mercredi 24 mars 2010

GARTH ENNIS : SEX POWER !

Quand on parle de Garth Ennis, chacun y voit quelque chose de différent. C'est à cela que l'on reconnait les grands auteurs. Ainsi, ceci n'est pas un article habituel. Vous êtes en train de lire un crossover inter-blogs proposé par les Illuminati. Ce qui suit n'est donc qu'un chapitre d'un tout que vous pourrez découvrir en suivant les liens spécifiés à la fin de ce texte. Chacun d'entre nous a eu pour consigne d'écrire ce qu'il appréciait (ou pas) chez l'auteur, en espérant que cet hommage vous permettra de découvrir plusieurs facettes d'un même sujet tout en vous confrontant à des sensibilités diverses mais complémentaires...



Wade: Garth Ennis - Sex power!





Les personnages de Garth Ennis sont immanquablement barrés comme ont pu le prouver mes collègues. Mais ils restent des êtres (plus ou moins) humains, et doivent donc sacrifier à leurs pulsions primaires comme tout un chacun. Et étant donné le caractère si particulier des persos, il est évident que leur sexualité ne se limitera pas aux figures imposées…

On en a déjà un bon aperçu avec Preacher, puisque tout le joyeux bordel auquel sont conviés Jesse, Tulip et Cassidy résulte de l’union interdite entre un ange et un démon. On touche déjà ici à la notion de transgression que l’auteur teinte de religion, un autre de ses thèmes de prédilection. Les conséquences universelles causées par cet acte de chair font exploser la barrière de l’intime, et l’acte sexuel est ici présenté comme cataclysmique. S’il est à peine représenté graphiquement, l’aura de cette union interdite va se répercuter à travers toute la quête des trois amis et est le point de départ d’un scénario totalement barge. Et c’est parti pour 66 épisodes… La violence qui va s’abattre sur le monde est caractéristique du style d’Ennis, et la sexualité dont il traite est forcément teintée de cette même violence. Le scénariste entame avec Preacher une exploration des tabous sexuels humains, qu’il va teinter au fil de ses œuvres d’un humour noir corrosif et d’une vision désabusée de l’être humain. Avec le superflic Paulie, Ennis joue avec les apparences et démonte les illusions en mettant à jour l’homosexualité refoulée du personnage, adepte de pratiques SM extrêmes qui n’ont rien à voir avec l’image du flic parfait qu’il tente de maintenir. Le sexe chez Ennis s’accompagne souvent de culpabilité et de violence…

Une violence sexuelle qui atteint son paroxysme dans l’arc Les Négriers du Punisher, car même si elle n’est qu’évoquée, elle constitue la base scénaristique de ce comics. En recueillant une jeune femme originaire des pays de l’Est, Frank Castle va se retrouver confronté à une puissante bande organisée dont l’un des principaux revenus provient de la traite des blanches. L’ambiance est résolument plus glauque, et le sexe est ici un pivot essentiel du récit, chargé en émotion et à la violence très crue. Le sexe apparaît donc ici dans sa représentation la plus vile, puisqu’il est symbolique de la dégradation de la femme et de la soumission à l’homme dans ce qu’il a de plus abject. Mais Ennis démonte les mécanismes de la prostitution en révélant les ravages psychologiques d’un tel traitement, dans lequel les femmes ne possèdent plus qu’une valeur marchande au sein d’une économie parallèle perverse et immorale.

Mais le plus vieux métier du monde n’est pas forcément synonyme de noirceur sans fond, et Garth Ennis change de ton avec La Pro. Cette parodie de super-héros voit une prostituée être investie de superpouvoirs, ce qui va considérablement changer son mode de vie… Le traitement est ici plus fun, et l’on pense immanquablement à une variation de ce qu’aurait pu devenir Catwoman

C’est alors que débarque chez le Punisher un personnage tout simplement exceptionnel, Barracuda. Ce molosse gangsta totalement timbré va permettre à Ennis de totalement se lâcher dans la violence fun et gore. Et niveau sexe, on va avoir droit à quelques petites gâteries plutôt drôles (voir la première case du tome Barracuda) et à des dialogues bien épicés. La figure féminine est représentée de manière plutôt négative, puisque les femmes rencontrées sont plutôt du genre salope arriviste que fleur bleue… Le sexe est ici une affaire de manipulation et de pouvoir, et est une arme redoutable… Pour continuer avec Barracuda, l’arc Punisher présente Barracuda va très loin, en mettant en scène une femme de révolutionnaire ex-star du porno, mais aussi un prêtre aux mœurs très discutables… Ennis adopte un ton barré pour faire passer la pilule, mais le malaise face à cet individu n’en est pas moins présent. Une fois encore, le scénariste explore les déviances de l’humanité. Mais s’il y a évidemment un désir de choquer de la part de l’auteur, il a le mérite de traiter de cette perversion de manière frontale…


Toujours chez le Punisher, on peut découvrir dans Le Faiseur de Veuves une femme totalement détruite à la sexualité ravagée. Ici, c’est la femme qui a le pouvoir, mais il est dû à une perte d’humanité terrible puisqu’elle ne ressent plus rien physiquement. Ennis aborde le thème de la frustration dans sa vision la plus totale, et on assiste à une violence bien choquante lorsque cette femme détruit son amant dans un accès de rage incontrôlé… Là encore, on a affaire aux pulsions inassouvies qui sont traités de manière très directes…

Et si l’on parle de sexe, il faut évidemment penser aux Boys dont les aventures sont inextricablement liées à ce thème. Les Boys, ce sont des agents gouvernementaux qui font la chasse aux super-héros un peu trop laxistes avec les lois. C’est ainsi que le P’tit Hughie et sa bande sont lancés aux trousses des superslips déviants, et Dieu sait s’ils sont nombreux… Entre un gars en armure prêt à niquer un astéroïde et des rites de passages dégradants pour les superhéroïnes, on nage en plein délire comique qui se permet encore une fois d’égratigner les tares sociales liées au sexe. Le succès de la série est tel qu’on permet même à Ennis de sortir un spin-off avec Herogasm, qui traite simplement des réunions secrètes et charnelles auxquelles s’adonnent les super, généralement dans un hôtel réservé rien que pour eux, où les pauvres femmes en prennent plein le c…

Un petit tour d’horizon des subtilités de Garth Ennis qui donne évidemment bien envie de découvrir le reste de son œuvre, non ?


2 commentaires:

  1. Wouhou ! Franchement, ça a de la gueule - et avec les images en plus, ça pète grave. Bon, je me lâche, mais c'est l'heure, hein ?

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  2. Ca me plaît bien, mon premier cross! ;-)

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