vendredi 12 février 2010

GERARDMER 2010, 12EME SEANCE : THE DOOR


Inédit


Après avoir tourné les comédies Kebab Connection et Where is Fred !?, Anno Saul parvient avec son premier film fantastique à rafler le Grand Prix de ce 17ème festival de Gérardmer. Le réalisateur allemand adapte le roman Die Tür d’Akif Pirinçci grâce au scénariste Jan Berger, qui avait déjà œuvré sur Kebab Connection.

On peut être surpris par l’obtention de ce prix, The Door n’étant pas un film exceptionnel. Mais on se souvient bien du Grand Prix accordé l’an passé au carrément pas emballant Morse, et l’année d’avant au poussif L’Orphelinat… Mais s’il ne se démarque pas dans la sélection, The Door reste un film réussi offrant une approche intéressante sur le thème de la seconde chance…

Le toujours impeccable Mads Mikkelsen joue le rôle de David, dont la vie va basculer le jour où sa fille meurt noyée dans leur piscine. Sa culpabilité est d’autant plus grande qu’il a délaissé sa surveillance pour aller s’occuper de la voisine… Sa femme Maja le quitte, et David se retrouve seul et brisé. Les années passent et il ne parvient pas à se remettre de cette tragédie, jusqu’au jour où il découvre par hasard une porte qui va le rammener dans le passé, le jour même de l’accident. Il a alors l’opportunité de sauver sa fille, et de reprendre sa vie là où il l’avait laissée. Mais il y a forcément un prix à payer pour le bonheur retrouvé…

Le thème du voyage temporel permet de mesurer l’impact des conséquences de nos actes, etThe Door va apparaître comme une sorte d’Effet Papillon un peu plus ambitieux. La présence de ce papillon bleu est d’ailleurs très significative, lui qui se retrouve dans les différentes réalités. Les actes de David vont progressivement l’emmener dans une direction dont il ne se serait pas douté, et il va devoir faire des choix extrêment difficiles afin de préserver l’équilibre qu’il a réussi à rétablir.

Mads Mikkelsen est toujours aussi bon depuis Pusher, et il est pour beaucoup dans la réussite du film. La subtilité de son jeu permet de faire passer les quelques raccourcis scénaristiques, et parvient à affermir l’aspect émotionnel du film. Sa femme Maja est jouée par Jessica Schwarz, qui s’en sort plutôt bien avec un personnage difficile.

The Door baigne dans une ambiance à l’oppression sous-jacente, Anno Saul filmant cette banlieue tranquille en grattant le vernis très mince de la respectabilité. Le film peut se voir comme la désintégration d’un modèle social établi, rejoignant dans une certaine mesure le très beau American Beauty de Sam Mendes. Mais son postulat fantastique le place dans une dimension plus brutale, et The Door met en scène des moments bien violents apparaissant comme une nécessité. C’est ce basculement progressif dans la violence qui constitue l’un des aspects les plus intéressants du métrage, Anno Saul posant à travers son film la question des limites que l’on est prêt à franchir pour maintenir son existence tranquille.

Même si son Grand Prix aurait pu être attribué à un autre film (mais lequel ???), The Door est une œuvre réussie qu’Anno Saul met en scène avec un mélange de délicatesse et de tension qui aura certainement séduit le jury.


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