mercredi 31 mars 2010

HALLOWEEN 2


Sorti en DVD le 31 mars


Après le magnifique remake du chef-d’œuvre de Carpenter, il semblait évident que la suite était attendue avec énormément d’impatience. Les images tombaient régulièrement sur les sites dédiés au cinéma, et les commentaires se faisaient écho de l’excitation grandissante autour de ce projet. Ca a duré pendant des mois, et un jour, plus de news. Blackout total autour du film après que les premières critiques soient tombées. Dans l’ensemble négatives, elles ont fait l’effet d’une douche froide, et les sites se sont rapidement désintéressés de la nouvelle œuvre de Rob Zombie. C’est ainsi que le film ne bénéficiera pas d’une sortie cinéma, et qu’il passe aujourd’hui par la case DVD.

Cet Halloween 2 est-il véritablement aussi mauvais que ça ? Avec Rob Zombie aux commandes, et au vu de ce qu’il a réussi à créer avec le premier opus, on peut fortement en douter. Et il est clair qu’Halloween 2 n’est pas la purge annoncée. Zombie réalise une séquelle qui ne manque pas d’intérêts ; mais si on la compare au premier film, il est évident que l’on est quelques crans en-dessous.

Dans le premier volet, Rob Zombie a mixé sa vision très sauvage à celle très carpenterienne qui plane sur Haddonfield depuis 1979. Le résultat était un mélange de brutalité primaire et de violence graphique énorme, qui redonnait toute sa puissance à un personnage malmené par de trop nombreuses séquelles. Michael Myers avait perdu l’aura mythique créée par Carpenter, et Zombie avait réussi le pari fou de le rendre à nouveau crédible au-delà de toute espérance. Après la claque monumentale du remake, on attendait forcément des émotions aussi intenses pour le second volet. Mais il faut bien admettre que l’on ne retrouve pas la rage et la beauté du premier.

Mais passée cette déception, on se retrouve tout de même devant un film qui poursuit la mythologie du boogeyman en prenant une direction singulière. Dans le premier, Zombie se réappropriait l’univers de Carpenter, et dans le second, il adapte l’univers de Carpenter au sien. Les partis-pris visuels sont donc sensiblement différents, et l’on baigne dans une ambiance plus metal avec des visions semblant tout droit sorties d’un bon vieux clip de White Zombie. L’imagerie gothique avec ses personnages torturés et l’esthétique très dark de certaines séquences renvoient directement à La Maison aux 1000 Morts et à ses délires visuels. Les afficionados de l’homme au masque de Shatner risquent de ne pas apprécier cette trahison, mais elle possède des aspects intéressants. Même si ces références psychologico-oniriques sont un peu trop présentes, elles permettent de relier le réalisme brut de la situation de Myers à une fonction plus vitale pour lui, celle de poursuivre un but. Et il faut bien admettre que Sheri Moon Zombie ferait une sacrée Emma Frost si elle devait un jour apparaître dans un futur épisode des X-men !


Michael Myers a changé physiquement, et sa caractérisation est à la fois osée et évidente. Rob Zombie se réapproprie le look du boogeyman 80’s, et le dépèce de son côté mythique tout en l’icônisant d’une autre manière. Il s’agit bel et bien d’une transposition et d’un rejet de ce qui caractérisait Myers jusqu’à présent, pour le faire évoluer dans une autre direction. La preuve la plus formelle en est l’absence du thème musical incontournable crée par Carpenter, qui n’apparaît que dans le générique de fin. Entre Halloween et Halloween 2, il y a un écart identitaire semblable à celui entre La maison aux 1000 Morts et The Devil’s Rejects : une toute autre atmosphère et une toute autre vision des personnages. Halloween 2 n’est certes pas le film attendu, et la tension est nettement moins dense que dans le premier. Mais il est probablement plus personnel à son auteur, et il est loin d’être mauvais. Il ne faut donc pas s’attendre à un film aussi fort, mais il reste en l’état une variation étrange et intéressante sur le
mythe.


lundi 29 mars 2010

THE FOURTH KIND


Inédit

Pour son 2ème long (il a emballé The Cavern en 2005 sur un groupe de spéléologues confrontés à une mystérieuse menace souterraine), Olatunde Osunsanmi s’intéresse aux cas d’enlèvements extraterrestres, sujet curieusement traité très rarement au cinéma alors qu’il l’est bien davantage à la télévision. Dernièrement, on se souvient de la sortie DVD d'Altered- les Survivants qui n’était malheureusement pas totalement convaincant.

