lundi 30 mars 2009

24 HEURES CHRONO: REDEMPTION


La Fox délocalise pour un épisode de 2 heures servant d’introduction à la saison 7 des aventures de l’inépuisable Jack Bauer. L’action se déroule en Afrique où Jack a trouvé refuge chez un ancien compagnon d’armes interprété par l’excellent Robert Carlyle. Les producteurs en profitent pour mettre en place une intrigue basée sur une triste réalité, celle des enfants-soldats opérant dans les milices rebelles africaines.
Il y a un aspect indéniablement John Rambo dans cet épisode, avec un personnage devenu forcément iconique et qui continue de traîner sa culpabilité et sa solitude à travers le monde. Jack Bauer tente de refaire sa vie loin d’une Amérique qui l’a abandonné, et il garde toujours ses réflexes de soldat allié à un instinct de survie essentiel. L’image de Jack avec son sac à dos renvoie bien évidemment au Rambo originel de Ted Kotcheff, et la filiation est d’autant plus crédible qu’il se retrouve pris malgré lui dans un combat acharné contre une junte locale. Tout comme le personnage incarné par Sylvester Stallone, le héros est tourmenté et agit pour contrer une menace. Il ne décide pas de combattre, il y est obligé par la force des choses, ce qui achève d’en faire une figure tragique.


Ce 24 : Redemption se regarde avec plaisir, mais il est plutôt light comparé aux épisodes habituels. Le format y est évidemment pour quelque chose, puisqu’il n’est pas vraiment possible de croiser une multitude d’intrigues en si peu de temps. Il faut alors voir ce téléfilm pour ce qu’il est, à savoir une mise en bouche destinée à donner envie de voir une saison 7 promettant son lot de rebondissements (la bande-annonce est à ce titre explosive !). Le traitement est plus épuré qu’à l’accoutumée et déroule une intrigue linéaire voyant Jack lutter contre une armée rebelle. S’il n’est pas novateur, cet épisode contient les ingrédients habituels (torture, explosions, gunfights) et permet de renouer avec le célèbre agent que l’on avait plus vu depuis maintenant 2 ans, suite à la grève des scénaristes qui avait paralysé Hollywood. Niveau casting, la présence de Robert Carlyle est une excellente surprise, et il est accompagné de Jon Voight, Isaac de Bankolé, et même Tony Todd (Candyman! Candyman! Candyman!) dans la peau d’un méchant général.


C’est Jon Cassar qui réalise ce téléfilm introductif, tristement historique puisqu’il s’agit de sa dernière participation au show. Après avoir réalisé plus d’une cinquantaine d’épisodes, il fait suite au créateur Joel Surnow qui a lui aussi décidé de se retirer de la série. Des départs difficiles qui risquent fortement de voir la saison 8 mettre un terme à l’une des séries les plus captivantes de la dernière décennie. Bon, en attendant, il reste 2 saisons et un film qui devrait se tourner en Europe, alors les choses peuvent encore évoluer favorablement pour l’agent Bauer…


Diffusion probablement fin septembre début octobre sur Canal +...

samedi 28 mars 2009

DEXTER SAISON 3



La troisième saison s’est terminée ce jeudi 26 mars sur Canal +, et il faut bien avouer que le rythme s’essouffle peu à peu. Après une première saison d’une densité éblouissante, la seconde était nettement en-deçà tout en préservant des intrigues de qualité et des personnages attachants. Cette troisième saison ne parvient plus à faire illusion, et banalise simplement le personnage de Dexter Morgan en lui assignant des fonctions auxquelles il semble totalement étranger.
Le virage opéré lors de la saison 2 voyait un Dexter amené à prendre davantage position quant à ses relations sociales et affectives. L’équilibre scénaristique avec ses occupations criminelles se maintenait encore, ce qui n’est malheureusement plus le cas dans la saison 3. Au lieu de l’homme à part qui assouvissait ses besoins primaires tout en conservant un cynisme et un degré de ruse qui faisait plaisir à voir, on assiste davantage à une lente érosion vers le soap simpliste. Les problèmes de couple et de paternité du héros mettent trop en retrait les questionnements psychologiques qui émaillaient la saison 1 et qui survivaient dans la 2. En gros, Dexter est davantage caractérisé par ses propensions asociales et sa volonté de rentrer dans le moule. Les tiraillements inconscients se font plus rares, et les meurtres aussi. On assiste donc à l’apprentissage des coutumes sociales par un ado sur le tard…


