vendredi 31 juillet 2009

AUTOUR D'UN LIVRE

J’ai été tagué par Vance, et je dois donc répondre à une série de questions sur le thème « autour d’un livre ». Je trouve le principe très sympa et je le remercie d’avoir pensé à moi pour ce petit tour d’horizon bien ludique !

Plutôt corne ou marque-page ?

Evidemment je suis plutôt marque-page, respect du livre oblige. Etant gamin je me rappelle très bien que je cornais les bouquins, ça ne me semblait pas aussi terrible à l’époque apparemment… Alors maintenant vient la question du type de marque-page, et je vais vous dire un truc qui selon moi aurait toujours dû rester secret, forcément. Parce que qui viendrait vous demander si vous utilisez un marque-page, hein ? Question essentielle évidemment… Et donc il faut quand même que je vous dise que mon marque-page est de type pas tout à fait carré, rouge, et qu’il y a un bonhomme noir dessus tentant de maintenir en équilibre deux plateaux avec deux bières sur chacun d’entre eux. Et en bas à droite, il y a marqué : KRO la bière. Et vous savez quoi ? Il est vraiment pratique !

As-tu déjà reçu un livre en cadeau ?


Ca m’arrive régulièrement, et j’avoue qu’en général l’épreuve des cadeaux est toujours crispante. La peur de recevoir quelque chose qu’on aime pas, la déception à l’idée de ne pas aimer un cadeau alors que celui qui l’offre a tellement envie de faire plaisir… En même temps je crois que ça me fait tellement flipper que je donne des indices de plus en plus gros au fur et à mesure que mon anniversaire approche, et donc en général ça se passe plutôt bien ! Le dernier livre que j’ai reçu c’est Nouvelles complètes 1956/1962 de J.G. Ballard, et j’en suis vraiment ravi!



Lis-tu dans ton bain ?

Jamais. Trop dangereux.

As-tu déjà pensé à écrire un livre ?

Oui bien sûr, mais je fonctionne d’une manière qui ne me permettra pas d’aller au bout de l’acte. Si un soir je trouve une idée qui me paraît fabuleuse et que je commence à écrire dessus, je suis certain qu’elle ne me paraîtra plus aussi intéressante le lendemain, et ma motivation retombe. Je ne parviens pas à rester focalisé assez longtemps sur un sujet, et j’admire d’autant plus les cinéastes ou écrivains qui passent des années de leur vie sur une histoire précise ; je trouve ça fascinant et en même temps très éloigné de moi. Pourt ma part je dois varier les univers et les genres très souvent, c’est pour ça que les critiques de mon blog me permettent de bien compenser mon envie d’écriture. Alors à moins d’écrire une nouvelle en un soir, il y a très peu de chances pour que je ponde quelque chose de concret !

Que penses-tu des séries en plusieurs tomes ?



Elles demandent de la motivation et du temps, mais si on plonge dans un univers qui nous happe totalement, c’est plutôt salvateur de savoir que d’autres bouquins nous attendent encore derrière… Quand j’ai dévoré le premier tome de Millénium, j’étais bien content qu’il y en ait deux autres… Et en même temps dégouté que Stieg Larsson soit mort alors qu’il voulait écrire 10 tomes…




As-tu un livre culte?

Pas de livre culte, mais un auteur culte : Joe R. Lansdale. Des bouquins de dingue (Les Marécages, Sur la Ligne noire, Le Mambo des deux Ours…), et même dans ses écrits plus mineurs, toujours cette même atmosphère redneck qui sent le bayou et la chique, et j’adore ! Son style direct et poétique à la fois, avec des perles dans chacun de ses bouquins. Là j’en ai ouvert au hasard :





-« Baiser », c’est technique. « Faire l’amour » ressemble au cours d’une rivière. A un nuage dans le ciel.- Bon sang, où est-ce que tu vas chercher ces conneries ?- J’crois que c’est le moine qui dit ça à Grasshopper dans Kung Fu. T’as jamais vu cette série télé ? David Carradine ne connaissait pas un pet aux arts martiaux. (L’Arbre à Bouteilles)



