Le 5ème film de ce dimanche 1er février (une semaine déjà!) est celui que j’attendais avec le plus d’impatience. Pourtant, il n’est ni en compétition, ni très récent (il date de 2006), mais il est précédé d’une réputation plus que flatteuse, et d’une bande-annonce qui donne sacrément envie. Pour la petite histoire, ce film est inédit dans les salles françaises, mais Canal + a la bonne idée de le diffuser en ce moment. Tous à vos décodeurs pirates!
Jannicke,
Eirik,
Mikael,
Ingunn et
Morten Tobias partent s’éclater dans les montagnes norvégiennes. Ces passionnés de snowboard décident de s’aventurer dans un endroit où les touristes ne risquent pas de les déranger, et ils sont bien résolus à profiter pleinement de la neige abondante et du soleil éclatant. Mais lorsque Morten Tobias chute et se fait une sale fracture, les 5 amis sont obligés d’arrêter leur virée. L’après-midi touche à sa fin, et ils n’auront pas le temps de redescendre à la voiture. Heureusement, ils vont pouvoir trouver refuge dans un hôtel abandonné…
Cold Prey est bien LA grosse claque norvégienne annoncée en matière de slasher. D’entrée de jeu, la beauté des paysages nordiques fascine et génère un arrière-plan très caractéristique et très dense. L’immensité des lieux va progressivement écraser le petit groupe, et même s’il est dommage que le film ne se réserve pas beaucoup de scènes extérieures une fois le massacre commencé, la dimension tragique et oppressante qu’apporte ce lieu désolé n’est pas sans rappeler le
Shining de
Kubrick.
L’hôtel déserté est le lieu où le cauchemar va se dérouler, et la première vision que le spectateur en a va évidemment être marquée par une architecture inquiétante et le poids d’un lourd passé (l‘esprit de
Shining est encore une fois très présent). Sa situation cachée (il se trouve sur le flanc arrière d’une colline) et son aspect vétuste n’ont rien d’encourageant, mais il constitue l’unique abri possible à des kilomètres à la ronde. Les cinq amis décident donc de s’y installer pour la nuit, à l’abri du vent et du froid.
Ce premier long de
Roar Uthaug après 3 courts métrages bénéficie d’un scénario s'intéressant particulièrement à ses personnages, qui sont caractérisés avec beaucoup de réalisme, et dont la construction permet au spectateur de totalement s’identifier à eux. Uthaug a partagé l’écriture avec
Thomas Moldestad et
Martin Sundland, et les trois hommes ont réussi à donner naissance à un groupe de jeunes réellement intéressant et servi par un excellent casting. Dans le genre, on pourrait le comparer avec la qualité des personnages de jeunes de
Wolf Creek, très écrits et très loin de la rigidité habituelle des films d’horreur. Mais
Cold Prey va plus loin que le film surestimé de
Greg McLean, qui s’essouffle rapidement lorsque le charcutage commence, principalement à cause d’un bad guy désastreux. Celui de
Cold Prey reste très mystérieux et percutant; la première mise à mort est bien brutale et promet une suite très tendue. De plus, elle intervient après que les 5 amis aient tranquillement pris possession des lieux et qu’ils se trouvent à l’aise dans leur nouveau logis. Toute la partie durant laquelle ils visitent l’endroit permet de mettre en place une angoisse sourde, qui ne va cesser de grandir. Comme si leur intrusion dans cet hôtel allait peu à peu réveiller ce qui y est tapi…
Roar Uthaug possède un très fort sens de la mise en scène, et il applique une graduation de la tension véritablement exemplaire. Au-delà du pur argument exotique du film norvégien, son film est traité avec un sens consommé de la culture du slasher et une maîtrise totale du rythme inhérent au genre.
Cold Prey est flippant, et il travaille le spectateur au corps en le soumettant à une tension constante. L’utilisation du son (notamment les pas lourds du mystérieux tueur) est elle aussi exemplaire et joue beaucoup dans l’angoisse générée par ce film. Uthaug lie inextricablement tous les éléments afin de mettre le spectateur sur les nerfs, et ça fonctionne vraiment très bien. La violence est très directe, et Uthaug la rend graphiquement très belle et tragique. Notamment lorsque -censuré- se fait étriper à 2 pas de ses amis… Le réalisateur parvient à rendre ce moment viscéral par la cruauté même de la situation et son absurdité: si la musique ne couvrait pas les cris, la victime serait peut-être encore en vie…
Jusqu’à une fin véritablement iconique où… Bon je balancerai pas, mais un slasher qui parvient à se terminer sans se mordre la queue, c’est ce qu’on appelle un bon slasher. Et Roar Uthaug en a réalisé un 4 étoiles. D’ici a ce que les Ricains en fassent un remake, il n’y a qu’un pas. Mais ne vous laissez pas abuser par le réchauffé, et si vous pouvez voir ce magnifique
Cold Prey, n’hésitez pas. Il renouvelle le genre en sublimant les figures imposées, et ça fait vraiment plaisir de frissonner comme ça, et pas seulement à cause de la neige!
Oh m... tu m'as bien donné envie là ! Apparemment, Gérardmer 2009 a été une bonne cuvée.
RépondreSupprimerOué, c'est tentant.
RépondreSupprimerPour l'instant, quel film t'as fais la plus forte impression ? Cold Prey ou un autre ?
On voudra connaitre les Deadpool Award de ce festival !
La saga Cold Prey a effectivement tenu toutes ses promesses, et elle est sans aucun doute la découverte de ce festival. Avec une préférence pour le premier à l'ambiance plus travaillée, même si le second reste d'une efficacité redoutable. Ensuite vient Deadgirl, film étrange qui parvient à instaurer de l'humour dans une histoire pourtant morbide, et dont les éléments s'équilibrent plutôt bien. Un petit film étonnant. Tout comme Hush, qui est une série B au scénario mince mais qui fonctionne grâce à l'aspect ludique de la mise en scène de son réal. Les 2 déceptions de cette journée viennent de Mutants, le seul film français de la sélection, dont l'ambiance résolument glauque m'a totalement éjecté de l'histoire; et de Grace, trop glauque, trop morbide et trop malsain pour mon petit coeur.
RépondreSupprimerEt puis je veux pas dire mais Viktoria Winge est canon ;)
RépondreSupprimerEntièrement d'accord avec toi!
RépondreSupprimerCOLD PREY L'INTEGRALE SORT LE 5 JANVIER 2010 EN COFFRET 2 DVD.
RépondreSupprimerRETROUVEZ LES DEUX VOLETS DE COLD PREY (en VOST ET VF) DANS CE COFFRET!
Thank you Anonyme ;) Avis aux amateurs de frissons nordiques, c'est du très haut de gamme!
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