L’autre grosse mauvaise idée de cette saison réside dans l’apparition du personnage de Miguel Prado. Ce juriste de renom va entretenir une amitié avec Dexter, ce qui ne sera pas sans risque. Une fausse bonne idée, car ce personnage (incarné par Jimmy Smits, ex-NYPD Blue) est sans intérêt. Et comme leur relation va se poursuivre tout au long de la saison, ça plombe bien l’ambiance… Le lot habituel de manipulations est toujours d’actualité, mais commence à prendre une tournure factice plutôt désagréable. Et le personnage de Dexter s’éloigne trop de ce qu’il était au début, ce qui réduit considérablement la portée des thématiques premières.
Un Dexter qui perd de sa superbe et qui se banalise, il n’en faut pas moins pour faire d’un show tout simplement génial quelque chose de trop commun. Espérons que la saison 4 permettra à Morgan de reprendre du poil de la bête, car c’est cette bête qui fascinait… Sinon, Masuka est toujours aussi bon !

mercredi 25 mars 2009

SOUTHLAND TALES


Il aura fallu attendre 3 ans avant de pouvoir découvrir le second effort du génial réalisateur de Donnie Darko. 3 ans que le film traîne entre une incompréhension lors de sa projection à Cannes suivi d’un remontage d’une année, et de multiples tentatives de sorties à chaque fois avortées. Alors même s’il ne sort qu’en DVD (le 24 mars), l’événement est de taille puisque le film va enfin pouvoir révéler sa complexité fascinante.
En deux films, Richard Kelly a su créer un univers très personnel convoquant les flux temporels et le caractère éphémère de l’existence. Donnie Darko fonctionnait sur une échelle métaphysique plus que singulière, et Richard Kelly s’aventure avec Southland Tales sur une autre branche de cet univers atypique. Les liens entre les deux métrages sont évidents, sans pour autant que l’auteur se répète. Les thématiques sont proches, mais le traitement diffère sensiblement et offre une vision plus cynique de l’avenir de l’humanité.



Southland Tales raconte les aventures de Boxer Santaros (The Rock), star de films d’action retrouvé amnésique en plein désert et recueilli par Krysta Now (Sarah Michelle Gellar), star du porno qui possède accessoirement sa propre émission de débats socio-politiques. Une organisation néo-marxiste va tenter d’infléchir le cours des élections en se servant de Boxer, qui est le mari de la fille du candidat républicain. Parallèlement à cette intrigue, la compagnie US-IDent est sur le point de créer un générateur d’énergie à mouvement perpétuel qui pourra pallier le manque de ressources naturelles caractérisant ce futur proche.
Le scénario de Richard Kelly est d’une densité exemplaire et propose un univers futuriste d’un réalisme hallucinant jusque dans ses moindres détails. Les images tournant en boucle dans le centre névralgique de contrôle de la population permettent de comprendre ce qu’est devenu ce monde, et l’aspect Big Brother se répercute à chaque instant. La thématique du filmage et de la perception de la réalité est importante dans le scénario, et Kelly joue avec finesse sur la facilité avec laquelle dynamiter la fonction première de l’information pour la détourner. Tout est sous contrôle, et il est très difficile d’échapper à Nana Mae Fost (glaciale Miranda Richardson), postée dans sa tour de contrôle avec toute la démesure de son omnipotence.



