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mercredi 11 février 2009

MORSE






Après l’avoir raté au festival de Gérardmer, voilà que Morse débarque dans les salles le 4 février, soit juste après avoir raflé le Grand Prix. Bon, sortir dans les salles,c’est un grand mot, car en Alsace ça ressemble plutôt à une sortie technique, puisqu’il ne passe que dans une seule salle. La rançon du succès… Après on s’étonne que le téléchargement cartonne… Bref, j’ai pu voir Morse, l’un des films les plus intrigants du festival. Une relation amoureuse entre un souffre-douleur et une vampirette de 12 ans, une ambiance lourde et contemplative, la fraîcheur des territoires nordiques…
Et bien c’est une très grosse déception. Tout d’abord, le jeune blond tout droit sorti de son paquet de Kinder devient rapidement une tête-à-claques, et l’aspect éthéré de son physique allié à celui de la réalisation vont progressivement créer un climat très film d’auteur, lent et avare de paroles. La poésie qui se dégage par moments se retrouve atténuée par cette mise en scène engourdissante, et ne permet pas au récit de décoller. Pourtant, la relation entre les deux enfants possédait un fort potentiel, et surtout, la jeune Lina Leandersson joue le rôle de la mystérieuse Eli avec un réel talent. Elle sait être à la fois douce, inquiétante et flippante. Mais l’alchimie ne prend pas avec son partenaire, ce qui est plutôt fâcheux dans une histoire d’amour. L’aspect vampirique est quant à lui bien exploité, par la découverte progressive des capacités d’Eli, et la malédiction pesant sur elle apparaît nettement. Même si elle n’est pas explicitée dans les dialogues, la solitude du vampire est claire, liée à un dégoût de ses propres actes. Eli fait souffrir les autres, mais elle souffre également de sa condition particulière.




Tomas Alfredson a œuvré de nombreuses années à la télévision, et son passage sur grand écran est relativement récent. Morse lui a amené une consécration que je trouve largement surestimée, même si l’élémént le plus faible du film reste le scénario. C’est John Ajvide Lindqvist qui adapte son propre roman, mais le récit est habité par des personnages sans saveur (sauf Eli, encore une fois) et en ressort amoindri.
Morse est typiquement un film de festival, avec sa narration lente et l’originalité de son traitement du mythe vampirique, mais il reste englué dans cette vision très statique et ne parvient pas à faire ressortir de véritable émotion. Par contre, un sentiment diffus de malaise plane tout le long du film, et flirte avec une sexualité enfantine pas forcément nécessaire. Morse est un film très décevant, et son Grand Prix rappelle à quel point le jury reste frileux: l’an dernier, c’est aussi un film très visuel mais au contenu faible qui avait gagné, L’Orphelinat. Alors que l’ultra-bourrin [REC] le méritait largement et se contentait du Prix du Jury. Mais ce n’est pas avec une distribution aussi étendue que le film de Tomas Alfredson va trouver un public…