L’approche d’Osunsanmi est très en phase avec la mode actuelle du cinéma-vérité constitué d’archives vidéos et de bandes sonores censées être rélles. En se présentant au spectateur avec son vrai nom et en précisant qu’elle va interpréter le rôle de la psychologue Abigail Tyler,Milla Jovovich donne dès le départ le ton qui se dégagera de ce film, à savoir la vision d’un métrage documentaire dont le but est d’expliciter les étranges phénomènes survenus dans la petite ville de Nome, en Alaska.

Le parti-pris peut s’avérer délicat, car la maîtrise des différents matériaux et des divers supports est essentielle pour donner un souci d’authenticité au récit ; et si les basculements entre le «réel » et la reconstitution semblent légèrement hasardeux au départ (notamment lors des split screen ou les deux visions coexistent), le film prend peu à peu son rythme et s’avère plutôt bien construit. The fourth Kind propose alors une histoire pas forcément spectaculaire, mais qui va interroger la part d’imaginaire du spectateur en le confrontant à des personnages troublés qui semblent en proie à une peur enfouie. La psychologue Abigail Tyler va utiliser l’hypnose afin de découvrir ce qui se cache dans les méandres de ces esprits, tous perturbés par une chouette qui les tire du sommeil vers 3h du matin (vous vous rappelez des hiboux de Twin Peaks ?).

Si The fourth Kind se repose beaucoup sur des dialogues et des images d’archives, il pose tout de même quelques scènes bien flippantes, à la fois suggestives et émotionnellement efficaces. Les séances d’hypnose ne sont pas forcément très calmes… Le jeu entre la réalité et la fiction continue tout au long du film, avec le nom de l’acteur qui apparaît au moment où son personnage intervient dans le film. Olatunde Osunsanmi se permet même un petit plaisir en jouant la personne chargée d’interviewer la vraie » Abigail Tyler…

The fourth Kind est un petit film a l’efficacité certaine, jouant sur une peur que l’on trouvait déjà dans d’autres fictions (notamment l’incontournable X-Files), et qui parvient à être intéressant par son approche post- Blair Witch réussie.


mercredi 24 mars 2010

GARTH ENNIS : SEX POWER !

Quand on parle de Garth Ennis, chacun y voit quelque chose de différent. C'est à cela que l'on reconnait les grands auteurs. Ainsi, ceci n'est pas un article habituel. Vous êtes en train de lire un crossover inter-blogs proposé par les Illuminati. Ce qui suit n'est donc qu'un chapitre d'un tout que vous pourrez découvrir en suivant les liens spécifiés à la fin de ce texte. Chacun d'entre nous a eu pour consigne d'écrire ce qu'il appréciait (ou pas) chez l'auteur, en espérant que cet hommage vous permettra de découvrir plusieurs facettes d'un même sujet tout en vous confrontant à des sensibilités diverses mais complémentaires...



Wade: Garth Ennis - Sex power!





Les personnages de Garth Ennis sont immanquablement barrés comme ont pu le prouver mes collègues. Mais ils restent des êtres (plus ou moins) humains, et doivent donc sacrifier à leurs pulsions primaires comme tout un chacun. Et étant donné le caractère si particulier des persos, il est évident que leur sexualité ne se limitera pas aux figures imposées…