Southland Tales n’est pas un film d’action, ce que la présence de The Rock aurait pu faire croire. C’est avant tout un film d’ambiance, travaillé sur un mode pré-apocalyptique qui pourrait trouver une parenté avec The doom Generation et Nowhere de Gregg Araki. Richard Kelly pose une atmosphère faussement calme et délictueuse, dans laquelle les protagonistes vont se mouvoir en glissant vers une apocalypse inéluctable… Le parallèle avec Araki est indéniable, chacun proposant sa vision pessimiste de la nature humaine dans des rêveries bien barrées…
The Rock est simplement génial dans le rôle de Boxer, auquel il donne une touche de vulnérabilité étonnante au vu de la carrure de l’acteur. Son jeu est véritablement intense, et participe à l’émulation générale ayant conduit à la réussite artistique totale de ce projet dense et fou. Justin Timberlake est très étonnant lui aussi, Sarah Michelle Gellar apporte une naïveté touchante à son personnage de hardeuse, Sean William Scott joue avec une sobriété qu’on ne lui connaissait pas jusqu’à présent… Le casting hétéroclite est véritablement un atout pour ce film, et si ça ne suffit pas, il y a encore Jon Lovitz, Kevin Smith, Eli Roth, et même Christophe(r) Lambert jouant un personnage bien barré aussi…
Un petit mot sur la musique très Nine Inch Nails tendance The Beginning of the End, et après recherche, il s’avère que Trent Reznor est également crédité comme compositeur aux côtés de Moby. La présence du pilier de NIN participe activement à la création de cette ambiance si particulière dans laquelle baigne le film de Kelly, qui est tout simplement l’un des meilleurs films d’anticipation qu’il m’ait été donné de voir. De par sa complexité scénaristique géniale et son rendu visuel bluffant, Southland Tales s’impose à l’esprit et son aura perdure encore longtemps après sa vision. Une œuvre d’une rare intelligence menée avec un sens de la mise en scène aguerri, qui comblera les spectateurs les plus exigeants.

dimanche 22 mars 2009

WATCHMEN- LES GARDIENS


J’étais plutôt méfiant face à cette adaptation du comics d’Alan Moore et Dave Gibbons, surtout à cause du précédent opus de Zack Snyder qui m’avait vraiment déçu. Les Spartiates huilés de 300 m’avaient profondément ennuyé, et c’est avec une certaine indifférence que je voyais se profiler la sortie de Watchmen. Les critiques dithyrambiques ne faisaient que renforcer ma méfiance, mais à force d’en entendre parler sans arrêt, et au vu d’une période cinématographique creuse, je me suis dis que j’allais tenter le coup. Ce que je ne regrette pas du tout !
Snyder aime les comics, et sa propension à privilégier une mise en scène stylisée se ressentait déjà dans son premier long L’Armée des Morts, énergique relecture du surévalué Zombie de Romero. Violent et vif, il remettait au goût du jour le mythe du mort-vivant (bien que Danny Boyle avait entamé le processus avec son 28 Jours plus tard, que les puristes les plus tatillons qualifieront de film d’infectés). Avec 300, Snyder transposait le comics de Frank Miller avec paraît-il une fidélité remarquable. Pour ma part, j’y ai surtout vu un très long clip avec des hommes musclés qui gueulaient et se mettaient sur la tronche dans des poses tellement iconiques que ça en devenait lassant. Cependant, le film témoignait d’une grande maîtrise visuelle dans la composition de ses tableaux, mais quelle vacuité…


D’où ma crainte d’être à nouveau déçu, et le soulagement de me rendre compte des qualités indéniables de son dernier film. N’ayant pas lu l’œuvre originale, je ne pourrais comparer les deux supports. Mais cinématographiquement, Watchmen s’avère d’une richesse étonnante et d’une grande maîtrise. Les ralentis totalement inutiles dans 300 possèdent ici une forte valeur narrative, le film traitant son sujet en insistant sur l’aspect temporel. Les montres et autres mécanismes d’horlogerie parsèment le film à intervalles réguliers jusqu’à donner au temps une réalité physique. Parallèlement à cela, Snyder prend son temps et développe son récit en 2h43 amplement utiles.



Un autre aspect qui pouvait faire peur au vu de la bande-annonce, c’est l’aspect ridicule des costumes. On ne peut pas dire que le Hibou ait la classe, et Ozymandias n’est pas un modèle d’élégance. Mais Snyder joue avec les conventions super-héroïques en détournant le spectateur de cet aspect et en lui proposant une plongée profonde dans ce qui fait la nature même du héros, au-delà du masque qu’il revêt. C’est là tout l’intérêt de ce film, qui explore avec intelligence la substantifique moelle du modèle costumé. Les failles humaines, les choix dramatiques, le scénario s’en sert pour construire une fiction dont les personnages seraient très crédibles même sans leur fonction de «masques ». On assiste donc à une histoire d’amour poignante, à des regrets et à de la culpabilité, et ce qui ressort le plus à la vision de ces personnages, c’est justement leur aspect humain. Même le plus inhumain d’entre eux, le Dr. Manhattan, révèle quelques sentiments malgré sa différence avec ses ex-équipiers.


