mercredi 29 septembre 2010

STRASBOURG 2010, 5EME SEANCE : KABOOM


Sortie le 6 octobre


Après un passage par la comédie pure qui ne tient pas ses promesses (Splendor et Smiley Face) et un drame intimiste exceptionnel (Mysterious Skin), Gregg Araki retrouve l’esprit de sa Teen Apocalypse pour son dernier film. Kaboom est un retour aux sources délirant, sexuel et vulgaire, qui nous rappelle les expériences cinématographiques stylisées qu’étaient The doom Generation et Nowhere. Araki retrouve le mélange de folie punk et pop aux relents nihilistes qui habitait ses premières œuvres, et Kaboom s’avère être un pur film déjanté !

Evidemment, Araki maîtrise sa recette depuis des decennies, et la structure désorganisée de Kaboom semble tout de même plus sage et posée que Nowhere. Mais l’état d’esprit totalement libre que véhicule ce film, et l’ambiance sex, drug and rock’n’roll qui s’en dégage est très communicative, et le film s’avère une délicieuse expérience à la fois fun et drôle. En choisissant Thomas Dekker pour le rôle de Smith, Araki a trouvé un digne successeur à James Duval, qui apparaît ici dans le rôle bien barré du Messie. Dekker, qui est issu du petit écran et qui a joué avec les griffes de Freddy dans le remake, pose un personnage très proche de ceux de Duval (Duval qui se nommait Jordan White dans The doom Generation et Dark Smith dans Nowhere !) avec son mélange de naïveté et de désespoir, placé dans une situation délirante qui le dépasse. Smith est caractéristique du jeune adulte qui s’ouvre au monde à travers différentes expériences, sexuelles notamment. Thomas Dekker apporte une bonne dose d’innocence à son personnage, qui subit des événements quand même bien barges !

Avec Kaboom, on retrouve l’univers acidulé et trash si caractéristique d’Araki, dans lequel il crée des personnages bien fun comme Thor, le coloc surfeur blond et abruti (qui rappelle Ski et Surf de Nowhere), Stella, la meilleure amie qui vit des expériences sexuelles chaotiques,London, la blonde crue et sexy, ou encore la belle et terrifiante Lorelei aux pouvoirs démesurés (incarnée par Roxane Mesquida qui avait déjà affaire au pneu tueur dans la séance précédente !). Araki aime caractériser des personnages hors norme qui laissent libre cours à leur instinct, et le mélange de ces personnalités donne un film vraiment drôle et original, traversé de répliques géniales !

Le dernier opus d’Araki est une réussite qui progresse crescendo jusqu’à un final complètement barré et absurde, et s’il avait été en compétition, nul doute qu’il aurait eu ses chances d’obtenir un prix! Kaboom clôt de manière radicale un festival riche et très prometteur pour l'avenir!


lundi 27 septembre 2010

STRASBOURG 2010, 4EME SEANCE : RUBBER


Sortie le 10 novembre


Le second film de Quentin Dupieux après son premier méfait totalement barré Steak est enfin visible ! La programmation de ce 3ème festival est hallucinante, et ce Rubber faisait partie des films que j’avais très hâte de découvrir. Inutile de préciser que cet OVNI divisera le public, tant le sujet et le traitement appartiennent résolument à la catégorie «expérimental» du septième art. A tel point qu’on pourrait comparer Rubber à l’incompréhensible Les Clefs de Bagnole de Laurent Baffie, qui était sacrément chiant quand même, mais avec lequel il partage cette vision nihiliste de la mise en abyme. Le procédé est très surprenant chez Dupieux, et l’intro du film met tout de suite dans l’ambiance grâce à un décalage ultra-prononcé et un non-sens génial.

Le concept du film est encore plus dingue que celui de Buried, puisque le spectateur est amené à suivre la cavale sanglante d’un pneu tueur doté de pouvoirs télépathiques ! Il faut évidemment compter sur le sens hors norme de l’image et sur l’expérience sonore de Mr Oizo pour donner naissance à une œuvre singulière qui ne ressemble à rien d’autre. Et si cet argument de court métrage tient la route, c’est grâce à une vision totalement surréaliste et un traitement corrosif et absurde des spectateurs de cinéma. La mise en abyme est en effet effectuée lors de scènes dans le désert où des personnes avec des jumelles suivent les aventures du pneu tueur. Quentin Dupieux en profite pour malmener le spectateur lambda et apporter quelques corrections bien senties à certains énergumènes que l’on trouve trop souvent dans les alles obscures !

