samedi 30 octobre 2010

IP MAN


Sorti en DVD le 5 octobre


Wilson Yip fait partie de la vague actuelle des cinéastes hong-kongais orientés vers l’action, et on lui doit des films comme Dragon Tiger Gate, SPL ou Flashpoint. Il ne se sépare plus de son acteur fétiche Donnie Yen, qui endosse ici la défroque de Ip Man, illustre maître adepte de la boxe wing shun. Le film se présente comme un biopic totalement inscrit dans la sombre Histoire que traverse la Chine dans les années 30 et 40. Mais si l’aspect biographique pouvait rebuter en faisant craindre un traitement trop lent, Wilson Yip livre en fait un métrage captivant aux antipodes des fresques historiques habituelles.

Il faut dire que la véracité biographique est loin d’être respectée, le scénario partant d’un personnage réel pour le glorifier en héros en prenant des libertés assez incroyables : la lutte d’Ip Man contre les envahisseurs japonais, qui est tout de même le centre du film, a été totalement inventée et ne correspond aucunement à une réalité historique ! Les biopics ont souvent tendance à enjoliver le trait, mais l’histoire racontée est ici carrément différente de la vie du maître !

Si l’on passe cet énorme « détail » et que l’on prend le film pour son aspect cinématographique, Wilson Yip nous convie alors à un spectacle de haute volée dans lequel l’art martial est magnifié par la virtuosité de sa caméra. Yip pose des cadrages de toute beauté qui permettent d’apprécier dans le moindre détail la rigueur et la précision du geste, dans une successions de plans qui n’a rien de gratuit. On est loin des bandes surdécoupées ou des films poseurs masquant leur vacuité par une fausse vitesse ou un écrin creux. Yip se concentre sur son sujet et le filme avec respect, ce qui est perceptible dès les premières images où l’on voit le fameux mannequin de bois si caractéristique des arts martiaux. Ip Man est totalement imprégné du respect de la culture martiale et véhicule une image noble de cet art, et n’oublie pas sous ce vernis historique une efficacité très palpable.

Nous sommes loin des films de Hong-Kong ennuyeux comme il en fleurissait beaucoup dans les années 80, et Wilson Yip parvient à rendre son sujet intéressant en y intégrant une bonne dose d’action et des notes d’humour surprenantes. Les combats démarrent par la touche amicale, et évoluent au fur et à mesure vers une violence exacerbée. Cette gradation va de pair avec l’évolution historique du pays, qui se retrouve sou le joug de l’armée japonaise. Maître Ip Man, qui partage des valeurs plutôt pacifistes, va devoir user de ses connaissances en y ajoutant de la rage, et le résultat à l’écran se traduit de manière radicale avec un Donnie Yen en superbe forme. Les combats dirigés par Kuang Hsiung et Sammo Hung sont d’une très grande précision et sont encore élevés dramatiquement par la mise en scène de Wilson Yip. Le combat de Ip Man contre 10 hommes par exemple est graphiquement magnifique, et la rage qui traverse cette scène est très bien rendue par la caméra de Yip et par la présence de Yen.


Autre fait remarquable du film, la qualité de la reconstitution de la Chine des années 30 et 40, qui est excellente. Le travail du directeur artistique Kenneth Mak est exemplaire et d’une grande précision jusque dans les moindres détails, qu’il s’agisse des décors de la ville, des objets ou des vêtements.

Le gros reproche que l’on peut faire à Ip Man est la totale irrévérence par rapport à la réalité de la vie du maître ; par contre, il s’agit d’une œuvre cinématographique remarquable qui tient une place de choix dans la tradition des films d’arts martiaux.


mardi 26 octobre 2010

LONG WEEKEND


Sorti en DVD le 19 octobre


Encore un remake, cette fois-ci d’un film méconnu des années 70 réalisé par Colin Eggleston, nommé lui aussi Long Weekend. 30 ans après l’original, c’est Jamie Blanks (Urban Legend, Mortelle St-Valentin) qui exhume cette histoire de vengeance de la nature face à la bêtise humaine. Il convie James Caviezel et Claudia Carvan pour ce week-end qui n’aura rien d’idyllique…