Eh bien, je vais vous dire un truc. Ca pourrait être sa foutue sœur siamoise qui se serait tirée avec sa couille gauche dans sa poche, j’en ai rien à branler ! (Le Mambo des deux Ours)

-T’as merdé à la naissance ? –Accident industriel. –Quel genre ? –Explosion dans un élevage de poulets, et j’étais dedans. –Bon sang, qu’est-ce qui peut bien exploser, dans un élevage de poulets ? –Les poulets. Maigrichon réfléchit un instant à cette réponse et éclata de rire. –Tu te fous de moi, c’est ça ? –J’ai été touché au visage par les volatiles qui fusaient dans tous les coins. Ils bouffaient trop, et y’en a un qu’a pété juste au moment où un contremaître allumait un clope, et la suite appartient à l’histoire. On a appelé ça le Grand Désastre des Poulets d’Owentown. (Un Froid d’Enfer)

Aimes-tu relire ?

Je ne relis pas les livres que j’ai lu, par contre je ferai probablement une exception pour le cycle Fondation dont j’ai lu le premier tome il y a bien longtemps, et dont la lecture me démange à intervalles réguliers. Ca devrait être pour bientôt !

Rencontrer ou pas les auteurs d’un livre qu’on a aimé ?

L’occasion ne s’est jamais présentée, mais j’avoue que j’aime bien l’idée de l’oeuvre se suffisant pour elle-même, et rencontrer un auteur risque de casser un mythe. Cela dit, ça me ferait quand même bien plaisir de tailler le bout de gras avec Lansdale !

Comment choisis-tu un livre ?

Parfois sur des conseils émanant d’amis ou de blogs, parfois en lisant simplement la 4ème de couverture… J’ai une préférence pour le format poche qui peut se trimballer partout !


Une lecture inavouable ?



Bien sûr ! Il y a quelques années (ça permet souvent de dédouaner ça !) j’ai tenté la lecture d’un bouquin de la collection Harlequin histoire de me marrer. Et ben je suis tombé dedans et j’ai été absorbé par les personnages et le récit! Je l’ai pas crié sur les toits…




Des endroits préférés pour lire ?

Dans mon salon en général, confortablement installé dans mon canapé. J’aime bien aussi aller lire dans un parc, c’est relaxant.

Lire et manger ?

Noooon. Pour la même raison que le bain.

Livres empruntés ou achetés ?

Achetés très souvent. J’aime beaucoup l’objet en lui-même, et le fait de l’acheter me permet de prendre mon temps pour le lire. Je me sens toujours forcé de me dépêcher s’il n’est pas à moi !

As-tu déjà abandonné la lecture d’un livre ?

Bien sûr, il y en a quand même qui sont décourageants ! Si déjà je passe du temps à lire, autant prendre un bouquin qui me plaise. Je me rappelle avoir stoppé La Tentation d’une Ile de Houellebecq, ou encore Le Sang du Temps de Chattam, alors que j’avais dévoré sa trilogie entamée avec L’Ame du Mal.

Tu tagues qui ?

Niko06 et la bande d’Airmole.

Pourquoi ?

Parce que je suis certains qu’ils ont beaucoup à dire, et qu’ils se feront un plaisir d’expliquer leurs choix bien diversifiés !

mercredi 29 juillet 2009

MIDNIGHT MEAT TRAIN



Sorti le 29 juillet



Les adaptations de Clive Barker sont très ancrées dans un esprit 90’s, et on se souvient notamment de son Cabal qui dévoilait un bestiaire fantastique élaboré bien avant Guillermo Del Toro. L’ambiance particulière de la fin des années 80- début 90 offrait un cadre particulier à cette descente en territoire inconnu. Barker est également l’homme derrière Hellraiser (qu’il a mis en scène d’après son œuvre, comme pour Cabal) et son ambiance sombre et torturée.
Tirée de ses fameux Livres de Sang, Midnight Meat Train est l’adaptation de la nouvelle éponyme et va suivre la dérive d’un photographe qui va aller de plus en plus loin afin d’obtenir des clichés d’une rare intensité. Comme d’habitude chez l’auteur, le thème de la descente aux Enfers est omniprésent, prenant cette fois-ci la forme d’une rame de métro. On descend toujours sous terre pour découvrir les pires exactions, et celles perpétrées par le mystérieux tueur ont de quoi choquer.


