Même si je n’aime pas l’ambiance malsaine et gore de son remake de Massacre à la Tronçonneuse, il faut reconnaître que Marcus Nispel y a injecté un sens indéniable de la mise en scène. Son Pathfinder charcuté fait montre d’une même efficacité, et constituait un film barbare de bonne facture. C’est dire que la venue du réalisateur allemand sur le relaunch de Vendredi 13 était prometteuse…
Et là, l’incompréhension. Ce film aurait pu être réalisé par n’importe qui tant sa mise en scène est neutre et sans âme. Même les plans censées être iconiques tombent à plat (Jason en contre-plongée sur le toit), et ce Vendredi 13 cuvée 2009 n’a rien à offrir en terme visuel. Un comble pour un film destiné à relancer l’un des boogeymen les plus légendaires du 7ème art. Marcus Nispel filme des jeunes qui se promènent la nuit avec des lampes torches, dans une ambiance faussement crade et totalement factice. C’est simple, on imagine toujours les techniciens qui se trouvent hors champ en train de bouffer leur casse-dalle et de siroter une petite bière. Le casting n’aide pas vraiment à sauver l’entreprise, puisque les jeunes sont complètement insignifiants. De jeunes éphèbes et des apprenties bimbos, ce qui aurait pu être vraiment fun si le scénario l’avait joué roublard et décalé. Mais non, on reste très premier degré finalement, avec des vannes bien foireuses et un statisme plus qu’inquiétant. C’est bien simple, il ne se passe rien pendant 1h27 qui semble durer 3 heures. Au lieu de nous servir un revival qui charcle et bourré de tension, Nispel filme un pur produit de studio destiné au plus grand nombre (l’interdiction aux moins de 12 ans est parlante), et Jason se retrouve dans une sale position: loin de sons statut de tueur sanguinaire, il est le fer de lance de la nouvelle vision horrifique made in USA consistant à édulcorer les films afin de pouvoir rentabiliser au maximum en salles et en DVD. Nul doute que Jason parviendra à engranger des billets verts, au moins sur le dos des fans de la première heure, mais on est très loin du résultat attendu.
Comme pour l’excellent Halloween de Rob Zombie, le choix de l’acteur pour incarner le Mal était crucial. Et le colosse Derek Mears promettait de recréer une figure emblématique en y ajoutant une bonne dose de testostérone. Mais rien n’y fait, et Jason est insignifiant. Sans même parler de psychologie, la nature même de son rôle est totalement vaine. Sauf exception pour le pré-générique qui claque, on pourrait aisément remplacer Jason par n’importe qui d’autre. La particularité du masque et de la machette ne fait ici office que de gimmick, et les scénaristes Damian Shannon, Mark Swift et Mark Weathon n’offrent aucune portée dramatique au personnage. Ah, on me signale que Shannon et Swift étaient en charge de l’écriture du catastrophique Freddy contre Jason… J’avoue que tout est beaucoup plus clair maintenant…
A quoi ça sert de faire un remake si on n’y apporte aucune innovation et aucune modernisation? Vendredi 13 ne parvient même pas à recréer l’ambiance estivale sexy des sympathiques bandes 80‘s, sans parler de l'absence cruelle de tension... Il n’y a absolument rien à sauver dans cette tentative, mis à part 5 minutes lors du premier massacre. Ca fait cher le ticket de cinéma… Et ça fait mal de voir l’un des mythes de l’horreur 80’s se faire détruire en toute impunité…
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