Si le principe d’un film d’horreur où le mal vient de la nature elle-même est intéressant, qui plus est doublé d’un message écologique fort, le résultat s’avère finalement loin d’être convaincant. Non pas que Jamie Blanks manque d’ambition, puisqu’il assure la mise en scène, le montage et le score, mais cette idée de peur ancestrale ne prendra à aucun moment une forme véritablement flippante. On se retrouve dans une veine d’angoisse à la Peter Weir, un côté très australien de l’horreur suggérée, mais qui n’est pas forcément la plus aboutie. On pourrait le rapprocher de La dernière Vague, qui sous ses airs de fable écologique n’était qu’un trip métaphysique vain. Pour Long Weekend, le résultat est tout aussi décevant.

Si le couple Caviezel-Carvan fonctionne bien dans un premier temps, les voir s’engueuler durant tout le film devient très vite gonflant. Surtout que ces bagarres incessantes sont l’essentiel du film, le reste de l’ "action" étant l’attaque d’un aigle ou un éléphant de mer qui se balade.C’est Everett De Roche, scénariste de l’original, qui signe le script de ce remake, et ce choix conserve la naïveté qui fonctionnait peut-être à l’époque mais qui s’avère aujourd’hui éculée. Long Weekend s’avère très avare en action, et son principe suggestif est finalement très limité.

Jamie Blanks nous offre des plans léchés et parvient à installer une ambiance tendue, mais voir des fourmis bouffer du sucre ou un serpent se planquer sous un plat ne suffit pas à rendre un film angoissant. Le problème, c’est qu’aucun élément ne parvient à faire durer la peur dans ce métrage, et chaque frémissement n’est qu’une annonce qui ne sera jamais creusée. Long Weekend reste donc un film aux promesses non tenues, et sous lequel on peut apercevoir par moments le potentiel inexploité…


samedi 23 octobre 2010

FREDDY– LES GRIFFES DE LA NUIT


Sortie en DVD le 20 octobre


Michael Bay continue de revisiter les classiques de l’horreur via sa boîte de prod Platinum Dunes, mais le moins que l’on puisse dire est que les résultats ne sont vraiment pas à la hauteur… Pour 1 Amityville réussi (merci Ryan Reynolds!), on recense 1 Massacre à la Tronçonneuse qui ne ravira que les fans de torture porn, 1 Vendredi 13 encore pire que les plus mauvais épisodes de la saga 80’s, ou encore ces Griffes de la Nuit tout simplement innofensives et inutiles.

Sous couvert de traiter des instincts pédophiles de Freddy Krueger, la classification R du film promettait une bande radicale et sans concessions, et l’apport de Jackie Earle Haley dans le rôle du mythique boogeyman brulé achevait de nous faire saliver quand à cette réactualisation du film culte de Wes Craven. Mais les choix du clippeur Samuel Bayer à la réalisation et de Wesley Strick (dont le plus grand fait d’armes remonte à 1989 et sa participation au script d’Arachnophobie) et Eric Heisserer au scénario s’avèrent regrettables, les 3 hommes ne parvenant à aucun moment à dynamiser cette nouvelle version, qui ne fait que singer son modèle tout en étant dénué d’une identité propre.

Ainsi, on retrouve des scènes classiques de la saga, comme le meurtre en lévitation ou le rêve dans la baignoire. Et là, on se dit qu’on est en droit d’attendre un traitement énergique de ce que l’on connaît déjà, mais on n’aura au final qu'une simple copie carbone qui ne redéfinira aucunement le statut du boogeyman. Pour comparaison, le travail accompli par Rob Zombie sur Halloween est totalement représentatif d’une relecture intelligente et profonde d’un mythe. Pour Freddy-Les Griffes de la Nuit, l’effet est inverse, et on ressent une forte envie de replonger dans le cauchemar de Craven, qui même s’il est un peu marqué par le temps, possède au moins le mérite d’être original et bénéficie d’une bonne ambiance rétro ! Et que dire du maquillage de Jackie Earle Haley, totalement informe et aux antipodes de la caractérisation si typique de celui de Robert Englund!