Midnight Meat Train ne lésine pas sur les baquets d’hémoglobine, et l’on assiste effectivement à certaines scènes bien difficiles. Mais la surenchère des effets gores est traitée par une mise en scène totalement ingénieuse de la part de Rihuey Kitamura, l’homme derrière Versus l’ultime Guerrier, Azumi ou Godzilla final Wars. La propension vertigineuse du réalisateur japonais s’adapte à merveille à l’univers de l’écrivain, et ses délires visuels parviennent à un niveau de maturité très remarquable. Le plan subjectif du meurtre de la jeune femme est à ce titre exceptionnel et offre une vision choquante et géniale de ce que le cinéma d’horreur peut offrir de mieux. Kitamura innove et propose avec Midnight Meat Train un ride horrifique totalement ludique et sanglant, marqué par une réelle intensité et un sens visuel des plus aboutis.
La photographie de Jonathan Sela permet à Kitamura de composer des plans de toute beauté, et l’on se plaît à suivre ses tableaux aux tonalités grisâtres percutantes à la texture parfaite. Chaque plan semble travaillé comme pour en tirer une photo de la manière la plus optimale possible, rejoignant par là même l’obsession du personnage principal. La conjonction de ces talents va permettre de créer des meurtres d’une beauté graphique à couper le souffle, et l’on va assister à des séquences à la fois éprouvantes et captivantes. Les plans iconiques à souhait du tueur avec son marteau de boucher possèdent un impact radical, renforcé par l’intensité de l’acteur qui l’incarne...


La prestation de Vinnie Jones dans la peau du tueur est énorme, et il joue de son regard et de sa stature de manière très imposante. Kitamura le filme avec une fascination compréhensible, Vinnie Jones incarnant un tueur mystérieux et magnétique à souhait valant bien les boogeymen des années 80. L’acteur que l’on a pu voir dans Snatch, X-Men l’Affrontement final (le Fléau, c’était lui!) ou Les Condamnés possède un charisme étonnant lui permettant de créer des personnages forts et fascinants, et il se fond parfaitement dans l’univers de Barker.
Midnight Meat Train est une vraie réussite, à la fois dense et tendu. Le scénario développe des personnages vraiment intéressants, donnant lieu à une relation intime élaborée entre le photographe et sa compagne. Même s’il se laisse aller à des raccourcis franchement abusés (la copine qui trouve très facilement la chambre du tueur), le dernier opus de Kitamura est suffisamment dingue et hallucinant pour plonger le spectateur dans cette descente infernale ahurissante !

mardi 21 juillet 2009

LE PRIX DE LA LOYAUTE



Sorti en DVD le 24 juin


Avec Joe Carnahan au scénario (co-écrit par Gavin O’Connor), on s’attend évidemment à un film original et à une histoire racée. L’auteur de Narc et Mi$e à Prix met son expérience du film policier au profit d’un récit à la trame classique, mais qui va développer des zones profondes en incorporant une caractérisation des personnages très travaillée.
Sur fond de meurtres de flics et d’histoires familiales, Carnahan et O’Connor brodent un récit dense dans lequel les notions de loyauté et de trahison prennent tout leur sens. On pense invariablement à La Nuit nous appartient de James Gray, et au jeu des comparaisons on peut préférer le film d’O’Connor. Le Prix de la Loyauté est plus direct, la mise en scène cherchant à retranscrire de manière très frontale l’aspect nocturne urbain dans lequel baignent ces flics. L’atmosphère sombre et pessimiste est très travaillée, et doit aussi beaucoup aux acteurs impliqués.