L’aspect social développé par les scénaristes David Hayter (X-Men et X-Men 2) et Alex Tse bénéficie d’un contexte rétro-futuriste d’une très grande richesse, et les nombreux détails historiques détournés qui émaillent le film sont autant de points d’ancrage supplémentaires pour le réalisme des situations. Nixon en est à son 5ème mandat, la guerre du Vietnam a été rapidement expédiée, et la guerre froide est sur le point de déboucher sur un holocauste nucléaire. Une situation dramatique et un climat de paranoïa savamment retranscrit, dans lequel les anciens héros ont été contraints de ranger leurs costumes au placard pour ne pas devenir hors-la-loi (qui a dit Civil War ?). Un seul d’entre eux résiste, il s’agit du mystérieux Rorschach, qui est un personnage tout simplement génial. L’idée du masque blanc aux tâches noires mouvantes est excellente, mais sa complexité psychologique l’est tout autant. Dernier vigilante actif, il décide de retrouver ses anciens camarades lorsque le Comédien se fait assassiner.
Fréquenté par des acteurs très talentueux (Jackie Earle Haley et Jeffrey Dean Morgan en tête, respectivement dans les rôles de Rorschach et du Comédien), Watchmen est une réflexion étonnante sur le mythe du super-héros doublé d’une vision de l’humanité intense. Au-delà du blockbuster annoncé, c’est surtout un grand film donnant toute sa place à la condition de l’être humain.

jeudi 19 mars 2009

POSTAL







Vous connaissez probablement Uwe Boll comme le réalisateur des navets cosmiques que sont Alone in the Dark, Bloodrayne et autre King Rising. Le réalisateur germanique reste dans un créneau qui lui rapporte du fric sans qu’il ait besoin de s’armer d’une intégrité artistique, à savoir l’adaptation systématique de jeux vidéos pour le grand écran (ou pour le DTV, sans vouloir lui faire offense). Uwe Boll est incontestablement considéré comme l’un des pires réalisateurs en activité, et son nom trônera probablement aux côtés de celui d’Ed Wood dans les cinémathèques du prochain siècle. Mais la persévérance du bonhomme aura quand même eu raison, et par-delà les bouses innommables pondues à la va-vite, jaillit une pépite indescriptible remettant totalement en cause la réputation peu flatteuse du teuton.

Disons-le tout de suite, Postal est un très bon film. Je ne pensais pas pouvoir écrire ça un jour sur Uwe Boll, mais l’adaptation qu’il fait du jeu vidéo dont il est lui-même concepteur est une farce énorme où le mauvais goût règne en maître. C’est bien simple, on a l’impression d’assister à une transposition du monde de South park en chair et en os, ce qui est d’ailleurs clairement écrit sur l’affiche. Uwe Boll livre un film totalement barge et irrespectueux, s’évertuant à tourner en dérision les Talibans, les attentats du 11-septembre, les handicapés, les sectes, et j’en passe. Postal est un monument de mauvais goût que ne renierait pas John Waters, et s’avère diablement efficace en imposant un rythme soutenu. L’histoire est irracontable, mais va voir un loser (très proche d’un certain Shaun, jusque dans sa tenue vestimentaire) aux prises avec des terroristes voulant récupérer des peluches en forme de bites. Le concept est attrayant et va permettre à Uwe de verser dans le salace et dans la violence outrancière avec une aisance que l’on ne lui soupçonnait pas. Les séquences s’enchaînent en conservant une tonalité humoristique marquée, et les gags énormes ne sombrent jamais dans la facilité. Mieux, j’irai jusqu’à qualifier cet humour totalement politiquement incorrect de subtil, tant il est maîtrisé. Evidemment les puristes crieront au scandale, mais Postal est tellement barré et atypique qu’il faut reconnaître que les risques pris par le réalisateur s’avèrent payants.