Le passé de clippeur de Bayer s’affiche clairement, et il nous gratifie d’images léchées et de jolis cadrages qui ne suffisent pas à implanter un climat délétère ni angoissant, et le film se regarde comme un paquet de pop-corn sans sel ni sucre, dans une indifférence totale. Le seul élément présentant une once d’intérêt est la participation de Thomas Dekker, qui jouera plus tard dans le déjanté Kaboom de Mr Araki. Bon, son personnage est comme les autres, c’est-à-dire beau, lisse et sans intérêt, mais quand même, ça occupe un peu pendant l’heure et demie du métrage…

Après Jason Voorhees, Michael Bay vient de tuer Freddy Krueger. C’est pas donné à tout le monde de mettre à terre des monstres, et il serait préférable qu’il se concentre davantage sur ses Autobots et ces Decepticons


lundi 18 octobre 2010

MARVEL ZOMBIES 6: LE RETOUR


Sorti le 13 octobre



La saga Marvel Zombies est un joyeux défouloir pour scénaristes et dessinateurs adeptes du gore, qui peuvent enfin se permettre de ravager l’univers Marvel en créant un climat apocalyptique suite à la transformation des justiciers en zombies affamés. Voir Spider-Man bouffer sa tante et l’envoyer (enfin !) ad patres est l’un des fantasmes qui devait couver depuis longtemps dans la Maison des Idées (ou ches certains lecteurs !), et l’orgie de tripaille et de chair décomposée auxquels nous convient les auteurs permet de renouveller un univers qui tend parfois à tourner en rond.

La publication des séries zombies est elle aussi un joyeux bordel : le premier tome nous fait découvrir un monde ravagé par la peste zombie, et des super-héros pourchassant les humains afin de se nourrir. Le Marvel Zombie 2 est en fait un crossover avec la série Army of Darkness, et les super-zombies sont confrontés à Ash et sa célèbre tronçonneuse. Le volume 3 contient la série Marvel Zombies 2, qui nous montre enfin comment tout a commencé. Le tome 4 dépeint l’arrivée des zombies sur la Terre-616, c’est-à-dire l’univers standard dans lequel évoluent tous les héros Marvel. Et le volume 5 contient Marvel Zombies 4, qui poursuivait la lutte sur la Terre-616 après que des zombies étaient parvenus à y rester.Aujourd’hui, ce volume 6 est la suite directe du 3ème tome, qui voyait les zombies téléportés dans une autre dimension. Et qu’est-ce qui a bien pu se passer là-bas ? Fred Van Lente, qui officiait déjà sur les deux derniers numéros, raconte ce périple morbide et sanglant !

Nous sommes cette fois-ci sur la Terre-Z, qui s’apparente à ce qu’était la Terre-616 dans les années 70. On retrouve un Spider-Man zombifié qui décide de trouver un antidote à la faim, et qui en profite pour tourner ses pulsions vers les super-vilains. Le premier épisode est réussi, nous replongeant dans l’ambiance nostalgique des premiers Spidey tout en la pervertissant radicalement. Une bonne mise en bouche !


Mais la suite est d’un tout autre acabit, les récits centrés chaque fois sur un autre personnage étant tout simplement répétitifs. On retrouve un Tony Stark période alcoolique qui ne parvient pas à assumer son rôle d’Iron Man face aux zombies, on refait la saga du retour de Hulk sur Terre après son bannissement par les Illuminatis, etc… Le scénariste se base sur des matériaux préexistants auquel il applique la recette de la propagation du virus, mais la sauce ne prend pas, l’action basique prenant le pas sur l’humour et les trouvailles scénaristiques. On assiste à un simple spectacle de démembrement et d’équarissage finalement très vain, dans lequel seule la version de Spidey s’avère intéressante.