On en a déjà un bon aperçu avec Preacher, puisque tout le joyeux bordel auquel sont conviés Jesse, Tulip et Cassidy résulte de l’union interdite entre un ange et un démon. On touche déjà ici à la notion de transgression que l’auteur teinte de religion, un autre de ses thèmes de prédilection. Les conséquences universelles causées par cet acte de chair font exploser la barrière de l’intime, et l’acte sexuel est ici présenté comme cataclysmique. S’il est à peine représenté graphiquement, l’aura de cette union interdite va se répercuter à travers toute la quête des trois amis et est le point de départ d’un scénario totalement barge. Et c’est parti pour 66 épisodes… La violence qui va s’abattre sur le monde est caractéristique du style d’Ennis, et la sexualité dont il traite est forcément teintée de cette même violence. Le scénariste entame avec Preacher une exploration des tabous sexuels humains, qu’il va teinter au fil de ses œuvres d’un humour noir corrosif et d’une vision désabusée de l’être humain. Avec le superflic Paulie, Ennis joue avec les apparences et démonte les illusions en mettant à jour l’homosexualité refoulée du personnage, adepte de pratiques SM extrêmes qui n’ont rien à voir avec l’image du flic parfait qu’il tente de maintenir. Le sexe chez Ennis s’accompagne souvent de culpabilité et de violence…

Une violence sexuelle qui atteint son paroxysme dans l’arc Les Négriers du Punisher, car même si elle n’est qu’évoquée, elle constitue la base scénaristique de ce comics. En recueillant une jeune femme originaire des pays de l’Est, Frank Castle va se retrouver confronté à une puissante bande organisée dont l’un des principaux revenus provient de la traite des blanches. L’ambiance est résolument plus glauque, et le sexe est ici un pivot essentiel du récit, chargé en émotion et à la violence très crue. Le sexe apparaît donc ici dans sa représentation la plus vile, puisqu’il est symbolique de la dégradation de la femme et de la soumission à l’homme dans ce qu’il a de plus abject. Mais Ennis démonte les mécanismes de la prostitution en révélant les ravages psychologiques d’un tel traitement, dans lequel les femmes ne possèdent plus qu’une valeur marchande au sein d’une économie parallèle perverse et immorale.

Mais le plus vieux métier du monde n’est pas forcément synonyme de noirceur sans fond, et Garth Ennis change de ton avec La Pro. Cette parodie de super-héros voit une prostituée être investie de superpouvoirs, ce qui va considérablement changer son mode de vie… Le traitement est ici plus fun, et l’on pense immanquablement à une variation de ce qu’aurait pu devenir Catwoman

C’est alors que débarque chez le Punisher un personnage tout simplement exceptionnel, Barracuda. Ce molosse gangsta totalement timbré va permettre à Ennis de totalement se lâcher dans la violence fun et gore. Et niveau sexe, on va avoir droit à quelques petites gâteries plutôt drôles (voir la première case du tome Barracuda) et à des dialogues bien épicés. La figure féminine est représentée de manière plutôt négative, puisque les femmes rencontrées sont plutôt du genre salope arriviste que fleur bleue… Le sexe est ici une affaire de manipulation et de pouvoir, et est une arme redoutable… Pour continuer avec Barracuda, l’arc Punisher présente Barracuda va très loin, en mettant en scène une femme de révolutionnaire ex-star du porno, mais aussi un prêtre aux mœurs très discutables… Ennis adopte un ton barré pour faire passer la pilule, mais le malaise face à cet individu n’en est pas moins présent. Une fois encore, le scénariste explore les déviances de l’humanité. Mais s’il y a évidemment un désir de choquer de la part de l’auteur, il a le mérite de traiter de cette perversion de manière frontale…


Toujours chez le Punisher, on peut découvrir dans Le Faiseur de Veuves une femme totalement détruite à la sexualité ravagée. Ici, c’est la femme qui a le pouvoir, mais il est dû à une perte d’humanité terrible puisqu’elle ne ressent plus rien physiquement. Ennis aborde le thème de la frustration dans sa vision la plus totale, et on assiste à une violence bien choquante lorsque cette femme détruit son amant dans un accès de rage incontrôlé… Là encore, on a affaire aux pulsions inassouvies qui sont traités de manière très directes…