Rubber est une énorme farce qui laissera très certainement de marbre une bonne frange de spectateurs, mais il s’avère être un spectacle étrange et réussi. L’argument de départ tient la route, et même si Dupieux se sert de sa mise en abyme pour tirer le film en longueur, il faut reconnaître qu’il parvient à créer une ambiance faite de folie douce dans laquelle il insère des codes du film policier révisé à l’échelle d’un pneu ! Le pari est réussi, et la fin est tout simplement monumentale !


vendredi 24 septembre 2010

STRASBOURG 2010, 3EME SEANCE : BURIED


Sortie le 3 novembre


Le grand vainqueur de ce festival est le film espagnol Buried, dans lequel Rodrigo Cortés filme le calvaire de Ryan Reynolds enfermé dans un cercueil pendant 1h30. Un projet périlleux qui demande des qualités d’écriture et de mise en scène très précises afin de ne pas dynamiter le concept. C’est le méconnu Chris Sparling qui s’y colle et qui rédige un scénario d’une grande maîtrise, permettant une immersion claustrophobique aussi réaliste qu’intense. La crédibilité est essentielle dans ce genre de film, et le déroulement de Buried suit avec soin les étapes psychologiques et les espoirs du personnage enfermé.

Buried repose essentiellement sur la performance de Ryan «Deadpool !!! » Reynolds, qui campe un Paul Conroy très convaincant, tout en lui donnant la densité d’un citoyen américain lambda, accentuant la portée universelle de la situation et du sous-texte du film. Paul ne sait pas pourquoi il est enfermé dans ce cercueil, et il ne dispose que d’un téléphone portable et d’un briquet. Comment s’en sortir alors qu’il ne sait même pas où il est enterré ? Chris Sparling décrit une situation angoissante à souhait, à laquelle Ryan Reynolds apporte toute sa densité afin que le spectateur plonge avec lui dans ce cauchemar.

L’artisan de ce film malin qui sillonne les festivals et rafle les prix, Rodrigo Cortés, parvient à rendre cette situation palpitante grâce à son souci du détail et à sa mise en scène intelligente. Buried réussit le tour de force de rester intéressant alors que tout le film se déroule dans une boîte ! Les variations de couleur dues aux différents éclairages, le choix des cadrages, le travail sur le son, rien n’est laissé au hasard et Cortés place le spectateur dans ce cercueil sans lui donner l’occasion de prendre la moindre bouffée d’air, et malgré quelques petites facilités scénaristiques, l’expérience s’avère très prenante !

Si le Méliès d’Argent peut surprendre pour un film qui n’a aucun argument fantastique, il faut surtout y voir une reconnaissance pour un travail exemplaire de suspense et de rythme, et le public du festival ne s’y est pas trompé, lui décernant aussi son prix ! Deux récompenses méritées, et une performance d’acteur qui va définitivement placer Ryan Reynolds en très bonne position à Hollywood !



mercredi 22 septembre 2010

STRASBOURG 2010, 2EME SEANCE: REYKJAVIK WHALE WATCHING MASSACRE


Inédit


Troisième long métrage pour Julius Kemp, qui en profite pour donner naissance à l’un des premiers films d’horreur islandais avec cette relecture nautique du célèbre Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper. La présence de Gunnar « Leatherface » Hansen au générique solidifie cette filiation, qui n’a rien d’opportuniste, mais qui au contraire prouve la vitalité du cinéma gore nordique. En placant ses protagonistes très variés (le Français, le Black, les blondes, les vieilles pimbêches, les asiatiques), Julius Kemp va contourner les clichés inhérents au genre dans un jeu de massacre aussi trash que drôle. La première bande-annonce annonçait un métrage crade et malsain à souhait, mais si ce côté est bien présent, il est contrebalancé par un humour précis et innatendu. Julius Kemp parvient à maîtriser les deux aspects de son film, et Reykjavik Whale Watching Massacre s’avère être une petite bisserie bien plaisante !