Edward Norton est comme d’habitude excellent dans un rôle délicat, Colin Farrell est moins subtil dans son jeu ; Noah Emmerich est vraiment bon dans le rôle du frangin policier, et Jon Voight joue le père avec son talent habituel. Une brochette d’acteurs talentueux aidés par des seconds rôles solides, comme Jennifer Ehle et John Ortiz. La cohésion de l’ensemble permet de développer un récit crédible et très prenant, en mettant en exergue les différents points dramatiques auxquels sont confrontés les personnages.
L’aspect irréversible des situations, les dilemmes face à la vérité, les prises de risque dans le métier de policier, tout cela est traité avec un sous-texte psychologique fort et une vision désabusée offrant au film un cachet réaliste achevant d’en faire une œuvre d’envergure. Au-delà de son titre passe-partout, Le Prix de la Loyauté est une vraie réussite.

samedi 18 juillet 2009

BRONSON


Sorti le 15 juillet



Nicolas Winding Refn serait-il l’homme d’un seul film ? La maîtrise formelle et l’épure narrative de Pusher n’ont jamais été égalées par ses suites plus que décevantes, et ce n’est pas non plus ce Bronson qui en ravivera la violence âpre et l’atmosphère étouffante. Bronson est une œuvre arty totalement inintéressante, un bon gros trip de metteur en scène qui laissera de nombreux spectateurs sur le carreau.
Exit l’introspection du détenu le plus violent d’Angleterre, Bronson se sert de son personnage pour en faire un simple pantin croyant maîtriser sa vie, un être n’ayant aucun but dans l’existence et n’en cherchant aucun, se contentant de la simple satisfaction d’être logé aux frais de la reine à travers différents pénitenciers du pays. Si Charles Bronson (le nom de scène choisi par Mickey Peterson dans son ascension sociale carcérale) est violent et dangereux, Nicolas Winding Refn ne veut pas d’un film de prison classique, et il le dénature complètement en utilisant la pire idée possible : la théâtralisation des situations. Bronson sur scène face à un public dans le noir, donnant des semblants d’explications en se peignant le visage tel un clown, ça pourrait prêter à faire sourire si ce n’était pas aussi sérieux. Cette volonté affichée de Bronson d’être acteur de sa propre existence est claire et symbolique, mais elle est totalement réductrice en regard du propos développé.

L’humour absurde accompagnant le film est lui aussi réducteur, annihilant toute tension et n’offrant finalement à l’impressionnant Tom Hardy qu’un rôle de pitre là où il y avait matière à développer une réelle personnalité complexe et autodestructrice. On passe véritablement à côté de ce qui aurait pu être un film tendu et explosif, les éclairs de violence étant déjoués par la mise en scène maniérée de Refn, largement influencée par l’Orange mécanique de Kubrick sans en atteindre l’élégance.
Bronson est un film sans but, montrant un individu sans but qui se bat sans savoir pourquoi. Et comme si ce n’était pas déjà suffisant, le côté arty de la chose est vraiment, mais alors vraiment excédent.

mercredi 15 juillet 2009

MESRINE : L’ENNEMI PUBLIC N°1



Sorti en DVD le 1er juillet




La deuxième partie consacrée à l’évocation de la vie de Jacques Mesrine suit un tout autre rythme que L’Instinct de Mort. Après la densité incroyable du premier volet, la tension baisse considérablement dans L’Ennemi public n°1, et les deux films apparaissent comme très distincts l’un de l’autre.
Au niveau du récit, c’est l’impression de répétition qui domine plutôt que la sensation de continuité, et L’Ennemi public n°1 apparaît comme une version plus modeste du premier film. Si la trame narrative suit évidemment la chronologie de l’existence de Mesrine, on se retrouve face à un film moins abouti et moins percutant. Les multiples arrestations et évasions ne possèdent plus le même impact, comme si au changement d’époque (nous sommes dans les années 70, alors que le premier évoquait les années 50 et 60) répondait une forme de lassitude, synthétisant la chute prochaine de l’homme le plus recherché de France. L’Instinct de Mort était un film frontal évoquant la montée en puissance d’un jeune chien fou, et L’Ennemi public n°1 traite de la chute d’un gangster établi. Cette dichotomie narrative se ressent dans la mise en scène et dans l’ambiance du film, donnant une suite finalement éloignée de ce que Jean-François Richet avait construit dans le premier opus.



