vendredi 28 août 2009

INGLOURIOUS BASTERDS


Sorti le 19 août


Après un diptyque Kill Bill ennuyeux à mourir et un Boulevard de la Mort sympathique mais en-dessous des attentes suscitées par le réalisateur, Quentin Tarantino retrouve enfin un rythme de croisière perdu depuis Jackie Brown. Ces Basterds sont bien jouissifs, et sa vision très personnelle de l’occupation allemande vaut vraiment le détour.
Il faut évidemment clarifier 2-3 petits détails au départ : si la bande-annonce laissait augurer d’un spectacle bourrin et sanglant, il n’est pas seulement question de cela, et bien que certaines scènes soient bien jouissives niveau violence, Tarantino se tourne vers un récit historique dense et captivant. Et si Brad Pitt semble être la tête d’affiche du film, il se fait littéralement voler la vedette par Christoph Waltz dans le rôle du colonel nazi Hans Landa.

Les pellicules de Tarantino sont reconnaissables à sa manière de glisser des références, picturales ou musicales, à tout un pan cinématographique qu’il affectionne. L’ouverture du film à la Sergio Leone (la musique est signée Morricone) plonge immédiatement le spectateur dans une ambiance tendue, que ne démentira pas le long dialogue qui fera suite. La tension est palpable entre le vicieux colonel Landa et le fermier français, et Tarantino parvient à créer un puissant malaise grâce à une mise en scène jouant intelligemment sur la temporalité, et à des acteurs excellents.
L’acteur autrichien Christoph Waltz, aperçu dans Inspecteur Derrick ou Rex, Chien Flic, trouve ici un rôle à la mesure de son talent. Sa gestuelle, son sourire inquiétant, sa fausse bonhomie, tout est là pour composer un nazi de la pire espèce, et il semble prendre son pied à créer ce personnage impitoyable. Sa prestation est telle qu’elle éclipse celles de ses partenaires, et la véritable vedette du film, c’est lui. Ses dialogues sont excellents de subtilité et de double sens, et le changement de langue du début n’est qu’une des bonnes idées du film. Christoph Waltz est tout simplement énorme !


Comme d’habitude, Tarantino aime prendre son temps, et les 2h33 du film ne sont pas de trop pour raconter cette lutte contre l’oppresseur nazi. La multitude des personnages peut se développer grâce à la longueur du film, et le scénariste-réalisateur (aidé à l’écriture par Tom Tykwer, réal de L’Enquête- the International) se lâche sur la galerie qu’il a convié à sa petite sauterie germanique. Mélanie Laurent est magnifique dans son rôle de résistante juive, Eli Roth (le réal de Cabin Fever et Hostel) s’amuse comme un petit fou à tabasser du nazillon, Diane Kruger joue une actrice allemande avec sa classe habituelle, Mike Myers est de passage en militaire anglais, et la boucle est bouclée avec la participation d’Enzo G. Castellari dans le rôle d’un officier nazi, puisqu’il est le réalisateur d’un certain Une Poignée de Salopards réalisé en 1978, dont le titre original est The inglorious Bastards
La mise en scène de Quentin Tarantino est exceptionnelle, et l’on assiste à un spectacle totalement captivant. Sa capacité à modifier le rythme des séquences est géniale, notamment dans celle de la taverne, où la lenteur contribue à une tension remarquable, et où il se permet un simple passage plus rapide et cinglant en collant un flashback de quelques secondes avant de revenir à la tension de départ. Une maîtrise formelle indéniable pour un résultat captivant et jouissif. Tarantino revient en pleine forme avec cette évocation barrée du nazisme, à la portée dramatique puissante et au traitement résolument atypique.

lundi 24 août 2009

BREAKING BAD SAISON 2



Inédit




Les affaires continuent pour Walt et Jessie, et prennent un tour d’autant plus inattendu et dangereux. La rencontre avec Tuco est à ce titre assez édifiante, l’acteur Raymond Cruz donnant tout ce qu’il a pour créer un personnage totalement barge et flippant. Son jeu bourré de tension et d’énergie est énorme, et Walt et Jessie ne vont pas en mener large face à ce dealer hallucinant.


