mercredi 25 mars 2009

SOUTHLAND TALES


Il aura fallu attendre 3 ans avant de pouvoir découvrir le second effort du génial réalisateur de Donnie Darko. 3 ans que le film traîne entre une incompréhension lors de sa projection à Cannes suivi d’un remontage d’une année, et de multiples tentatives de sorties à chaque fois avortées. Alors même s’il ne sort qu’en DVD (le 24 mars), l’événement est de taille puisque le film va enfin pouvoir révéler sa complexité fascinante.
En deux films, Richard Kelly a su créer un univers très personnel convoquant les flux temporels et le caractère éphémère de l’existence. Donnie Darko fonctionnait sur une échelle métaphysique plus que singulière, et Richard Kelly s’aventure avec Southland Tales sur une autre branche de cet univers atypique. Les liens entre les deux métrages sont évidents, sans pour autant que l’auteur se répète. Les thématiques sont proches, mais le traitement diffère sensiblement et offre une vision plus cynique de l’avenir de l’humanité.



Southland Tales raconte les aventures de Boxer Santaros (The Rock), star de films d’action retrouvé amnésique en plein désert et recueilli par Krysta Now (Sarah Michelle Gellar), star du porno qui possède accessoirement sa propre émission de débats socio-politiques. Une organisation néo-marxiste va tenter d’infléchir le cours des élections en se servant de Boxer, qui est le mari de la fille du candidat républicain. Parallèlement à cette intrigue, la compagnie US-IDent est sur le point de créer un générateur d’énergie à mouvement perpétuel qui pourra pallier le manque de ressources naturelles caractérisant ce futur proche.
Le scénario de Richard Kelly est d’une densité exemplaire et propose un univers futuriste d’un réalisme hallucinant jusque dans ses moindres détails. Les images tournant en boucle dans le centre névralgique de contrôle de la population permettent de comprendre ce qu’est devenu ce monde, et l’aspect Big Brother se répercute à chaque instant. La thématique du filmage et de la perception de la réalité est importante dans le scénario, et Kelly joue avec finesse sur la facilité avec laquelle dynamiter la fonction première de l’information pour la détourner. Tout est sous contrôle, et il est très difficile d’échapper à Nana Mae Fost (glaciale Miranda Richardson), postée dans sa tour de contrôle avec toute la démesure de son omnipotence.



Southland Tales n’est pas un film d’action, ce que la présence de The Rock aurait pu faire croire. C’est avant tout un film d’ambiance, travaillé sur un mode pré-apocalyptique qui pourrait trouver une parenté avec The doom Generation et Nowhere de Gregg Araki. Richard Kelly pose une atmosphère faussement calme et délictueuse, dans laquelle les protagonistes vont se mouvoir en glissant vers une apocalypse inéluctable… Le parallèle avec Araki est indéniable, chacun proposant sa vision pessimiste de la nature humaine dans des rêveries bien barrées…
The Rock est simplement génial dans le rôle de Boxer, auquel il donne une touche de vulnérabilité étonnante au vu de la carrure de l’acteur. Son jeu est véritablement intense, et participe à l’émulation générale ayant conduit à la réussite artistique totale de ce projet dense et fou. Justin Timberlake est très étonnant lui aussi, Sarah Michelle Gellar apporte une naïveté touchante à son personnage de hardeuse, Sean William Scott joue avec une sobriété qu’on ne lui connaissait pas jusqu’à présent… Le casting hétéroclite est véritablement un atout pour ce film, et si ça ne suffit pas, il y a encore Jon Lovitz, Kevin Smith, Eli Roth, et même Christophe(r) Lambert jouant un personnage bien barré aussi…
Un petit mot sur la musique très Nine Inch Nails tendance The Beginning of the End, et après recherche, il s’avère que Trent Reznor est également crédité comme compositeur aux côtés de Moby. La présence du pilier de NIN participe activement à la création de cette ambiance si particulière dans laquelle baigne le film de Kelly, qui est tout simplement l’un des meilleurs films d’anticipation qu’il m’ait été donné de voir. De par sa complexité scénaristique géniale et son rendu visuel bluffant, Southland Tales s’impose à l’esprit et son aura perdure encore longtemps après sa vision. Une œuvre d’une rare intelligence menée avec un sens de la mise en scène aguerri, qui comblera les spectateurs les plus exigeants.

6 commentaires:

  1. En te lisant je suis bien content de me l'être commandé celui-là,réception prévue demain donc je trépigne encore plus grâce à ta critique ;-)

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  2. Hé hé, ça fait bien plaisir ça! Tu verras, c'est vraiment spécial et étrange, mais dans le très bon sens du terme. Richard Kelly a créé un univers vraiment étonnant sans pour autant verser dans la surenchère, et c'est d'autant plus crédible. Une bonne grosse claque!

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  3. Bon, ben je crois que il faut que je le vois.

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  4. ha ha ha, qu'est-ce que je me suis fait chier devant ce film! Totalement indigeste, mal foutu scénaristiquement, manque total de rythme, prétentieux et mal fagoté. Pourtant, j'étais prêt à apprécier, avec la mauvaise foi qui me sied tant. Une des plus grosses déception de l'époque de sa sortie en dvd.

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  5. L'exception qui confirme la règle...

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  6. Donnie Darko m'avait bluffé, celui-là je ne le louperai pas. Merci Wade !

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