Si la glorification de Mesrine était intelligemment évitée dans le premier film, elle survient ici en flirtant avec la comédie lors de certaines séquences. Ainsi, les joutes verbales situées au tribunal voient Mesrine acquérir l’auditoire à sa cause en usant de sa gouaille intarissable. Le procédé fait parfois sourire grâce à quelques bons mots d’auteur, mais la vision d’un Mesrine généreux et sympa (voir comment il traite ses otages) change radicalement la donne par rapport au premier film. On flirte avec la parodie, et le personnage devient même agaçant, Vincent Cassel surjouant souvent.
L’inventivité de la mise en scène de Richet n’est curieusement pas aussi aboutie, alors que les deux films ont été tourné en même temps sur un laps de 9 mois. Comme si l’Espagne, le Canada où les Etats-Unis l’inspiraient davantage, tandis que le second film se déroule uniquement en France. Moins percutant, ce deuxième film déçoit par rapport aux incroyables qualités du premier…
Un petit mot quand même sur la prestation de Gérard Lanvin, qui se déguise en Tom Savini pour un rôle très dispensable…


dimanche 12 juillet 2009

MESRINE : L’INSTINCT DE MORT



Sorti en DVD le 17 juin


Jean-François Richet a fait du chemin depuis son Etat des Lieux (co-réalisé avec Patrick Dell’Isola) en 1995, et il figure aujourd’hui parmi les réalisateurs français les plus captivants. Si ses points de vue politiques étaient le moteur de ses deux premiers films (avec Ma 6-T va Crack-er), il affine sa mise en scène avec le trop méconnu De l’Amour qu’illumine Virginie Ledoyen, où il rajoute une touche de poésie réaliste à la radicalité frontale qui le caractérise. Et après avoir réalisé un pur fantasme de cinéaste avec Assaut sur le Central 13 en remakant le célèbre Assaut de John Carpenter, il s’attelle à son projet le plus ambitieux : un diptyque consacré à la figure criminelle française la plus célèbre, Jacques Mesrine.


Le scénariste Abdel Raouf Dafri adapte le propre livre de Jacques Mesrine et en tire un script d’une densité remarquable à laquelle s’ajoutent une rigueur et une concision essentielles pour la transposition de cette vie si particulière sur grand écran. La finesse et la subtilité de l’écriture permettent d’obtenir un récit rythmé et vif, la temporalité jouant un rôle essentiel dans la tension régissant constamment le film. Et tout le travail qu’à pu accomplir Richet jusqu’ici semble tendre vers cette évocation foisonnante et maîtrisée de la vie du célèbre criminel.
Le privilège de sa génération lui permet d’assimiler le cinéma de Verneuil comme celui de Friedkin, et L’Instinct de Mort apparaît comme une convergence de deux écoles bien spécifiques aux similitudes flagrantes. L’utilisation des split-screens au début du film n’a rien d’anecdotique, et annonce dès le départ la volonté de créer une œuvre spectaculaire et ambitieuse se désengageant d’un point de vue simpliste, optant au contraire pour une approche viscérale et globale d’une existence vouée au paradoxe, celle d’un homme aspirant à une liberté inconditionnelle et s’engageant pour cela dans une voie irréversible. Jean-François Richet pose une ambiance héritée des polars 70’s hexagonaux mais aussi américains, et il y puise une inspiration géniale qu’il applique avec un discernement et une énergie exceptionnels.


La glorification de Mesrine que l’on pouvait craindre n’a pas lieu, et Dafri et Richet suivent un personnage ambigu et ambitieux, rongé par un besoin de reconnaissance et une envie de liberté qui le mèneront à sa perte. L’interprétation de Vincent Cassel est essentielle et totale, et il parvient à intéresser le spectateur à un personnage violent et dangereux sans se perdre dans des explications et des justifications interminables. Le traitement est avant tout cinématographique, et les enjeux passent par la mise en scène et l’impact du jeu des acteurs. En cela, le casting réuni est d’une cohérence rare, de Cécile de France à Elena Anaya, en passant par Gérard Depardieu, Gilles Lellouche ou encore Roy Dupuis.
L’instinct de Mort est un moment de cinéma dense et captivant, bénéficiant d‘une mise en scène d'une beauté et d’une intelligence remarquables.