Et si l’on parle de sexe, il faut évidemment penser aux Boys dont les aventures sont inextricablement liées à ce thème. Les Boys, ce sont des agents gouvernementaux qui font la chasse aux super-héros un peu trop laxistes avec les lois. C’est ainsi que le P’tit Hughie et sa bande sont lancés aux trousses des superslips déviants, et Dieu sait s’ils sont nombreux… Entre un gars en armure prêt à niquer un astéroïde et des rites de passages dégradants pour les superhéroïnes, on nage en plein délire comique qui se permet encore une fois d’égratigner les tares sociales liées au sexe. Le succès de la série est tel qu’on permet même à Ennis de sortir un spin-off avec Herogasm, qui traite simplement des réunions secrètes et charnelles auxquelles s’adonnent les super, généralement dans un hôtel réservé rien que pour eux, où les pauvres femmes en prennent plein le c…

Un petit tour d’horizon des subtilités de Garth Ennis qui donne évidemment bien envie de découvrir le reste de son œuvre, non ?


lundi 22 mars 2010

KICK-ASS 1 : LE PREMIER VRAI SUPER-HEROS



Sorti le 17 mars



Une fois n’est pas coutume, il aura fallu attendre qu’une adaptation cinématographique voit le jour pour que le comics originel soit traduit en France… C’était déjà le cas de Wanted, d’un certain Mark Millar, à qui il aura fallu 5 ans pour franchir l’Atlantique... Mark Millar, qui est l’un des plus grands auteurs actuels, responsable entre autres de l’un des meilleurs (sinon le meilleur) crossover chez Marvel, Civil War… Et qui a en plus donné vie aux Marvel Zombies

Allié au dessinateur John Romita, Jr. dont le pedigree fait rêver plus d’un artiste (Spider-Man, les X-Men, Thor, le Punisher, Hulk, Iron Man…), Millar élabore avec Kick-Ass un comics totalement jouissif qui joue sur l’écart démesuré entre la fiction et le réel. En suivant Dave Lizewski, il met en avant les frustrations et les rêves secrets d’un adolescent lambda, qui souhaiterait se sortir de la monotonie de sa vie, qui désirerait emballer la plus belle fille du bahut, et qui adorerait pouvoir faire quelque chose de sa vie. Sauf que pour le jeune Dave, ses fantasmes vont le pousser à revêtir un costume vert afin d’arpenter les rues pour combattre le crime ! Après tant de temps passé à contempler les cases de tous ces comics, il a décidé de passer à l’action…

Le postulat de départ de Kick-Ass est d’une simplicité absolue, et va offrir un déroulement des plus corrosifs qui verra Dave prendre contact avec une réalité bien plus brutale que ce qu’il pouvait rêver. Les super-héros de comics saignent rarement, peuvent se prendre des 38 tonnes dans la tronche sans broncher, ou tomber de 15 étages sans se faire la moindre égratignure. L’apprentissage de Dave va être rudement douloureux, car la partie de plaisir escomptée cachait une réalité bien plus hard…

Mark Millar met en scène l’envie plus ou moins avouée de tous les lecteurs de comics, qui est de pouvoir distribuer des coups de tatane en toute impunité et sans risque ! Et il adopte un point de vue réaliste permettant de clairement s’identifier à Dave, de comprendre son désir et sa volonté de se dépasser. Ensuite intervient Hit-Girl… Et là, c’est nettement moins réaliste, mais qu’est-ce que c’est jouissif ! Voir une gamine de 10 ans trancher des têtes et éventrer des bad guys qui font 5 fois son poids, ça a sacrément de la gueule !

Kick-Ass est clairement l’un des comics les plus captivants du moment , trash, violent, fun et se permettant une réelle approche psychologique. Dave est un ado se débatant avec les problèmes de son âge, et la relation qu’il a avec la belle Katie est traitée avec un humour et une cruauté toute réelle. Ce premier volume rassemblant les 4 épisodes initiaux est une sacrée claque qui donne toute la mesure des délires à venir… La suite au mois de juin!


samedi 20 mars 2010

MARVEL ZOMBIES 5 : LES FILS DE MINUIT


Sortie le 10 mars

Le Marvel Zombies 4 se terminait sur une note fracassante, avec la reformation de l’équipe des Fils de Minuit ! Fred Van Lente reste au scénario, toujours accompagné de Kev Walker au dessin, et ils nous entraînent dans la lutte de cette nouvelle équipe luttant contre l’invasion des zombies. Van Lente la joue nostalgique avec cette team remaniée, apparue en 1992 dans la série Ghost Rider. Cette fois-ci, elle est composée du vampire Morbius, du Loup-Garou Jack Russell, de la sorcière Jennifer Kale, et du fils de Satan Hellstrom. Un bestiaire très excitant poursuivant en toute logique la trame gore et humoristique de cette excellente série initiée par Robert Kirkman (les personnages ont été créés par le génial Mark Millar) qui se permet des envolées bien trash et jouissives.