Des mannequins déguisées en nazis, un chat en guise de silencieux, Oussama se baladant main dans la main avec W… Autant de partis pris humoristiques osés qu’assume totalement Uwe Boll, et le résultat est une comédie enlevée qui ne ressemble à aucune autre. Un OVNI étonnant, qui sera probablement la pièce maîtresse de l’œuvre de l’incroyable Uwe Boll, mais qui ne semble pas destiné à sortir dans nos contrées…

lundi 16 mars 2009

PUNISHER : WAR ZONE


Deuxième tentative de moderniser le célèbre justicier Marvel après le ratage intégral de Jonathan Hensleigh en 2004. L’Allemande Lexi Alexander prend les commandes de ce qui s’apparente plus à un reboot qu’à une suite, et qui tente de s’inspirer davantage de l’ambiance instaurée par Garth Ennis dans le comics depuis maintenant 10 ans. Une bande-annonce alléchante à souhait achevait de confirmer que l’on se retrouvait enfin devant une version définitivement adulte et gore du personnage.
Et les résultats décevants du film aux Etats-Unis ont refroidi les distributeurs potentiels en France, puisque War Zone ne bénéficie simplement d’aucune date de sortie, ni en salles ni en vidéo. Dire qu’il mérite son sort serait cruel, mais se rapprocherait pourtant de la vérité. Autant le dire tout de suite, la meilleure version du Punisher reste probablement celle immortalisée par Dolph Lundgren en 1988…




La présence d’une femme derrière la caméra pour filmer une adaptation d’un comics ultra-bourrin possédait un attrait certain, et l’on aurait pu s’attendre à une variation entre des gunfights couillus et une approche sensitive du statut d’anti-héros. Mais après avoir abandonné la vision d’Hooligans, le premier film d’Alexander sur les gentils supporters anglais, le doute était permis quant à sa capacité à supporter la production de War Zone. La mise en scène d’Hooligans s’avérait finalement très superficielle, et cette nouvelle version du Punisher en fait aussi les frais.
Le trailer dévoilait une violence frontale et hyper crade, qui s’avère très réussie dans le film. Le problème, c’est que ça se résume à trois scènes soigneusement disséminées dans le film : une au début, une au milieu, et une à la fin. C’est ce qu’on appelle remplir un cahier des charges, et il faut admettre que Lexi Alexander crée des gunfights solides et vraiment bourrins. A ces moments-là, sa mise en scène s’avère très efficace en jouant sur la géographie des lieux et sur la temporalité de l’action. On retrouve donc fugacement le Punisher cher à Ennis, froid, méthodique et impitoyable. Les crânes explosent, les jambes s’arrachent et les têtes tombent. Jouissif et sanglant à souhait.



Dommage que tout le reste, à savoir les trois quarts du film, ne bénéficie pas de la même approche formelle et se complaît dans une imagerie faussement crade à base de lumière très travaillée et de plans léchés couplés à des effets clippesques. La différence de mise en scène est si nettement marquée que je soupçonnerais presque le réalisateur de seconde équipe d’avoir œuvré sur les fusillades… De plus, les producteurs n’ont pas retenu la leçon du fiasco artistique du film d’Hensleigh, puisqu’ils n’ont cette fois-ci encore pas décidé de se baser sur un scénario fouillé. Le film reprend une intrigue proche de la période Marvel knights du personnage, et convoque l’un des tous premiers ennemis de Frank Castle, et probablement l’un des plus acharnés, en la personne de Jigsaw. Mais si Travolta ne parvenait pas à faire un méchant crédible face à Thomas Jane, Dominic West n’y parvient pas non plus et son personnage verse dans la caricature assez rapidement. Très dommageable au vu du potentiel du personnage, mais symptomatique d’un manque de respect pour le matériau de base.
Punisher : War Zone s’avère une déception de plus à porter au palmarès des adaptations Marvel, et la version cinématographique ultime du justicier solitaire reste encore un fantasme… Quoique, il faudrait quand même que je revoie Dolph…