vendredi 10 juillet 2009


Juste un petit mot pour signaler que le blog Illuminati est en place, et que vous pouvez donc atteindre en un seul clic de souris l'ensemble des articles du groupe composé de Biaze-Dredd, Matt Murdock, Néault, Vance et moi-même. Passionnés de comics et de cinéma, notre groupe tend à faire un tour d'horizon de ces médias en chroniquant des oeuvres de différentes époques, avec toute la subjectivité qui nous caractérise!
Petites particularités du blog: une fonction moteur de recherche par mot-clé, et un petit coin coup de coeur où nous mettons en avant des articles chopés sur le net traitant d'oeuvres attisant notre curiosité. Un bon moyen de découvrir d'autres blogs et d'autres auteurs!
Rendez-vous en bas à droite juste avant la liste de blogs!

mercredi 8 juillet 2009

TWILIGHT- CHAPITRE 1 : FASCINATION



Sorti en DVD le 7 juillet



Peter Jackson et Chris Columbus ont remis au goût du jour les sagas épiques basées sur des êtres merveilleux et surnaturels, et la prolifération des adaptations de romans fantastiques ne s’est toujours pas démentie. En adaptant la série Twilight de Stephenie Meyer, les producteurs de Summit Entertainment et Maverick Films ont choisi d’initier une franchise qui devrait s’avérer bien juteuse au vu du succès commercial du premier opus.


Mis en scène par la réalisatrice indé Catherine Hardwicke (Thirteen, Les Seigneurs de Dogtown), ce premier film pose les bases d’une mythologie réactualisée sur le thème des vampires, en confrontant la jeune Bella au mystérieux Edward Cullen. Irrésistiblement attirée par lui, Bella va tenter de réduire la distance qu’il souhaite garder avant de se rendre compte du statut très particulier du jeune homme. Une trame très classique, mais menée avec finesse et qui prend le temps de poser les raisons et difficultés sentimentales inhérentes à cette situation peu ordinaire. Twilight n’est donc pas un film de vampires orienté vers le gore, mais se concentre davantage sur les difficultés à créer une relation amoureuse entre deux êtres si différents. Une variation fantastique de Roméo et Juliette en quelque sorte, qui se voit dotée d’une sensibilité à laquelle répond de manière très juste l’élément fantastique.
Kristen Stewart (qui crevait l’écran dans Into the Wild, malgré son tout petit rôle) crée un personnage de jeune fille fragile très touchante, et se sort plutôt bien d’un rôle à priori plutôt classique. Robert Pattinson la joue ténébreux et hypnotique comme doit l’être tout bon vampire romantique. Essayant de concilier ses pulsions avec ses idéaux, il doit lutter pour garder le contrôle de son côté humain. C’est en cela que sa relation avec Bella est intéressante, car celle-ci réveille en lui des instincts qu’il avait réussi à réprimer jusqu’à présent.


Au-delà du mythe du vampire, c’est à une chronique adolescente que l’on assiste ; et si l’on substitue le goût du sang à l’attraction sexuelle, on se retrouve face à l’éveil de deux adolescents au monde de l’amour. Ce parallèle est loin d’être exagéré, puisqu’il jalonne le film de façon régulière. Ce deuxième niveau de lecture permet à Twilight de dépasser le schéma classique qui voit l’opposition de deux bandes de vampires, et nourrit le récit d’une fraîcheur sentimentale bienvenue.
Evidemment l’histoire reste très convenue, mais elle se permet quelques modernisations sympathiques, et elle parvient à conserver une ambiance à la fois sombre et romantique qui marque la fin de l’innocence.

dimanche 5 juillet 2009

TRANSFORMERS 2 LA REVANCHE




Sorti le 24 juin



La suite tant attendue du succès planétaire de Michael Bay a débarqué, et opte pour un fonctionnement bigger and louder avec un bestiaire robotique élargi et des scènes d’action plus nombreuses. L’histoire voit Sam Witwicky (Shia LaBeouf, excellent comme d’habitude) partir pour l’université, tandis que les attaques de Decepticons se font plus nombreuses à travers le monde. Les Autobots et l’armée américaine travaillent ensemble au sein du NEST, branche spéciale consacrée à la lutte contre les envahisseurs extra-terrestres.