Mais Tuco n’est qu’un des problèmes que vont rencontrer les deux associés, et chaque épisode creuse davantage la spirale infernale dans laquelle ils se retrouvent. Les problèmes de santé de Walt tout d’abord, qu’il essaie de concilier avec sa nouvelle vie de chimiste dealer, les secrets de plus en plus difficiles à cacher sur ses soudaines disparitions, la vie amoureuse de Jessie qui évolue… Ou encore un problème de batterie en plein milieu du désert !
Breaking bad représente le combat contre les pires situations, et montre comment Walt et Jessie parviennent à les surmonter en perdant des parts d’humanité de plus en plus grandes. Et pourtant, il y a toujours un élément, un détail aussi infime soit-il, qui va les pousser à respecter encore une certaine morale, et à continuer à prendre des risques. Et quand on croit que le pire est arrivé, l’épisode suivant nous prouve que l’on était loin du compte.


La galerie de personnages est travaillée avec beaucoup de soin par les scénaristes (le créateur Vince Gilligan en tête), et l’on retrouve un avocat pourri génial en la personne de Saul Goodman, qui parvient à trouver des solutions pour les pires problèmes… Skyler, la femme de Walt, est toujours présente et tente tant bien que mal de comprendre ce qui se passe dans son couple, tandis que Walter Jr essaie de gérer la maladie de son père en lui rentrant dedans. Hank et Marie sont toujours de la partie, Hank étant muté et découvrant une réalité encore plus terrible dans la lutte antidrogue. C’est d’ailleurs grâce à ça que l’on peut assister à la participation surprise de Danny Trejo dans le rôle de Tortuga… Un rôle étrange et réussi… Bryan Cranston et Aaron Paul approfondissent encore plus leurs personnages, et les situations de merde dans lesquelles ils se retrouvent sont d’autant plus crédibles et désespérées…
Cette 2ème saison compte 13 épisodes, et poursuit donc les pistes crées dans la 1ère avec une énergie toujours présente et un mélange d’humour noir et de drame d’une justesse hallucinante. La symbiose entre la perfection de l’écriture et le talent des acteurs fait de ce show l’une des révélations de ces dernières années. La troisième saison devrait démarrer en septembre aux Etats-Unis, et pour la France, la diffusion semble s’orienter du côté d’Arte…

samedi 22 août 2009

G.I. JOE- LE REVEIL DU COBRA


Sorti le 5 août



Après les robots de Transformers, c’est au tour des soldats de G.I. Joe de dépasser le statut de figurines pour envahir le grand écran. Avec Stephen Sommers aux commandes, impossible de savoir à quoi s’attendre ; après un sympathique Livre de la Jungle et La Momie, il foire son Retour de la Momie, et nous offre un catastrophique Van Helsing. Autant dire que le résultat pouvait basculer de n’importe quel côté… Mais la bande-annonce semblait toutefois promettre un spectacle bien bourrin et bien fun, alors il fallait quand même tenter…
L’introduction permet déjà de poser des bases lointaines à ce récit futuriste, comme si elle se devait d’offrir une certaine dimension temporelle à une œuvre qui ne fera pas sensation grâce à son scénario. Une manière de légèrement masquer un script simpliste donc, mais qu’à cela ne tienne, G.I Joe- le Réveil du Cobra n’a pas à avoir honte de son statut d’actioner, car il va directement à l’essentiel en offrant au spectateur un film éminemment ludique apparaissant comme une adaptation très réussie des missions auxquelles on jouait sur la moquette de notre chambre quand nos petites sœurs coiffaient leurs Barbies.