samedi 14 mars 2009

THE LOST


Gérardmer 2009, c’est terminé, et pourtant ça continue ! The Lost fait partie des films programmés cette année dans la catégorie Inédits Vidéos. Ce film de 2005 n’est toujours pas parvenu chez nous, et Mad Movies répare cette injustice en sortant le DVD avec son numéro du mois de mars. L’occasion de découvrir une oeuvre singulière adaptée d’un roman de Jack Ketchum, auteur aimant naviguer dans les eaux tortueuses de l’horreur et des psychologies dérangées.
La structure narrative est particulière, puisque le film débute de manière très brutale et pose d’emblée une ambiance paradoxale faite de sang et de nostalgie. C’est là toute la particularité de la mise en scène de Chris Sivertson, qui évite l’écueil voyeuriste en intégrant une dimension adolescente capitale dans la tentative de compréhension de la psychologie du personnage principal. Si le film ne se détourne pas d’une propension à la violence frontale, il le fait en gardant souvent un point de vue extérieur à Ray Pye, le tueur illuminé magnifié par le méconnu Marc Senter. Même s’il se glisse parfois dans son esprit (la scène du saccage de la maison, vue avec le filtre du souvenir), Chris Sivertson s’appuie sur des personnages secondaires complexes qu’il va confronter à Ray et qui vont permettre d’éviter de sombrer dans le glauque outrancier. The Lost garde constamment à l’esprit les faiblesses de son personnage, et il le suit avec d’autant plus d’inquiétude dans sa déchéance.


Ray Pye est incarné par un excellent acteur, Marc Senter, qui en fait à la fois un être désespéré et magnétique. On se retrouve parfois entre deux eaux, à ne plus trop savoir si ce qui se passe est réel ou sort de la psyché malade de Ray, mais la touche onirique que pose Sivertson convoque bien évidemment les fantômes de la belle Mandy Lane. Sans parvenir à maintenir le rythme parfait du film de Jonathan Levine, Sivertson s’en rapproche de manière très personnelle, et fait de The Lost un film étonnant par ses qualités dramatiques insoupçonnées. La mise en scène peut déboucher sur des séquences d’une violence crue, tout comme elle peut donner vie à des scènes véritablement sensuelles. Le réalisateur imprime une vision atypique de l’adolescence américaine, tout en lui donnant une sincérité qui le place à côté d’auteurs comme Gregg Araki ou Larry Clark.


Le choc causé par certaines scènes vient du fait que l’on assiste impuissant à une montée soudaine de violence, perpétrée par un loser parvenant à une toute puissance dans ces moments-là rompant avec la monotonie de son existence passive. Ray Pye semble être véritablement vivant dans ces instants morbides, et la folie dans laquelle il se perd est d’un réalisme d’autant plus choquant qu’on reste souvent centré sur le point de vue des victimes.
The Lost est un film atypique traitant avec intelligence du thème archi rebattu du serial killer, bénéficiant en plus d’une mise en scène de toute beauté. Si vous n’en lisez qu’un, ce sera le Mad du moi de mars !

lundi 9 mars 2009

SURVEILLANCE


15 ans après son premier long Boxing Helena, Jennifer Lynch renoue avec le cinéma pour un thriller baignant dans une atmosphère bien tendue. Une très longue parenthèse entre deux œuvres radicalement différentes, même si elles laissent toutes deux apparaître un net penchant pour les figures désaxées et les comportements déviants. Boxing Helena était un premier film ambitieux dans son propos casse-gueule (une femme mutilée par un homme amoureux afin qu’elle ne lui échappe pas), mais qui ne parvenait pas a garder une tension constante et qui souffrait d’un scénario plus approprié à un court qu’à un long métrage.
Jennifer Lynch prend une bonne bouffée d’air avec ce Surveillance (sorti en DVD le 20 février), qui s’éloigne du huis-clos de Boxing Helena et qui y gagne une mise en scène plus fluide et aérée. Ses plans contemplatifs d’une route désertique surmontée d’un beau ciel nuageux font écho à cette pause cinématographique de 15 années ; Jennifer Lynch a pris le temps, et le prend encore en filmant lentement avec la vision précise d’une artiste consciente de la fugacité temporelle et qui s’y inscrit avec humilité.
Car au-delà de l’argument policier du film, c’est à une distorsion temporelle que l’on assiste ; Jennifer Lynch ne mène pas son enquête de front, mais passe constamment du présent au passé, qui se divise en fait en plusieurs passés. 3 personnes se retrouvent interrogées dans un commissariat, et chacun se trouve dans une pièce différente. Chacun va donner sa version d’un terrible événement, et les deux agents du FBI (interprétés par les rares et excellents Bill Pullman et Julia Ormond) venus pour mener l’enquête vont devoir comprendre ce qui s’est réellement passé à travers ces trois interrogatoires. Le film est donc constitué de flashbacks qui vont progressivement éclairer le spectateur sur les événements, et la tension va monter graduellement grâce à ce procédé mêlant passé et présent.