La bonne surprise du premier volet tenait à un humour ravageur et un esprit teen movie auquel on ne s’attendait pas du tout. Le bon gros blockbuster métallique affichait une bonne humeur communicative qui le plaçait au-delà du simple spectacle estival et décérébré, permettant des implications émotionnelles qui n’étaient pas garanties par le sujet de départ.
La suite des aventures de Sam et Optimus Prime ne bénéficie donc plus de cet effet de surprise, mais applique la même recette avec une certaine efficacité. La mère de Sam (Julie White, excellente !) donne lieu à des scènes bien drôles, et le début du film parvient à nous remettre dans l’ambiance du premier volet. Les scènes avec John Turturro font très plaisir également, et il remet le couvert avec son personnage déjanté échappé des services secrets.


Mais Michael Bay a cette fois-ci voulu donner le maximum en terme de combats, ce qui réduit progressivement le facteur humain. L’une des grandes réussites du premier tenait dans la subtile interaction entre le gigantisme des robots et la fragilité des humains. Ici, plus le film avance, plus les scènes s’alternent entre les robots et les humains. Bay filme des combats titanesques et des destructions massives comme il se plaît à le faire depuis des années, et l’argument des robots lui permet d’y aller au maximum. Mais le manque de lisibilité réduit leur impact, la caméra virevoltante ne permettant pas d’apprécier pleinement la qualité des effets visuels. Bay a encore cédé aux tics que l’on pouvait voir dans Bad Boys 2, ce qui est dommage au vu du premier volet.
Transformers 2 est donc moins réussi que le premier car plus approximatif, mais il reste un bon spectacle bourrin et fun. Les différents clins d’œil parsemant le film le placent dans une continuité du cinéma fantastique familial et se veulent un hommage à tout un pan de cette culture ; la scène à la Gremlins est géniale, et les allusions à King Kong, Titanic et autres fonctionnent de manière efficace.
Bien que l’histoire entre Sam et Mikaela (Megan Fox) n’atteigne pas l’humour et l’émotion du premier, Transformers 2 se laisse regarder agréablement et offre un spectacle autrement plus convaincant que d’autres blockbusters (notamment le dernier Terminator)…

mercredi 1 juillet 2009

MANHUNT



Sorti en DVD le 1er juillet




L’attente a été longue avant de pouvoir découvrir ce premier film d’un jeune réalisateur norvégien, Patrick Syversen, s’annonçant comme le survival ultime. Une bande-annonce radicale, une photographie magnifique, un esprit 70’s revendiqué… Tous les ingrédients sont là pour offrir un film puissant et dense.
Mais il n’en est rien. Manhunt suit les sentiers balisés du survival en oubliant ce qui fait l’intérêt du genre, à savoir l’implication émotionnelle du spectateur. Visuellement, on assiste à des séquences radicales aux effets sanglants réussis ; mais il y a un manque cruel de psychologie, rendant les personnages totalement interchangeables. Si Syversen et Nini Bull Robsahm tentent d’insuffler un semblant de profondeur au début du scénario, tout est ensuite purement balayé lorsque la traque commence, faisant du film un simple exercice de style.


Mais là aussi, malgré la beauté de la photo granuleuse et sombre, le film ne parvient pas à emballer malgré sa courte durée (1h18). La mise en scène se veut elle aussi 70’s, avec caméra à l’épaule censée augmenter le réalisme, mais pourtant il y a un effet de distanciation qui se crée. Le procédé a été depuis longtemps remis au goût du jour, et il n’est pas suffisant pour réussir à rendre les scènes fortes.
En fait, Manhunt est un survival basique se contentant d’aligner les effets gores et les exécutions à intervalles réguliers, mais il le fait sans ce supplément d’âme qui donne envie de lutter contre les tueurs et surtout, d’avoir peur de ce qui va arriver aux héros. Vide de toute émotion, Manhunt se regarde de loin et ne parvient pas à captiver. Une très grosse déception… Dans le genre, on peut lui préférer le Dead Snow ci-dessous!