G.I Joe est un plaisir pour enfants et adolescents nostalgiques, le film parvenant à rendre crédibles les aventures de ces soldats high-tech en appliquant une mise en scène faisant énormément références aux années 80. Ceux qui jouaient avec ces petits soldats en plastique comprendront à quel point Stephen Sommers a respecté le matériau de base (qui est tiré d’un comics créé en 1942) puisqu’on retrouve dans le film des vaisseaux aux lignes effilées, une énorme base sous-marine, et même ce putain de porte-avion que j’avais trop envie de piquer à mon voisin ! Les armes et les combinaisons high-tech varient selon les personnages, et chacun possède ses aptitudes et ses particularités propres, respectant toujours ainsi les jouets Hasbro.
Mais c’est grâce à sa mise en scène old school que Sommers parvient à faire accepter au spectateur la réalité de ces personnages ; G.I. Joe est bourré d’effets numériques pas toujours forcément réussis, mais qui en mettent plein la gueule avec un plaisir assumé, et les plans iconiques sur les super-soldats ou les plans d’ensemble des troupes renvoient à une imagerie résolument 80’s, époque bénie où un bobybuilder pouvait porter un tronc d’arbre en toute tranquillité et où un vétéran du Vietnam pouvait dézinguer une armée à lui tout seul sans qu'on le soupçonne de dopage. G.I. Joe fonctionne à l’ancienne, c’est un spectacle inoffensif puisqu’on sait déjà que les gentils vont gagner (quoique les scénaristes aient bien préparé le second volet…), et dont l’intérêt réside non pas dans l’évolution des personnages, mais dans l’impact visuel des scènes d’action. Et là où un Terminator Renaissance échouait à être plus qu’un spectacle pyrotechnique sans âme, G.I. Joe parvient à être fun et à donner le change grâce à un humour qui évite de se prendre trop au sérieux.


Parce qu’une guerrière en tenue moulante noire et avec lunettes de soleil, c’est un pur fantasme comics, et Sommers assume le mélange sexy et testostérone avec un recul salvateur. Du coup, on se retrouve devant un film qui s’amuse avec le réalisme des situations tout en maintenant une crédibilité certaine. Un travail d’équilibriste pas gagné d’avance, mais que Sommers réussit haut la main.
Et en plus, il y a des ninjas ! Storm Shadow, le bad guy, se mesure à intervalles réguliers à Snake Eyes, le guerrier silencieux. On revient là aussi aux plaisirs simples des 80’s et on pense forcément à Michael Dudikoff… C’est beau la nostalgie ! Les combats sont rythmés et visuellement intéressants, et les petits flashbacks sur le passé des deux combattants renvoient là aussi à l’archétype du film hong-kongais, et ça fait bien plaisir !
Bref, G.I. Joe-le Réveil du Cobra est un blockbuster bourré d’action, porté par des acteurs plutôt bons (Channing Tatum, Marlon Wayans, Dennis Quaid, et même un caméo de Brendan Fraser), qui se déclinera sans problème en une franchise très lucrative… Des ninjas mec!

jeudi 20 août 2009

SEX ADDICT




Sorti en DVD le 18 août



Frank Henenlotter se la joue Terrence Malick et revient après 16 ans d’absence et un Basket Case 3 apparemment catastrophique. Mais il semble s’être totalement ressourcé, et nous offre avec Sex Addict une œuvre résolument originale qui devrait en surprendre plus d’un.
Niveau ambiance, on est à la croisée des univers des premiers Cronenberg (Frissons et Rage) et des écrits de Chuck Palhaniuk, le film baignant dans une atmosphère sexuelle très exacerbée doublée d’une réflexion sociale forte. Jugez plutôt : Jennifer possède une particularité physique très spéciale qui rend son appétit sexuel insatiable. Avec ses 7 clitoris, elle est en recherche permanente d’amants et son besoin est prédominant dans son existence. Batz est quant à lui affligé d’un organe démesuré et autonome, l’obligeant à prendre des produits calmant les ardeurs de son engin. Avec un tel script, on pourrait s’attendre à une grosse farce à la Pervert! qui retomberait vite à plat, mais Henenlotter va diriger son métrage avec un mélange de drame et d’humour qui en fait à l’arrivée un film étonnant et captivant.


En ne se contentant pas de surfer sur un élément porno simpliste (le titre racoleur français n’est finalement pas trompeur, même si le Bad Biology original dévoile davantage l’ambiance sombre du film) mais en y intégrant des thématiques comme l’addiction ou la solitude, Henenlotter décrit un mal-être réel en l’exacerbant à travers le gore et le fantastique. Les scènes où Batz est obligé de s’injecter des calmants renvoient directement à la description d’un toxicomane en manque, et celles où Jennifer cède à ses pulsions traite d’une nymphomanie aigüe. Deux visions de l’addiction très frontales (d’où la filiation avec les romans de Pahlaniuk de la première période) qui créent un malaise tout en étant traversées par un humour noir maîtrisé.


