Après l’avoir raté au festival de Gérardmer, voilà que
Morse débarque dans les salles le 4 février, soit juste après avoir raflé le
Grand Prix. Bon, sortir dans les salles,c’est un grand mot, car en Alsace ça ressemble plutôt à une sortie technique, puisqu’il ne passe que dans une seule salle. La rançon du succès… Après on s’étonne que le téléchargement cartonne… Bref, j’ai pu voir
Morse, l’un des films les plus intrigants du festival. Une relation amoureuse entre un souffre-douleur et une vampirette de 12 ans, une ambiance lourde et contemplative, la fraîcheur des territoires nordiques…
Et bien c’est une très grosse déception. Tout d’abord, le jeune blond tout droit sorti de son paquet de
Kinder devient rapidement une tête-à-claques, et l’aspect éthéré de son physique allié à celui de la réalisation vont progressivement créer un climat très film d’auteur, lent et avare de paroles. La poésie qui se dégage par moments se retrouve atténuée par cette mise en scène engourdissante, et ne permet pas au récit de décoller. Pourtant, la relation entre les deux enfants possédait un fort potentiel, et surtout, la jeune
Lina Leandersson joue le rôle de la mystérieuse
Eli avec un réel talent. Elle sait être à la fois douce, inquiétante et flippante. Mais l’alchimie ne prend pas avec son partenaire, ce qui est plutôt fâcheux dans une histoire d’amour. L’aspect vampirique est quant à lui bien exploité, par la découverte progressive des capacités d’Eli, et la malédiction pesant sur elle apparaît nettement. Même si elle n’est pas explicitée dans les dialogues, la solitude du vampire est claire, liée à un dégoût de ses propres actes. Eli fait souffrir les autres, mais elle souffre également de sa condition particulière.
Tomas Alfredson a œuvré de nombreuses années à la télévision, et son passage sur grand écran est relativement récent.
Morse lui a amené une consécration que je trouve largement surestimée, même si l’élémént le plus faible du film reste le scénario. C’est
John Ajvide Lindqvist qui adapte son propre roman, mais le récit est habité par des personnages sans saveur (sauf Eli, encore une fois) et en ressort amoindri.
Morse est typiquement un film de festival, avec sa narration lente et l’originalité de son traitement du mythe vampirique, mais il reste englué dans cette vision très statique et ne parvient pas à faire ressortir de véritable émotion. Par contre, un sentiment diffus de malaise plane tout le long du film, et flirte avec une sexualité enfantine pas forcément nécessaire.
Morse est un film très décevant, et son
Grand Prix rappelle à quel point le jury reste frileux: l’an dernier, c’est aussi un film très visuel mais au contenu faible qui avait gagné,
L’Orphelinat. Alors que l’ultra-bourrin
[REC] le méritait largement et se contentait du
Prix du Jury. Mais ce n’est pas avec une distribution aussi étendue que le film de Tomas Alfredson va trouver un public…
ça fait déjà quelques années que le "Grand Prix" ne reflète plus les attentes des fans de fantastique.
RépondreSupprimerPendant ce temps là, Cold Prey n'a pas de date de sortie dvd en france (surtout pour la fin alternative)
Un truc très choquant aussi, c'est que Tous les Garçons aiment Mandy Lane, le slasher magnifique qui était passé en 2008 et qui avait eu un certain succès, n'est jamais sorti en DVD. Encore un film exceptionnel passé à la trappe...
RépondreSupprimerIl serait amusant de comparer les films présentés au festival ces 5 dernières années et leurs sorties en salle ou en dvd sur le territoire, je suis quasiment sûr qu'un bon tiers n'a jamais été diffusé.
RépondreSupprimerHeureusement, il y a l'import de dvd ...
Ps : "Mandy Lane", raaah je l'ai pas vu ^^
Vu dans un contexte étrange, pour moi "Morse" est un bijou qui serait le croisement idéal de Bergman et de Martin de Romero...je vais surement me le refaire d'ici peu.
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