Le scénario écrit par Jennifer Lynch et Kent Harper laisse place à une galerie de personnages bien spéciaux, notamment deux flics carrément allumés. Mais ils va surtout dérouler un récit inquiétant débouchant sur un final plutôt surprenant, en maintenant toujours cette tension sous-jacente et en la faisant exploser à des moments-clés. Surveillance bénéficie d’une construction scénaristique très élaborée, et la mise en scène de Jennifer Lynch permet de garder intacte cette tension en y apposant des touches faussement calmes. L’atmosphère se dégageant du film est très particulière et pourra dérouter certains spectateurs, mais elle renforce la crédibilité de la situation et cadre parfaitement avec l’explication finale.
Surveillance est une bonne surprise après les approximations de Boxing Helena, et prouve que Jennifer Lynch a trouvé un ton bien à elle et s’est débarrassé des scories artistiques dues à son père. Une identité bien claire qui devrait donner naissance à des œuvres très originales et tordues…


vendredi 6 mars 2009

WOLVERINE : CIBLE : MYSTIQUE !


Fin de l’arc en 4 épisodes Cible : Mystique ! ce mois-ci dans le numéro 182 de Wolverine. Le célèbre mutant (qui sera à l’honneur dans les salles fin du mois prochain) achève sa traque et rattrape enfin la métamorphe Mystique, qui avait encore une fois trahi les X-Men.
Le montage parallèle entre passé et présent accentue la perspective personnelle de cette chasse à l’homme en mettant à jour un contentieux ancestral entre les deux mutants. La trame du récit se déroulant en 1921 relate la première rencontre entre Wolverine et Mystique, rencontre déjà très marquée par la mort. C’est au début du siècle que se met en place une relation complexe et sournoise, où l’amour n’est pas forcément exclu.
Le passé se répercute dans le voyage que fait aujourd'hui Logan à travers le Moyen Orient et l’Asie Centrale, et met à nu les choix difficiles que le vieux mutant a pu faire à l’époque. Sa personnalité taciturne et brutale ne date pas d’hier, alors que la duplicité de Mystique se révélait déjà à son plus haut niveau. Un combat fracassant entre deux fortes têtes se plaçant chacun d’un côté de la balance de la justice. Malgré ses erreurs, Wolverine a toujours tenté de dompter sa part sauvage, alors que Mystique se plaît à manipuler ceux qu’elle croise sur sa route.



Le dessin de Ron Garney rend bien justice à l’impeccable scénario de Jason Aaron, aidé par une colorisation aux teintes crépusculaires signée Jason Keith. Les visions d’un Logan ravagé par une fusillade ou l’explosion d’une voiture sont saisissantes, et Jason Aaron explore les sensations que peut bien traverser le mutant lors de ses morts temporaires. La douleur de l’impact, la modification de conscience, et la torture lorsque le corps se répare. Le scénariste désacralise le fameux pouvoir auto-guérisseur de Logan en le décrivant comme une sorte de malédiction avec laquelle il doit vivre. Un parti-pris très intéressant et finalement très révélateur sur la personnalité du X-Man, qui passe le plus clair de son temps à cicatriser, mais qui accepte toujours de soumettre son corps à la torture. D’un point de vue scénaristique, ça donne des idées surprenantes quant aux méthodes employées pour mener à bien une mission…
Cible : Mystique ! s’avère donc un arc plutôt solide, ce qui n’est pas le cas d’En Vrille !, le second récit du mensuel. Même s’il faut reconnaître que pour son avant-dernier numéro, le combat entre Wolvie et Deadpool propose cette fois-ci une plongée dans la psychologie des « héros » pas inintéressante. Ca fait du bien de voir enfin un peu de profondeur dans cette joute pas très emballante, mais ça ne rattrape pas la fadeur des 3 numéros précédents. Conclusion le mois prochain…