Henenlotter se lâche dans une mise en scène très libre avec plans intra-vaginaux et sexes courant tout seul. Mais il n’y a rien de racoleur ici, et le réalisateur se sert de ces éléments pour nourrir l’ambiance pessimiste de son film, servi par une bande-son hip-hop collant bien à l’atmosphère (le film à été co-écrit et produit par R. A Thorburn, AKA R.A. the rugged Man, rappeur underground passionné de cinéma d’horreur, et on peut entendre quelques titres bien cool de Prince Paul). Une autre particularité réside dans la beauté des photographies prises par Jennifer et qui sont en fait des œuvres de Clay Patrick McBride présentant un aspect morbide fascinant, mêlant la jouissance et la mort.
Sex Addict est une œuvre vraiment à part et véritablement captivante, dans laquelle la belle Charlee Danielson et le beau gosse Anthony Sneed se lâchent complètement! Et en prime, on a même droit à une participation de James Glickenhaus, le réalisateur d’Exterminator ! Si ça c’est pas beau…

lundi 17 août 2009

TIMBER FALLS



Sorti en DVD le 5 août



Un bon petit survival dans les montagnes de Virginie, ça vous tente ? Pour son 5ème film, Tony Giglio suit les traces d’un jeune couple parti se ressourcer en pleine nature. Mais comme de coutume, tout n’est pas aussi tranquille que ça dans la profondeur des forêts ancestrales…
Impossible de ne pas comparer le film au magnifique Eden Lake qui sortira l’année d’après (Timber Falls date de 2007). Le point de départ ultra-classique est le même, mais la tension est tellement plus forte dans le film de James Watkins... Pourtant, malgré cette comparaison inévitable, il faut bien avouer que Timber Falls, après une introduction sans saveur, prend lentement son rythme avec l’apparition du jeune couple qui s’avère plutôt sympathique. L’histoire commence donc plutôt bien, avec une mise en scène magnifiant la beauté des décors virginiens, ce qui n’est pas déplaisant du tout. La tension est palpable lors de plusieurs séquences, et on se dit alors qu’on tient un bon petit B sans prétention mais efficace.


Mais tout bascule lorsqu’on découvre la réalité de la menace, et le caractère religieux de celle-ci fait définitivement sombrer le film dans le ridicule. En gros, on a droit à un mélange de Massacre à la Tronçonneuse et Rosemary’s Baby, et le côté Eden Lake disparaît très rapidement. Après nous avoir promis du survival avec un mystérieux boogeyman, on bascule dans une sorte de torture porn où le tueur est carrément insignifiant, avec un motif totalement grotesque derrière tout ça ! Il faut le voir pour le croire… Le pire, c’est que la mise en scène de Giglio est intéressante, mais le script de Daniel Kay l’est nettement moins…
Avec son casting TV plutôt sympa (Brianna Brown a joué dans Monk, Les Experts, Esprits criminels, et Josh Randall est apparu dans Life, Les Experts ou encore Pushing Daisies…), on tient un couple réaliste mais qui se perd dans une histoire trop grandguignolesque pour être crédible, et c’est bien dommage. Timber Falls n’est qu’un DTV de plus qui n’apportera rien au genre horrifique…

vendredi 14 août 2009

BREAKING BAD SAISON 1



Inédit




Vous vous rappelez du père de Malcolm, Bryan Cranston ? Le père de famille déjanté qui allait jusqu’à faire une course-poursuite en voiture avec une abeille ? Et bien aujourd’hui il a bien changé, et son personnage dans Breaking Bad est beaucoup plus dramatique que ce à quoi il nous avait habitué. Créée par Vince Gilligan (un des scénaristes d’Aux Frontières du Réel), Breaking Bad raconte l’histoire d’un professeur de chimie dont la vie sans relief est ponctuée de coups durs. Le dernier en date est l’annonce d’un cancer des poumons… Et cette révélation va être le début d’une transformation radicale pour Walter White, sosie de Ned Flanders qui va décider d’utiliser ses talents afin de produire des amphétamines ! Le père de famille sans histoire et effacé va glisser progressivement dans un monde risqué et dangereux …