La couverture est plutôt trompeuse cependant, car il n’y pas la moindre trace de Ghost Rider dans cet arc en 4 épisodes ! Mais l’Homme-Chose apparaît bien, vu qu’il est l’ami de Jennifer Kale. Par contre, la grande particularité de ce volume, c’est de retrouver le zombie Deadpool déjà présent dans les pages du tome 4. Enfin, sa tête plutôt… Mais c’est l’élément primordial pour le Merc with a Mouth, donc il n’a pas perdu de sa verve !

Ce Marvel Zombies 5 permet d’approfondir des personnages de second plan très intéressants, et la fragilité de cette équipe composée de personnalités explosives met du piment dans cet univers déjà bien ravagé. Entre un Loup-Garou qui tente de réfréner ses instinct et une sorcière tentée par le Mal, on a un vampire qui tente de contrôler sa soif et un démon qui adore faire souffrir. Une belle brochette d’anti-héros qui parviennent à être crédibles et d’une certaine manière, attachants !

L’utilisation de Hood est elle aussi excellente, ce personnage étant un élément primordial de l’univers Marvel, lui qui s’est bâti un empire afin de régner sur la pègre new-yorkaise. Son statut, ses motivations et sa personnalité en font un être complexe et sombre, et ça fait plaisir de le voir confronté à de vrais durs !

Ce Marvel Zombies 5 ne lésine pas sur les effets gores, une fois n’est pas coutume, et il va plutôt loin dans certaines scènes… Le trait dynamique de Kev Walker permet de donner un rythme puissant à cette aventure, qui se permet d’apporter des modifications de taille au virus zombie… Une série qui ne s’essoufle pas ! prochain numéro en octobre !


lundi 15 mars 2010

DAYBREAKERS


Sorti le 3 mars


Les vampires ont la côte en ce moment, entre les amourettes de Twilight et la cohabitation de True Blood. Chez les frangins Spierig, on opte pour un traitement orienté science-fiction qui nous amène en 2019, où l’espèce humaine est sur le point de disparaître, faute à une traque trop intensive par les créatures aux canines acérées. Ethan Hawke incarne un vampire hématologiste cherchant à créer un produit de substitution qui permettra de mettre un terme à ce génocide.

La folie de leur premier film, Undead, a été mise de côté pour ce nouveau projet, qui constitue un B movie réussi sans pour autant être novateur. Si la bande-annonce laissait présager un film bien bourrin, on se retrouve devant un produit nettement plus sage, mais reposant sur un script efficace. L’intérêt de Daybreakers ne se cherchera donc pas dans son aspect actioner, malgré quelques envolées bien maîtrisées. La traque entre les deux espèces, les détails sur la vie des vampires, la dégénérescence due au manque de sang, tout cela constitue un développement de la mythologie du vampire intéressant, qui va même jusqu’à se rapprocher du nazisme dans la vision très partiale de l’élite, incarnée par l’inquiétant Sam Neill.

Daybreakers est un film plus maîtrisé qu’Undead, mais paradoxalement plus distant. Undead était un bon gros délire bien fun et maîtrisé, et Daybreakers est une variation intelligente sur le thème du vampire, qui ne se permet que quelques saillies humoristiques. Le film aurait gagné à être un peu plus fun, mais il reste prenant et inquiétant. Le rôle de Willem Dafoe est par contre un peu foireux, avec son côté beauf rockeur carrément has been, même si ça fait toujours plaisir de revoir cette bonne vieille tronche !