Un numéro terne qui j’espère n’est pas synonyme de déclin pour cette série qui ravivait de manière très originale le mythe des super-héros !


mercredi 13 octobre 2010

PRINCE OF PERSIA : LES SABLES DU TEMPS


Sorti en DVD le 29 septembre 2010

Vu les qualités plus que médiocres des adaptations de jeux vidéo qui fleurissent au cinéma (je ne peux pas parler de Super Mario Bros, je ne l’ai toujours pas vu !), ce Prince of Persia semblait suivre la même voie que les Resident evil, Alone in the Dark et autre Silent Hill. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je constatais que le récit était intéressant, et que les personnages s’avéraient finalement drôles et attachants! Comme quoi, parfois les bande-annonces sont trompeuses, et cette fois-ci dans le bon sens !

Loin des aberrations scénaristiques et des actions qui vont à l’encontre de toute crédibilité que l’on trouve généralement dans ce type d’adaptations, Prince of Persia : les Sables du Temps prend le temps de poser des personnalités fortes et de développer un récit simple (et non simpliste) qui fait se cotoyer l’âme guerrière et la magie. On retrouve un peu de l’esprit d’un Seigneur des Anneaux au niveau des thématiques, avec la dague qui remplacerait l’Anneau unique, et les Hassasins à la place des chevaliers de Morgul. Mais le tout est mené avec soin et dans le respect d’une mythologie qui est déjà préexistante, le film se basant intelligemment sur le jeu au lieu de trop s’en éloigner (qu’est-ce qu’ils ont foutu avec le manoir de Resident evil bordel?).

Encore plus surprenant, les références à la situation économique et géopolitique des Etats-Unis, avec le personnage du Sheik Amar (excellent Alfred Molina !) bien décidé à ne pas payer d’impôts, et la recherche d’armes infructueuse dans une ville… Le scénario signé Jordan Mechner (scénariste du jeu originel), Boaz Yakin (scénariste de la seule vraie adaptation du Punisher, celle avec Dolph donc), Doug Miro et Carlo Bernard donne un souffle épique à cette aventure, qui sans être follement originale, se permet tout de même d’être un divertissement solide. Les quatres scénaristes ont su intégrer les ingrédients qui manquaient par exemple au Choc des Titans et qui l’empêchait de convaincre malgré un casting et des personnages intéressants.

Le choix de Jake Gyllenhaal dans le rôle principal est un atout majeur, car il lui donne une crédibilité teintée d’auto-dérision plutôt rafraichissante pour ce genre de production. Il ne se permet pas les folles exagérations de Johnny Depp dans la saga Pirates des Caraïbes également produite par Jerry Bruckheimer (et qui constitue le seul intérêt de ces films), mais campe un jeune homme combattif et malin qui va tout faire pour être disculpé d’un meurtre. La belle Gemma Arterton (habituée des grosses productions, puisque déjà présente dans Le Choc des Titans et pressentie pour le rôle principal des préquelles d’Alien) joue une princesse dont la cité a été envahie et qui devra fuir avec le prince déchu. L’une des qualités de cette relation est de faire de cette cavale une sorte de buddy movie tout en le saupoudrant d’une pincée de romance teintée d’humour, ce qui s’avère très efficace.

Prince of Persia allie aventure et combats dans un style vif et moderne, grâce notamment à des scènes de Parkour chorégraphiées par le pionnier de la discipline, le Français David Belle. Le style très Assassin’s Creed que revêt le Prince de Perse n’est pas innocent, puisque Jordan Mechner est également le scénariste des jeux sur le fameux tueur. La mise en scène de Mike Newell (Harry Potter et la Coupe de Feu) donne une grande lisibilité aux scènes d’action, et mis à part quelques sacrifices à l’actioner décérébré (la fameuse scène de destruction massive visible dans la bande-annonce qui est vraiment superflue), Prince of Persia s’avère un film à grand spectacle qui mise davantage sur son ambiance mystérieuse que sur ses effets numériques, et ça, c’est assez remarquable pour être signalé.


dimanche 10 octobre 2010

MACGRUBER



Inédit




Apparu pour la première fois en janvier 2007, le personnage de MacGruber est le héros d’une dizaine de sketches créés pour le Saturday Night Live par Jorma Taccone, qui écrit et met en scène les aventures de ce clone de MacGyver. Le comédien Will Forte prête son mulet au héros, et il co-écrit les scénarios avec Taccone et John Solomon.


