 avril 2010

CABIN FEVER 2


Inédit


Après le réussi The House of the Devil, Ti West s’attelle à la suite du très bon Cabin Fever d’Eli Roth. Cette fois-ci, la menace ne reste pas confinée dans la forêt, mais le virus se propage dans le lycée d’une petite ville tranquille, Springfield. L’hommage aux Simpson est discret mais bien présent! Si le film de Roth était bien gore et stressant, celui de West reste bien saignant, mais joue également la carte de l’humour. L’intro est à ce titre bien absurde et promet un métrage quelque peu barré.

Ti West aime les 70’s, et ce constat déjà visible dans The House of the Devil est renforcé par ce teenage movie tendance gore, dont l’action se déroule durant la soirée du bal de promo où les boules à facettes sont de sortie et où le disco est roi ! West y va de sa mise en scène rétro avec fondus discrets et caméra bien mouvante, donnant à ce Cabin Fever 2 une teinte originale. Si l’intrigue peut faire penser au sympathique Dance of the Dead, les choix visuels et sonores de West confèrent à son film une atmosphère plus poussée. Cabin Fever 2 est une suite très réussie qui s’éloigne du film originel pour le prolonger de manière efficace.

Le générique de début est simple et inventif, avec le récit de cette contamination en images animées. Ce choix narratif contribue à installer un climat fun dans ce film qui ne reste pourtant pas en surface. Que ce soit dans les dialogues ou dans les scènes présentées, Ti West se permet des allusions qui vont plus loin que la plupart des films, et qui ont probablement été permises par la sortie DTV… C’est tant mieux, car le film y gagne en impact, et l’aspect gore est tout sauf édulcoré. Mais West y injecte une bonne dose d’humour qui le rend très attractif, et qui font parfois penser au très sympathique Poultrygeist de Llloyd Kaufman, même s’il n’en atteint pas la dimension vomitive !

Cabin Fever 2 n’est donc pas une suite au rabais, et la vision de Ti West lui apporte un supplément d’humour et de nostalgie qui fonctionnent vraiment bien !