The Wrestler est un film exigeant ; tout d’abord avec son acteur principal qui se dévoile pleinement et qui mêle inextricablement sa vie privée à celle du héros fictif ; il est exigeant pour son réalisateur qui modifie totalement son approche de la mise en scène, laissant de côté les expérimentations visuelles de ses précédentes œuvres afin de coller au plus près de son personnage ; et il est également exigeant pour le spectateur qui doit accepter d’entrer dans cet univers âpre afin d’en retirer l’émotion.
Impossible de ne pas voir
The Wrestler comme un documentaire sur l’acteur
Mickey Rourke. Le lien très fort unissant la star déchue et le catcheur vieillissant est indéniable, offrant à l’acteur un film en forme de chant du cygne, qui semble paradoxalement destiné à lui ouvrir les portes d’une seconde carrière. La performance de Mickey Rourke est marquante, et il utilise sa gueule burinée et son corps ravagé pour mieux montrer sa souffrance. Une souffrance physique dans laquelle il tente d’échapper à celles plus profondes qui lui torturent l’esprit. Rourke est un survivant, tout comme son personnage,
Randy « le Bélier » Robinson.
Darren Aronofsky s’éloigne de la poésie sombre qu’il utilisait de manière différente dans chacun de ses films (expérimentale dans
Pi, glauque dans
Requiem for a Dream, déchirante dans
The Fountain), et se rapproche d’un cinéma social finalement très proche des
frères Dardenne, comme on a pu le lire dans diverses critiques. Ce n’est pas sans raison, car sa réalisation colle constamment au personnage et évite tout effet spectaculaire pour un rendu le plus réaliste possible. Randy Robinson pourrait être l’oncle d’Amérique de la
Rosetta des frangins belges, les deux personnages se débattant dans une existence qui les broie et dans laquelle ils se débattent.
Il faut bien évidemment se dire que l’on ne va pas assister à un film sur le catch, et les fans de
Randy Orton et
Batista risquent de faire la tronche en sortant.
The Wrestler est avant tout un film sur le déclin et la vieillesse, sur l’usure et la volonté de s’en sortir. L’approche est parfois répétitive, mais Mickey Rourke est entouré par deux excellentes actrices : la sublime et trop rare
Marisa Tomei et la touchante
Evan Rachel Wood. La danseuse érotique et la fille délaissée, les deux figures féminines qui permettent à Randy de garder la tête hors de l’eau. La relation entre le catcheur usé et la danseuse fatiguée crée une émotion particulière, et celle orageuse entre le père et la fille est elle aussi très intense. A tel point qu’il est dommage que le scénario ne leur réserve pas plus de place.
The Wrestler est un drame social brut et touchant, mais je ne peux m’empêcher de m’imaginer ce qu’il aurait donné s’il avait été tourné à la manière de
The Fountain ou
Requiem of a Dream. Les derniers plans du film laissent entrapercevoir cette idée, et l’on retrouve l’espace d’un instant la poésie visuelle chère à Aronofsky.
Ce film m'a l'air intéressant. C'est vrai que le parallèle avec Rourke lui-même semble évident.
RépondreSupprimerJe l'ai justement entendu aujourd'hui répondre à une interview et j'ai trouvé l'une de ses phrases très jolie (et tout aussi cruelle que vraie) :
"N'importe quel athlète, quel que soit son niveau, deviendra un jour, en une seule nuit, un vieil homme. Personne ne sait quand cette nuit arrivera et tout le monde prie pour avoir un soir de plus."
(en gros et de mémoire, mais c'est le sens général)
C'est bien ce qui ressort du film, ce sentiment d'être rattrapé par le temps, et l'envie de se donner une autre chance. Ca fonctionne d'autant plus dans les scènes où il essaie de séduire la strip-teaseuse et dans celles où il tente de rattraper le temps perdu avec sa fille.
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu The Wrestler.
RépondreSupprimerEn fait, c'était dimanche après midi, juste avant les oscars, moi et ma sœur on voulait voir Slumdog Millionaire. Mais c'était complet.
A la place, on avait le choix entre Benjamin Button et the Wrestler. J'ai donc laissé ma soeur choisir entre Brad Pitt et Mickey Rourke. Résultat des courses : je me suis fais ch... pendant 2h40...
Hé hé. On ne doit jamais laisser sa soeur choisir un film. Jamais.
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