Daybreakers s’inscrit dans la mouvance actuelle des films de science-fiction apocalyptiques comme La Route ou Le Livre d’Eli, et est une nouvelle approche efficace sur ces créatures de la nuit.


mercredi 10 mars 2010

SCALPED 1 : PAYS INDIEN


Sorti le 17 février

Le creator-owned de Jason Aaron débarque enfin chez nous, précédé d’une réputation plus que flatteuse. Jason Aaron, c’est l’homme qui a la lourde tâche de succéder à l’immense Garth Ennis sur le Punisher, et dire qu’il est attendu au tournant serait un pur euphémisme…

Scalped est une série parue dans la branche Vertigo de DC Comics, et offre un récit résolument adulte ne lésinant pas sur la violence. Lorsque Dashiell Bad Horse revient dans la réserve indienne qu’il a quitté 15 ans auparavant, il découvre que la misère de ses compatriotes est toujours identique, et qu’ils doivent maintenant lutter contre l’ouverture d’un casino initiée par l’un des leurs, Lincoln Red Crow, devenu un homme d’affaire intraitable et un gangster redoutable. Entre les putes, les dealers et les tueurs peuplant la réserve de Prairie Rose, le retour de Dashiell va être mouvementé…

Jason Aaron pose un récit complexe où s’entremêlent le présent et des bribes de passé, permettant d’augmenter progressivement la densité des personnages. Mais ce choix narratif possède un revers, puisqu’il donne à cette histoire un rythme quelque peu décousu. Le retour de Dashiell fait grand bruit, et il semble hésiter quant à la place à tenir après toutes ces années d’exil. Ses relations avec sa mère ou avec son ex n’en sont que plus tumultueuses, la figure féminine semblant prépondérante dans cette série.

Ce premier volume contient les 5 premiers épisodes dessinés par R. M. Guéra, qui bénéficient d’un style à l’arraché pas désagréable, jouant sur les ombres et les tonalités bleutées pour donner un rendu crépusculaire. La différence entre la chaleur du jour et l’atmosphère nocturne est palpable, et apporte une certaine consistance à ce polar particulier.

Dashiell est un personnage solitaire et réservé, adepte du nunchaku et qui n’a pas froid aux yeux. Le déluge de violence dans lequel il va se retrouver est très cru, et les dialogues d’Aaron sont percutants et très directs. Scalped est une bonne série, même si je m’attendais à un récit plus approfondi au niveau des personnages. Le potentiel de cette trame narrative n’est pas exploité à fond pour l’instant…

Il faut noter que les couvertures sont l’œuvre de Jock, qui officiait en tant que dessinateur surThe Losers, la très bonne série d’Andy Diggle.


lundi 8 mars 2010

SHUTTER ISLAND


Sorti le 24 février

Je ne suis pas fan de Martin Scorsese, mais quand j’ai découvert la bande-annonce de son nouveau film, j’y ai vu une atmosphère vraiment innovante par rapport à ce qu’il avait déjà réalisé, et Shutter Island semblait marquer un tournant dans sa filmographie. Pas de gangsters et d’ambiance mafieuse, mais une véritable plongée dans le suspense et l’épouvante qui promettait de déboucher sur des séquences bien maîtrisées. Mais les bandes-annonces sont souvent trompeuses…

Au lieu d’un récit immersif à la mise en scène au cordeau, on se retrouve devant un film ennuyeux d’un bout à l’autre, qui ne profite jamais de sa situation géographique et de la tension inhérente au lieu dans lequel se déroule l’action pour créer une atmosphère étouffante et tendue.Shutter Island passe totalement à côté de ce que la bande-annonce laissait présager, et n’ayant pas lu le livre duquel est tiré ce film, je me suis simplement fait avoir. Cette enquête en milieu psychiatrique avait pourtant de quoi faire saliver, entre une imagerie appuyée de série B et des plans franchement beaux mettant en valeur l’atmosphère inquiétante des lieux. Une sorte de frôlement de film d’horreur par Martin Scorsese ? En fait non, une simple enquête bancale sur fond d’onirisme et de nostalgie, qui ne prend à aucun moment…