Ce qui frappe d’emblée, c’est l’écriture. Les années passées avec Mulder et Scully ont permis à Gilligan de développer des histoires spectaculaires, tout en respectant une profondeur d’âme qui rendait les personnages charismatiques. Pour Breaking Bad, le procédé est tout aussi immersif, mais en lieu et place du spectaculaire, Gilligan a encore creusé l’âme de ses personnages. Walter White est l’archétype de l’homme silencieux sans ambition et sans désir, et ce à quoi il va être confronté va mettre en avant ses réflexes de survie instinctifs. Walter White va se révéler progressivement, et va changer sans que sa famille ne sache à quel point. En cela, le show peut se rapprocher de Dexter, qui lui aussi officie en douce et doit apprendre à concilier ses occupations interdites avec son travail et sa vie de famille.
L’intro du premier épisode est fracassante, et donne immédiatement envie de savoir ce qui se passe et comment le personnage en est arrivé là. Le pouvoir d’addiction de Breaking Bad devrait vous scotcher très rapidement, et si la série est aux antipodes de Malcolm, elle permet de voir à l’oeuvre un très grand Bryan Cranston. Son jeu est étonnant de vérité, et donne d’autant plus de caution à sa transformation progressive. Le passage entre les moments tendus et les moments plus drôles est opéré avec beaucoup d’aisance, et le casting y est pour beaucoup, notamment avec Aaron Paul dans le rôle de Jesse Pinkman ou 'excellent Raymond Cruz dans le rôle de Tuco.


Breaking Bad va loin, très loin. Elle passe du gore véritablement dégueulasse à des moments d’émotions intimes qui vous prennent aux tripes, tout en saupoudrant de temps à autre d’un humour noir très subtil. Un mariage des genres vraiment réussi (ce qui était le cas dans Dexter, surtout dans la 1ère saison) et qui donne une vision totalement atypique de la fabrication des amphés, de la maladie, et d’une cellule familiale en crise. Breaking Bad brasse de nombreux éléments, qui sont traités avec une minutie et un réalisme qui suffisent à rendre accro. Une première saison très courte (7 épisodes), mais la suite s’annonce tout aussi prometteuse !

mercredi 12 août 2009

POULTRYGEIST



Inédit




En montant la célèbre boîte de production Troma dans les années 70, Lloyd Kaufman et Michael Herz ont perpétué une tradition immuable depuis l’avènement d’Ed Wood. Un seul credo pour ces adeptes d’un cinéma où le latex est roi, et où le budget dérisoire n’est pas un frein à l’imagination débordante de scénaristes probablement dopés à des substances encore inconnues : gore & sex !



Le dernier-né de la firme se nomme Poultrygeist, et est mis en scène par Kaufman himself, qui est rappelons-le l’homme derrière le fameux Toxic Avenger! Fort de son expérience de plus de 30 ans, Kaufman nous concocte un délire old school respectant parfaitement la lignée Troma : prenez un cimetière indien, un fast-food, des militantes lesbiennes, un cuistot zoophile et j’en passe, et laissez une caméra à ce bon vieux briscard, et vous obtenez un OVNI cinématographique total. On pourrait le rapprocher de l’excellent Postal d’Uwe Boll, les deux réalisateurs partageant la même capacité à manier un humour complètement régressif n’épargnant personne. Et c’est tellement énorme que ça fonctionne! En l’état, Poultrygeist est un must du film portnawesque, qui malgré un léger défaut de rythme en première partie, réussit à conquérir mon âme de geek refoulé !