Jorma Taccone (le frangin de Rod dans le cultissime Hot Rod !) réalise tout naturellement le long métrage dédié à son personnage, et en profite pour mettre en scène son premier film. Son expérience au Saturday Night Live et la dimension familiale du projet lui permettent de mettre sur pied un film fun et décontracté dans lequel Will Forte prend beaucoup de plaisir ! MacGruber est une parodie qui apporte son lot de scènes délirantes et qui tient la longueur, ce qui n’est pas évident pour un film basé sur des sketches (qui a dit Brice ?).

Après avoir pris sa retraite dans un monastère équatorien, MacGruber accepte de reprendre du service afin de mettre hors d’état de nuire Couille , son ennemi juré. Il va mettre sur pied une équipe de choc et va se lancer aux trousses de celui qui a eu le culot de tuer sa femme. C’est Val Kilmer qui prête ses attributs au bad guy, et il s’amuse comme un petit fou à rendre dingue ce fêlé de MacGruber. La bande de Mac est composée de pointures, et les fans de catch devraient apprécier (ou pas !)…

MacGruber s’avère être une parodie réussie, bénéficiant d’une mise en scène solide, et véhiculant un humour qui tape sous la ceinture mais qui est communicatif. Evidemment on n’atteint pas les cîmes d’un Hot Rod, mais le premier film de Taccone est sympathique et contient quelques scènes cultes et des répliques cinglantes à souhait. Will Forte nous offre des tactiques de diversion bien personnelles, des scènes de sexe hilarantes, et s’avère bien plus drôle que son modèle MacGyver ! Par contre niveau bricolage, c’est pas vraiment ça… La bande-son rend bien hommage à la période de gloire de Richard Dean Anderson, et Taccone s’amuse beaucoup avec l’autoradio de MacGruber !

MacGruber bénéficie aussi de la présence de Powers Boothe dans le rôle du Colonel, et de Ryan Philippe dans celui du souffre-douleur de MacGruber. Jorma Taccone a réussi sa transposition sur grand écran, et MacGruber a vraiment la classe 90’s…






jeudi 7 octobre 2010

SALT


Sorti le 25 août


Matraquée par la presse lors de sa sortie, cette version féminine de la saga Jason Bourne mérite pourtant le coup d’œil. Si elle ne révolutionnera pas le genre, elle propose toutefois un spectacle rythmé et prenant grâce à une Angelina Jolie très impliquée et à des scènes d’action bien lisibles, ce que la saga Bourne ne proposait que dans le premier épisode finalement… Si La Mémoire dans la Peau était surprenant, ces deux suites s’avéraient en effet poussives…

Evelyn Salt est un agent de la CIA qui, lors de l’interrogatoire d’un transfuge, est accusée par celui-ci d’être un agent double russe. Elle est donc immédiatement débriefée par ses collègues afin de clarifier la situation, mais Salt décide de s’échapper, ce qui rend les soupçons d’autant plus crédibles. Mais qu’en est-il vraiment ? Kurt Wimmer, qui avait notamment écrit le scénario du très bon La Recrue, met en place un récit très frontal qui fait la part belle à l’action tout en laissant planer le mystère sur la personnalité de Salt. L’histoire maintient un suspense solide, et la mise en scène de Phillip Noyce permet de développer un récit chargé en action sans tomber dans la surenchère.

Salt est une honnête série B prouvant qu’Angelina Jolie est une action girl à fort potentiel, et qui permet de retrouver le sympathique Liev Schreiber dans le rôle du collègue dépassé par les agissements de l’espionne. Fait-elle cela dans le but de contrer le piège qui se referme sur elle, où est-elle réellement un agent double ? La question est traitée de manière efficace, et Salt s’avère plutôt intéressant. Même s’il ne sort pas des sentiers battus, il ne méritait pas un tel acharnement de la part des critiques…


mardi 5 octobre 2010

SPIDER-MAN 129 : QUI ETAIT BEN REILLY ?


