lundi 15 février 2010

GERARDMER 2010, 15EME SEANCE : LES TEMOINS DU MAL



Inédit

Le 2ème film espagnol de la compétition parvient à faire grimper d’un cran la tension, Elio Quiroga nous plongeant dans une histoire de maison hantée dans la plus pure tradition du genre ibérique, en y apposant un traitement qui le rend nettement plus intéressant que la production habituelle.

Francesca et Pedro décident d’emménager dans une vieille maison suite à la naissance de leur enfant. Mais comme dans toute vieille bicoque qui craque, il y a d’autres habitants qui se cachent… Le film de maison hantée est un classique, que Quiroga rend plus intéressant par le biais des No-Do, ces bandes d’actualité réalisées sour le régime franquiste. Les variations temporelles expliquant le passé de cette maison permettent de développer un récit prenant sa source au sein même de l’insitution religieuse. L’Espagne est l’un des plus fervents pays catholique, et la vision de Quiroga n’en est que plus osée.

Ana Torrent joue le rôle de cette mère en manque de repère, qui subit une dépression post-natale. Elle va être très réceptive aux événements se déroulant dans sa nouvelle maison, et le fossé va se creuser entre elle et son mari. Dépression, folie, apparitions ? Le réalisateur joue sur les faux-semblants pendant un moment, mais au-delà de l’aspect classique du récit, il emballe le tout avec une grande maîtrise visuelle. Sa maison dérange et la fluidité des mouvements de caméra installe tranquillement le spectateur dans une atmosphère macabre.

C’est surtout dans l’interaction entre les apparitions et le rôle de l’Eglise que Les Témoins du Mal est novateur, car il se permet une vision très critique de cette institution. Le rôle du Père Miguel est à ce titre très bien servi par Héctor Colomé, qui s’en remet à sa foi mais qui n’hésite pas à remettre en question les agissements de sa propre église.

Le poids du passé est comme souvent chez les Espagnols un élément fort du récit, et Quiroga crée un background à l’atmosphère poisseuse avec les fameuses pellicules du No-Do, offrant des visions marquées et fortes de ce qui se déroulait dans cette bâtisse.

Les Témoins du Mal est une œuvre d’une grande beauté visuelle, se démarquant des récits standards de fantômes par son approche très judicieuse de la psychologie des personnages et de sa vision de la religion.


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