La différence avec Postal réside dans un fait : Poultrygeist est archi-gore! Les matières corporelles à jaillir sont très nombreuses, les membres se découpent allègrement, et les poulets carnivores sont voraces à souhait ! Poultrygeist tache tout sur son passage, et il va très loin dans l’humour scabreux, mais vraiment très loin… Ne cherchez aucun trait raffiné dans cette explosion de tripaille, de sang et de merde, il n’y en a pas. Mais qu’est-ce que c’est jouissif ! Lloyd Kaufman se lâche complètement et nous offre un film très abouti, bénéficiant au passage de maquillages vraiment réussis, et d’un casting totalement dévoué à la cause Troma. Tant de professionnalisme fait plaisir à voir!
Kaufman se permet même de jouer dans son propre film (raisons budgétaires ou pur plaisir ? Les deux probablement, le film ayant quand même ruiné Troma), et cette petite perle de cinéma dégueulasse n’est sorti qu’aux Etats-Unis… Mais Kaufman et Herz ne devraient pas en rester là, et Troma veille toujours…

dimanche 9 août 2009

WADE WILSON'S ORIGINS


Ce week-end, j'ai découvert les joies du montage et j'ai bien galéré entre les conversions, les encodages et autres barbarismes informatiques qui font froid dans le dos... Mais bon, après beaucoup de temps, j'ai enfin réussir à faire une petite vidéo, et à défaut d'avoir réussi à la mettre sur un autre blog que je partage avec des amis, Empyrée, j'ai décidé de la mettre sur Talking Wade. Un petit hors-sujet donc, mais si ça vous dit de voir à quoi je ressemble en vrai, cliquez!




vendredi 7 août 2009

JACK BROOKS MONSTER SLAYER



Inédit



Vendu comme un Evil Dead-like, Jack Brooks Monster Slayer a effectivement de nombreux points communs avec la trilogie mettant en scène le célèbre Ash. Il y a un côté résolument 80’s au film de Jon Knautz, avec du gore qui tache et des monstres à l’ancienne, et avec du bon vieux latex comme on en fait plus. Rien que ça, c’est déjà une bouffée d’air frais au regard des SFX digitaux dont on est constamment bombardés.
Pour la petite histoire, Jack Brooks (Trevor Matthews, qui a participé à l’écriture) est un loser de première qui traîne derrière lui un trauma sacrément épicé, et qui ne s’en est jamais remis. Mais aujourd’hui, il va devoir faire face à ses anciens démons, et regarder sa peur bien en face… La bonne surprise du film est la participation de Robert Englund dans le rôle du professeur de sciences. L’éternel Freddy Krueger se délecte d’un personnage bien barré, et il apporte tout son humour burlesque au professeur Gordon Crowley.



Si la bande-annonce laissait présager d’un film totalement dément, il faut toutefois calmer un peu les ardeurs des spectateurs, car l’introduction prend beaucoup de temps, et revêt parfois un caractère répétitif dans la présentation des personnages. Mais les scènes gores sont bien jouissives, et le final s’avère totalement barré, dans le plus pur esprit 80’s cher à Jon Knautz. La créature en forme de Jabba the Hut est grotesque et réussie, et Knautz parvient à rendre les séquences à la fois drôles et flippantes.
La construction même du film appelle à une suite, mais qui n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour, Knautz et Matthews travaillant sur The Shrine, qui sera centré sur une secte d’illuminés. Gageons que ce sera aussi débile que ce Jack Brooks

mercredi 5 août 2009

CROWS ZERO



Sorti en DVD le 4 août




Le stakhanoviste Takashi Miike (il tourne en moyenne 3 ou 4 films par an) est réputé pour ses visions très extrêmes en matière de violence, comme le prouve son épisode des Masters of Horror intitulé Imprint : une descente insoutenable dans les tréfonds de l’horreur, avec l’une des scènes de torture les plus impitoyables qu’il m’ait été donné de voir. Après cette brève rencontre avec le réalisateur nippon, j’ai soigneusement évité de croiser sa route pendant un long moment. Mais quand j’ai entendu parler de Crows Zero, je me suis dis que j’allais retenter ma chance.
Miike n’est pas seulement le cinéaste de l’extrême, il bondit à travers les genres suivant une filmographie totalement décalée et imprévisible : il passe donc d’une variation de Bioman (Zebraman) à un délire yakusa (la trilogie Dead or alive) avant de s’aventurer sur les terres du western (Sukiyaki Western Django). Cet éclectisme est certes remarquable, mais le résultat n’est pas pour autant garanti…