La phase de caractérisation des personnages promet un déroulement atypique, et Julius Kemp se lâche assez rapidement, taillant à vif dès que les « héros » arrivent sur le lieu funeste. Kemp épouse une vision très 70’s de l’horreur en y mêlant une sensibilité nordique tout aussi rêche, et le ton très brut du film est entrecoupé de notes humoristiques surprenantes. On nage en plein slasher maritime, et Kemp offre des exécutions graphiquement sympatiques, comme la jouissive pêche au harpon !

RWWM (pour les intimes) bénéficie d’un rythme solide qui lui permet de ne finalement pas avoir de passages à vide. Il s’agit d’un film gore qui va a l’essentiel, et qui s’avère très généreux en tranchage de viande. Il est parsemé de références bien senties, notamment à La Nuit des Morts-vivants, mais aussi à Usual Suspects !

Un bon petit B de festival qui mérite d’être découvert, et qui donne encore plus envie de plonger dans le cinéma nordique !

mardi 21 septembre 2010














STRASBOURG 2010, 1ERE SEANCE: MONSTERS

Sortie le 1er décembre


Première incursion au Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, qui en est à sa 3ème édition et qui nous a offert une programmation vraiment surprenante, permettant aux fans de films de genre de découvrir des œuvres qui auraient été difficilement accessibles, et les voir sur grand écran aura été un immense plaisir ! C’est avec les habituels François, Cécile et Romain que je me suis lancé dans l’aventure, accompagné en plus de Yorick, Steeve, Loïc et Arnaud. Une belle bande de bisseux qui a su apprécier une programmation et une organisation exemplaires, et qui a déjà signé de son sang pour revenir l’an prochain… Drink your blood !

On commence à 11h par un premier film anglais au sujet sensiblement identique au surestimé District 9, mais qui en fait va partir dans un tout autre registre. Les Etats-Unis et le Mexique sont séparés par une immense zone infectée, dans laquelle vivent des créatures extraterrestres contenues par un immense mur d’enceinte. Vivre à la frontière peut s’avérer dangereux, certains monstres s’échappant et causant d’énormes dégâts . Andrew Kaulder (joué par Scoot McNairy) est un journaliste chargé de rammener Sam (Whitney Able), la fille de son patron, aux USA. Mais le train qu’ils ont pris doit stopper sa course avant sa destination, et ils vont être obligés de traverser la zone infectée pour rentrer chez eux.

Le sujet s’annonce très excitant, et semble promettre une bonne dose d’action et de tension. Mais Gareth Edwards veut éviter la surenchère et opte pour un film davantage concentré sur son ambiance. Il suit les deux protagonistes en mettant en scène un road-movie contemplatif traversé par des moments d’attente et de suspense qui ne vont pas déboucher sur de grosses scènes d’action comme dans un blockbuster, mais qui joue la carte de l’intime en se focalisant sur la naissance des sentiments en territoire hostile. Andrew et Sam vont se rapprocher progressivement, et l’environnement extérieur est ce qui va les pousser l’un vers l’autre.

Mais si Edwards choisit un point de vue discret, sa vision des extraterrestres n’en est pas moins remarquable, et l’on assiste à quelques scènes étonnantes. Sa caractérisation des aliens est très belle, et le film glisse une morale tout en finesse sur la différence. Même s’il appuie trop sur la relation entre Andrew et Sam au détriment de la découverte des aliens, le réalisateur offre un film posé au rythme lent, qui permet de découvrir une vision réussie de la science-fiction anglaise, 50 ans après l’excellente trilogie Quatermass !


mardi 7 septembre 2010

GREEN ZONE


Sorti en DVD le 17 août

Plus il est proche de la réalité, meilleur semble être Paul Greengrass. Son Vol 93 est tout simplement estomaquant, et ses deux volets consacrés à Jason Bourne sont franchement lourds et illisibles. Mais ce Green Zone remonte la barre en s’appuyant sur une trame historique sur laquelle le réalisateur anglais appose son style semi-documentaire avec efficacité. En choisissant pour interprète principal Matt Damon, qu’il avait donc dirigé dans les deux dernières aventures de l’agent Bourne, on pouvait craindre une option de mise en scène similaire, mais heureusement il n’en est rien.