Sorti le 1er octobre


Entre la mort de Gwen Stacy et les facéties de Méphisto, Amazing Spider-Man a eu de quoi susciter l’engouement ou la désapprobation des fans. Et ce n’est pas la Saga du Clone qui échappe à cette règle, elle qui revient régulièrement hanter l’existence de notre Tisseur préféré. Le numéro de Spider-Man de ce mois revient sur Ben Reilly, le clone créé par le Chacal en 1975 dans Amazing Spider-Man 149. Ben Reilly a semé le doute chez Peter Parker, qui se demandait alors s’il était l’original ou la copie. Cette création est vite oubliée, mais c’est entre 1994 et 1997 que le clone allait créer le scandale: Ben Reilly était en fait le vrai Spider-Man, et Peter le clone ! Les fans se sont insurgés face à cette négation des 20 dernières années du Tisseur (Méphisto, où es-tu ?), Marvel a du remettre les choses en ordre et redonner sa vraie place à Parker.

Les 3 épisodes du jour reviennent donc sur Ben Reilly, en confrontant Spidey à Raptor, alias Damon Ryder. Ryder qui avait eu comme élève un certain Ben Reilly, qu’il a accusé de la mort de sa famille. Et comme il pense que Peter est Ben, il va chercher à le détruire ! C’est compliqué certes, mais il faut encore ajouter un gros grain de sel avec la présence de Kaine, le tout premier clone créé par le Chacal ! Bref, Spidey ne s’ennuie pas, et il doit en plus s’occuper de l’écervelée Screwball, super-vilaine dont le seul but est de multiplier les visites sur son site internet en se castagnant avec le monte-en-l’air.

Le scénario de Marc Guggenheim fait subtilement le lien entre le passé et le présent, jouant sur les notions de cercle karmique de manière efficace. Spidey va devoir lutter contre ses deux clones afin de rétablir la vérité et de ne pas trahir son identité secrète (Civil War, où es-tu ?), et cette saga complète, qui est ma première incursion dans Amazing depuis l’ « effacement » du passé de Pete, s’avère efficace, aidé par des dessins bien dynamiques signés Marco Checchetto et Luke Ross.

Et le numéro 611 qui côt cette revue, est-il tout aussi efficace ? L’annonce d’un combat entre Spidey et Deadpool, qui plus est orchestré par le légendaire Joe Kelly, avait de quoi faire saliver ! Le résultat final ne tient pas toutes ses délirantes promesses, mais se lit quand même avec plaisir. Joe Kelly est l’homme qui a transcendé la personnalité de Deadpool dans la première série régulière consacrée au personnage, et qui a su composer des récits déjantés en maintenant dans un parfait équilibre violence, psychose et humour délirant !

Ces retrouvailles avec le personnage s’avèrent moins cinglantes que ce que l’on pouvait espérer, mais Kelly se fend de quelques vannes et situations bien senties, comme l’allusion à la célèbre "blague qui tue" des Monty Python, remise au goût du jour par Wade ! Un grand moment pour cet intermède dans la série, qui donne encore une fois très envie de voir les séries consacrées au Merc with a Mouth débarquer en France ! Par contre, gros bémol concernant le dessin anguleux d’Eric Canete… Un style très particulier qui a probablement ses adeptes, mais qui ne me plaît pas.


dimanche 3 octobre 2010

MERANTAU


Sorti en DVD le 22 septembre


Prenez un ersatz de Tony Jaa et un réalisateur anglais qui singe Prachya Pinkaew pour mettre sur pied un film d’arts martiaux virevoltant, et vous obtiendrez un pompage éhonté et totalement râté d’Ong-Bak et autre L’Honneur du Dragon. Que ce soit bien clair : ce Merantau indonésien est une pure arnaque, tant au niveau visuel que martial. Probablement monté dans une optique d’exploitation en DTV, il ne possède pas une once d’originalité et pire, pas la moindre trace de crédibilité. Merantau correspond au degré zéro du film martial, et ce n’est pas la piètre performance de son acteur principal Iko Uwais (il faut le voir descendre un échaffaudage au ralenti pour le croire !) qui nous fera croire à la véracité des impacts et qui nous fera retrouver la violence extrême d’un combat avec Tony Jaa !

