

J’avais été très déçu par sa réapppropriation de Foolkiller, qui misait sur ses effets gores mais qui n’était pas du tout convaincant au niveau du scénario. Et quelle surprise en ouvrant ce 15ème volume d’y trouver un ton à la fois romanesque (Hurwitz est un auteur de polars) et très cinématographique ! C’est simple, Hurwitz s’engouffre dans la voie créée par Ennis et y apporte une vraie touche personnelle en nous dévoilant des aspects inédits du Punisher ! Gregg Hurwitz ose s’attaquer aux émotions du vigilante, et il le fait dans un style magistral.
Le dessin de Laurence Campbell (un inconnu total pour moi), n’a pas à rougir de la comparaison avec Darrick Robertson, Leandro Fernandez, Goran Parlov ou Lan Medina. Son travail sur les ombres, ses plans iconiques et sa vision cinématographique font de cet arc une réussite totale. L’album est d’ailleurs une version moderne des Sept Mercenaires, sauf que le Punisher va se débrouiller seul. Et un des bad guys est quand même furieusement inspiré de Danny « Machete » Trejo !

Un villageois mexicain va demander l’aide du Punisher alors que des femmes et des filles se font régulièrement enlever. Personne ne sait pourquoi elles disparaissent, et Frank Castle va mener l’enquête à sa manière. Gregg Hurwitz maîtrise parfaitement la personnalité du Punisher, et il va dérouler son récit avec réalisme. Le justicier solitaire va être confronté à ses propres démons, et il va mener ses investigations avec toujours les mêmes souvenirs dans son cœur. Hurwitz reste totalement crédible et augmente la densité du récit par cet aspect psychologique de Castle, et il apporte une touche véritablement émotive au personnage. Je n’en dirai pas plus, mais il y a des scènes vraiment belles dans ce volume…

Qui dit Punisher dit carnage, évidemment, et Hurwitz n’oublie pas le potentiel de sauvagerie de Castle. Là encore, nous avons droit à un Punisher froid et implacable, adpete de la torture et des méthodes expéditives. D’ailleurs l’une des mises à mort est franchement sympa ! Le dessin de Campbell pose un personnage dur et mythique, renvoyant par endroit au séminal Born dessiné par Robertson. Ses choix de cadrages dénotent sa connaissance du matériau cinématographique et permettent la mise en place d’une atmosphère riche et très travaillée. Le crépuscule mexicain, la froideur d’une morgue, le désespoir d’un cimetière, la solitude d’un bar… Campbell fait du grand art ! Et que dire des covers de Dave Johnson ? Certaines sont excellentes, notamment celle avec la gamine et la poupée…
Cet arc du Punisher est une réussite totale, et permet pour l’instant de ne pas regretter le départ d’Ennis. L’ombre du maître plâne toujours sur la série, et j’espère que Jason Aaron parviendra à renouveller le personnage… Par contre, il y aura un gros bémol : Steve Dillon au dessin…