Green Zone nous plonge en 2003 lors de l’occupation de Bagdad par l’armée américaine. A la tête d’une unité, l’adjudant-chef Roy Miller est en charge de retrouver des armes de destruction massives. Mais quand il est envoyé pour la 3ème fois sur un site totalement vide, Miller commence à mettre en doute le bien-fondé des informations transmises par ses supérieurs…

Avant d’être un film de guerre, Green Zone est surtout un film de suspense politique permettant de découvrir de l’intérieur les luttes invisibles entre les membres d’un même gouvernement, et surtout de bien clarifier la fameuse question des armes de destruction massives, les ADM. Cette question essentielle pour le gouvernement américain et l’administration Bush est la clé de voûte de son engagement en Irak, et les mois de recherche sur le sol irakien ont été suivis avec beaucoup d’attention par la communauté internationale. Paul Greengrass parvient, avec l’aide du talentueux scénariste Brian Helgeland (L. A. Confidential, L’Attaque du Métro 123) à présenter le problème dans une dimension globale mais également humaine, en suivant ce soldat cherchant à tout prix à découvrir la vérité.

Greengrass s’appuie sur le livre du journaliste indo-américain Rajiv Chandrasekaran, Imperial Life in the Emerald City, pour donner une vision réaliste et très crédible de la situation désastreuse en Irak. Loin d’être moralisateur, le film présente les faits bruts tout en maintenant une tension efficace, parvenant à mêler la réalité et la fiction de manière très subtile. La traque du Général Al Rawi est menée avec intensité, et si l’on ne prend pas trop le temps de caractériser les personnages, on les découvre par leurs agissements dans l’urgence. Matt Damon est très bon dans ce rôle, et il est secondé par une équipe tout aussi douée, avec notamment Greg Kinnear et Brendan Gleeson dans un bras-de-fer permanent.

Green Zone est un film intelligent qui dose l’action en fonction des enjeux politiques qu’il met en lumière, et qui s’avère très efficace.


mercredi 1 septembre 2010

PIRANHA


Sorti le 1er septembre

Alexandre Aja a fait du chemin depuis son premier film Furia, et il semble s’être spécialisé dans les remakes, avec une petite préférence pour les sanglantes eighties. Son attachement au projet de remake du film mou de Joe Dante promettait un spectacle bien plus trépidant et saignant que l’original, avec l’ajout de la 3-D qui n’a pas fini d’envahir nos salles obscures !

Disons-le tout de suite, les atmosphères oppressantes et sauvages de Haute Tension et La Colline a des Yeux n’est plus vraiment d’actualité depuis Mirrors, et Aja met en scène des récits plus basiques dans lesquels il expérimente tranquillement. Visuellement dans Mirrors,qui possède quelques scènes bien étonnantes ; et au niveau de l’humour noir dans ce Piranha, avec quelques plans bien sentis. Piranha ne révolutionnera pas le film d’horreur, mais il est un produit estival calibré offrant son lot de sexe et de sang. Et pour ce qui est du gore, Aja n’a pas lésiné sur les moyens, mettant en scène un véritable carnage aux violents relents 80’s, ressortant le latex et l’hémoglobine comme au bon vieux temps ! On est très proche des vieux Romero, et les acteurs et les figurants semblent s’être bien éclatés sur le tournage…

Avec un Doc Brown en guest et un Richard Dreyfuss toujours aussi à l’aise avec les poissons, Aja paie son tribut à ceux qui lui ont ouvert la voie et parsème son film de références plus ou moins évidentes, ramenant en plus sur le devant de la scène une actrice talentueuse et bien trop rare, Elisabeth Shue. Son Piranha se veut donc un pont entre deux époques, remettant au goût du jour l’esprit des films d’horreur d’antan, à la fois directs et décomplexés, proposant un spectacle allant droit à l’essentiel. Piranha est une petite récréation tout ce qu’il y a de sympathique, et même si sa mise en scène n’est pas aussi élaborée qu’à l’accoutumée, Aja nous livre une bande réussie traversée de quelques touches d’humour bien fun.

La 3D fait un peu office de gadget, mais fonctionne plutôt bien dans ce film. On repense aux séries B du genre Meurtres en 3 Dimensions (le 3ème épisode des Vendredi 13) avec ses effets d'objets brandis vers le spectateur , et l’aspect nostalgique fait que l’on se sent bien dans ce genre de production ! On a du soleil, des filles bien chaudes et des mecs bien torchés, et une meute de piranha qui va faire le grand ménage, c’est pas un programme réjouissant ça ?