Shutter Island provoque le même effet que Bronson lors de sa sortie : une grosse déception due à une volonté de faire croire que le film possède une atmosphère tendue alors qu’il part dans un tout autre registre. L’aspect onirique entourant Leonardo DiCaprio est très rapidement gonflant, tout comme c’était le cas pour Bronson. Cette approche surréaliste annihile tout l’impact émotionnel du film, ce qui était encore pire dans Bronson avec son côté arty désastreux. Bref, Shutter Island n’a rien à voir avec ce qu’il promettait, et les personnages torturés ne donnent aucune envie de les suivre dans cette enquête sans consistance. Les enjeux dramatiques sont faibles, et les retournements de situation (Scorsese se met au twist !) sont éventés bien longtemps avant qu’ils ne se produisent. La structure du récit est vraiment bancale, et souffre d’un rythme bien trop lent.

La mise en scène de Scorsese est surprenante, car elle semble très aléatoire et qu’elle ne permet pas de figer l’atmosphère. Les mouvements rapides de caméra d’un personnage à l’autre sont carrément désarmants, comme si Scorsese optait par moments pour une réalisation de série TV… Il y a quelque chose de très surprenant dans l’ensemble du film, qui semblerait preque apposer le nom de Scorsese sans que celui-ci en soit responsable… En tout cas, ça fait une drôle de sensation, car ni la mise en scène, ni les acteurs, ni l’intrigue ne permettent de s’accrocher, et ces 2h17 semblent interminables…


mercredi 3 mars 2010

THE CHILDREN


Sorti en DVD le 2 mars


Depuis quelques temps, la vision de l’enfant bien sage au cinéma se transforme radicalement. Entre Dorothy, Joshua ou Esther, on découvre que nos chères petites têtes blondes ne sont pas aussi charmantes que ça, et qu’elles parviennent même à dévellopper des mentalités très morbides… Après tout, Wolf Rilla nous avait bien prévenu dès 1960 et son Village des Damnés

Produit en 2008, ce film anglais de Tom Shankland voit une famille se réunir à la campagne afin de passer les fêtes. Le week-end s’annonçant idyllique va progressivement virer au cauchemar, alors que les enfants commencent à avoir un comportement étrange… D’entrée de jeu, Shankland marque une atmosphère très travaillée grâce à l’aisance de sa mise en scène. On ressent un malaise diffus dès le départ, qui ne va faire que s’accentuer de manière judicieuse. La beauté des plans et leur luminosité contradictoire donne un cachet très particulier à cette œuvre, mettant en exergue la dualité entre la pureté originelle de l’enfance et son éclatement total. Shankland va très loin dans son propos, et les images qu’il crée proposent une vision de la violence très rare, les enfants étant habituellement préservés dans les films d’horreur, au moins par le hors-champ. Ici, la brutalité est on ne peut plus frontale, qu’elle soit causée par les enfants ou dirigée à leur encontre. The Children est gore, et se permet même de jouer avec la beauté se dégageant de cette morbidité. Les plans du sang sur la neige sont vraiment excellents…

The Children traite littéralement du désir inconscient de mort entre parents et enfants, qu’il visualise de manière aussi concrète que radicale. D’un côté, les adultes et leurs principes moraux qu’ils tentent de conserver depuis des années, de l’autre, les enfants qui dérivent vers l’exacerbation de leurs désirs primaires. Et au milieu, cette figure adolescente perdue… Les thématiques mises en jeu sont très intéressantes, mais il faut pour cela accepter l’idée très vacillante d’une bande de bambins qui parviennent à tenir en respect des adultes. La crédibilité de la situation est toute relative, et on se dit à plusieurs moments que tout aurait pu se terminer très rapidement. Mais si l’on accepte le constat posé par Shankland, ainsi que la cause scientifique (ou fantastique) créant ces événements, on se retrouve face à un film très cru et prenant.

Il y a plusieurs scènes chocs dans ce film, que Shankland met habilement en scène afin de susciter un profond malaise. En cela, The Children est réussi, et même si l’on peut émettre des réserves quant à la crédibilité des événements, on se retrouve face à un film solide qui va jusqu’au bout de son propos.


mardi 2 mars 2010

THE LOSERS 1 : LA MAIN DU MORT


Sorti le 17 février

DC publie dans sa ligne Vertigo cette série dont les premiers épisodes avaient été traduits chez Semic il y a un bout de temps. Cette fois-ci, ce Big Book contient les parutions d’une année complète et nous entraîne dans un récit d’espionnage captivant bourré d’action et d’humour.