Ce Crows Zero, qui était présenté à Gérardmer cette année, annonçait un film rude et violent qui devait nous en mettre plein la vue. Avec son pitch de lycéens voulant conquérir leur école afin d’y régner en maître absolu, on s’attendait à un délire bien barré et bourré de testostérone. Les 20 premières minutes font illusion en présentant des personnages barges dans des situations bien barrées, mais l’effet est de courte durée ; la violence attendue tarde à arriver, et les combats que l’on était en droit d’attendre sont rares et visuellement sans intérêt.
Pire, les éléments dramatiques mis en place tombent totalement à plat, les motivations des protagonistes obéissant à une logique complètement absurde de prise de pouvoir primaire. Aucun personnage ne parvient à être crédible dans son attitude ou sa psychologie, et même pris au second degré le film ne fonctionne pas. Le mauvais goût de Miike n’épargnera pas le spectateur lors du fameux combat final sous la pluie (le 2ème ou 3ème affrontement donc…) qui est réalisé d’une manière, disons, étonnante : un montage parallèle entre le combat et une opération à l’hôpital, avec comme si ça ne suffisait pas une nana qui chante ! C’est purement et simplement indigeste, et l’on est très loin d’un film captivant comme Les Guerriers de la Nuit, qui était à la fois ludique et lucide. Ici, rien d’aussi intelligent, et je crois que je ne vais plus tenter de Miike avant un bon moment…

dimanche 2 août 2009

L’ATTAQUE DU METRO 123



Sorti le 29 juillet


Réactualisation des Pirates du Métro que Joseph Sargent réalisa en 1974, L’Attaque du Métro 123 permet à Tony Scott de poursuivre ses expérimentations ludiques en développant un thriller agrémenté de scènes d’actions efficaces, bien que l’impact psychologique soit plus dominant que l’action elle-même. Le point de départ, à savoir la prise d’otages en plein métro new-yorkais, va placer le film dans un contexte particulier, puisque mis à part quelques bouffées d’air frais dans les rues de la Grosse Pomme, l’essentiel de l’intrigue va se dérouler dans deux lieux : la rame du 123 et le centre de contrôle du métro. Si Tony Scott ne peut résister à quelques froissement de tôles (mis en scène comme s’il s’agissait d’une petite récréation sympathique avant de replonger dans les méandres sous-terrain du métro), l’essentiel du récit va se concentrer sur l’opposition de deux figures opposées : le pirate du métro et l’employé du centre de contrôle.


L’Attaque du Métro 123 rejoint en cela la tradition du polar 70’s misant davantage sur le suspense que sur les effets pyrotechniques, et Tony Scott se sort très bien de cet exercice en usant de sa mise en scène très caractéristique capable d’insuffler du mouvement partout sans pour autant tomber dans la surenchère. Les effets de ralentis ou de montage cut se permettent même une certaine forme d’autodérision, Scott embarquant par moment le film dans une forme de second degré sympathique.


Le face-à-face John Travolta-Denzel Washington est lui aussi très efficace, Travolta étant vraiment très bon lorsqu’il joue les bad guys. Ici avec sa moustache total 70’s, il se lâche et concocte un personnage singulièrement barré aux antipodes de la « normalité » de celui incarné par Washington. Lorsque Ryder (Travolta) entre en contact avec Garber, c’est une relation pernicieuse qui va s’installer entre les deux hommes, et tout le suspense du film va découler de la capacité de Garber à traiter avec le preneur d’otages. Les traits d’humour inattendus, la tension lorsque Ryder menace de tuer un otage, le jeu du chat et de la souris afin de gagner du temps… Le scénario signé Brian Helgeland (qui n’est autre que le metteur en scène de L. A. Confidential) est à la fois fluide et dense, tirant parti d’une trame classique de film d’otage avec ses passages obligés en y insufflant un humour et des éléments dramatiques solides.
Et en plus, l’excellent John Turturro vient augmenter la qualité du casting en jouant un négociateur avec sa classe habituelle…