La naïveté que l’on retrouve inexorablement dans ce type de productions asiatiques (et les films avec Tony Jaa n’en sont pas exempts) vire ici à la niaiserie pure. Pour accomplir son Merantau (rite initiatique consistant pour un jeune à quitter le foyer familial et à se confronter au monde), Yuda ( !) se rend à Jakarta et va se retrouver face à une bande de trafiquants de femmes. En tentant de sauver une de ces demoiselles en détresse, il va devoir affronter toute une bande de bad guys, ce qui ne lui fait pas peur. Bon, il se prend bien une sévère raclée au début, et on se dit que ce n’est pas si irréaliste que ça, mais la suite est une succession de combats lents et sans le moindre intérêt. On est loin du Muay Thai cher à Jaa…

Gareth Evans tente d’emballer le tout dans un joli écrin coloré qui ferait passer la pilule, mais c’est tellement vide de sens et de rythme que l’on s’ennuie ferme devant cette accumulation de poncifs et cette absence d’enjeux dramatiques. Yuda contre-attaque, et pourtant ça ne décolle pas, on se croirait devant un vieux film de combat des années 90 dans lequel il n’y a strictement rien à tirer.

Le bad guy est à ce titre carrément ridicule dans son costume de riche et son style « je vais ce que je veux », et ce n’est pas le Français Laurent Buson qui sauvera la mise, malgré sa capacité à faire le grand écart. Merantau est une abomination qui ne méritait aucunement de sortir en DVD, et qui ne devrait pas offrir à Iko Uwais une renommée mondiale…


vendredi 1 octobre 2010

BLACK DYNAMITE



Sorti le 8 septembre



Michael Jai White s’est investi à 100% dans ce projet de résurrection des films de blacksploitation, en assumant le rôle principal et l’écriture de ce film (scénario partagé avec Byron Minns, qui joue le rôle de Bullhorn). Il s’associe à Scott Sanders qui l’avait déjà dirigé dans son premier long Comme un Voleur, et tente de remettre au goût du jour l’esprit funky de Shaft et Cleopatra Jones !


Ce qui frappe d’emblée, c’est l’application de Sanders à imiter les tics de réalisations de l’époque, entre les split-screens, les décadrages et les micros dans le champ ! Black Dynamite a la parure parfaite du film black 70’s jusque dans le moindre détail. Qu’il s’agisse des costumes, des coupes de cheveux, des décors ou de la musique, tout est fait pour que le spectateur se retrouve immergé dans un film semblant tout droit sortir d’une autre époque. Visuellement, le pari est largement gagné pour Sanders et White, Black Dynamite respectant à la lettre tous les codes de la blacksploitation.

On retrouve le méchant chinois style Fu Manchu, les agents de la CIA bourrus, les gangs de rue qui aiment se mettre sur la gueule, et les beautés black fatales avec leur affros affriolantes !Black Dynamite est parfait au niveau de la retranscription de cette époque et de sa culture. Mais le gros problème du rythme, c’est que sous cet écrin totalement réussi, le scénario ressemble plus à une accumulation de sketches qu’à un récit abouti. Si la sauce prend au début grâce à un humour bien senti, on se retrouve vite déçu par ce qui n’apparaît que comme une accumulation de scènes-clés appartenant à la légende de la blacksploitation. Le film perd donc rapidement son intérêt, ce qui est vraiment dommage au vu des moyens et de l’implication mis en place.

Il y avait là matière à créer une franchise vraiment excitante, mais Black Dynamite ne semble pas pour l’instant suivre cette voie, mis à part pour le petit écran où une série animée a démarré en 2010.