Les Losers, c’est une bande d’ex-agents gouvernementaux qui se sont retournés contre leurs employeurs après que ceux-ci aient voulu les éliminer. Clay, Jensen, Pooch, Cougar, Roque et Aïsha vivent en parias et tentent de trouver un moyen de pression afin d’être réhabilités. On est pas loin d’une Agence tous Risques moderne, qui ne lésine pas sur les explosions et les situations périlleuses !

On retrouve au scénario Andy Diggle, qui fait actuellement les beaux jours des Thunderbolts chez Marvel, et dont la capacité à mêler les intrigues complexes et les scènes d’action prend toute son ampleur dans ce creator-owned. Aidé par le design anguleux et coloré de Jock, il met en scène une aventure prenante qui va voir cette équipe de durs à cuire confrontée à des mercenaires impitoyables, et surtout à un mystérieux commanditaire surnommé Max.


Les personnages composant cette équipe ont tous une spécialité, et au-delà de cet aspect, ils possèdent également une personnalité bien tranchée, conférant ainsi au récit une plus grande densité. On se retrouve embarqué dans un récit très rythmé qui frôle parfois le too much, mais Andy Diggle parvient à rester crédible, jouant avec les codes de l’espionnage et de l’action. La désinformation, les techniques d’approche furtives, l’infiltration, autant de stratégies que Diggle réutilise en y injectant une bonne grosse dose de fun, faisant de ce premier volume des Losers un comics de très bonne facture.

Le dessin de Jock colle parfaitement bien à cet état d’esprit débridé et nerveux caractérisant la bande de Clay, ce qui donne bien évidemment envie de voir ce que vont devenir ces Losers !


lundi 1 mars 2010

THE BOYS 5 : JE VAIS PAS TE MENTIR, SOLDAT…


Sorti le 17 février

Le P’tit Hughie s’apprête à apprendre tous les secrets de la société Vought-American, alors qu’il se trouve dans la cave du magasin de comics servant de point de jonction avec la Légende… La Légende, l’homme qui connaît toute l’histoire (les histoires !) depuis le début de l’ère des super-héros jusqu’à nos jours… Il est clair que P’tit Hughie est impatient de pouvoir mettre des réponses sur des énigmes qui le dépassent…

Ce tome 5 peut déstabiliser ceux qui se sont engagés dans la série, car il se focalise presque uniquement sur le passé . On découvre ainsi les agissements de Vought-American depuis leur début, et comment ils se sont implantés dans le « créneau » du super-héros. On en apprend plus sur les prédécesseurs des 7, et Garth Ennis se plaît à dépeindre un monde rongé par la cupidité et par les luttes de pouvoir. Mais si l’action est laissée de côté, l’intérêt apporté par les découvertes et les révélations de la Légende suffisent amplement à susciter l’intérêt. La série gagne en complexité et en densité, et Ennis nous montre à quel point les camps adverses se cotoient de manière pernicieuse.

Sa grande réussite dans ce volume est sa réécriture du 11-septembre, à la fois osée et captivante. Ce flashback va d’ailleurs donner lieu à une scène choquante et dramatiquement très intense, ce qui va permettre au lecteur de renforcer les positions de certains personnages. Je n’en dirai pas plus, mais Ennis est un scénariste sacrément doué !

La contrepartie négative de cette immense discussion entre Hughie et la Légende est que l’on laisse totalement de côté les autres Gars, qui ne font que quelques apparitions succintes, mis à part Butcher… Mais la force du récit d’Ennis est de préparer le terrain pour une suite qui devrait être très explosive, étant donné les tensions entre les deux partis.

Là encore, on suit l’avancée de l’histoire d’amour entre Hughie et la belle Stella, dont chacun ignore l’identité secrète de l’autre… De nombreux points ont été éclaircis dans ce tome, laissant de la place pour des affrontements bien plus directs… A suivre en mai !