
Troisième film pour Gonzalo Lopez-Gallego après Nomadas (2001) et Sobre el arcoiris (2003), Les Proies est un survival hispanique qui avait eu son petit succès l’an passé à Gérardmer. L’histoire de Quim et Béa qui se retrouvent en pleine montagne avec un sniper à leurs trousses donne plutôt envie, mais Les Proies s’avère être une grosse déception.
Ca commence pourtant plutôt bien, Lopez-Gallego donnant une tonalité intimiste à son histoire, tant dans la manière d’aborder les personnages (la rencontre entre Quim et Béa), que dans sa mise en scène (intuitive et privilégiant la caméra à l’épaule). On se retrouve face à un film annonçant un développement brut et tendu, et la première confrontation avec le tireur laisse augurer du meilleur. Pourtant, l’aspect naturaliste de Lopez-Gallego va être contrebalancé par un script plutôt mince écrit à 4 mains par le réalisateur et Javier Gullon. La tension qui devrait jaillir de cette situation dramatique n’est pas à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre, et on ne peut s’empêcher de comparer le film au sublime Eden Lake de James Watkins. Les personnages des Proies sont nettement moins bien écrits, même si la relation entre Quim et Béa commence de manière surprenante.

Ce Roi de la Montagne (titre sous lequel il a été présenté à Gérardmer, et traduction littérale du titre original) possède pourtant de beaux atouts, à savoir une immense forêt aux tonalités automnales et une montagne oppressante. Des décors malheureusement sous-exploités, et ne permettant qu’à de rares moments de donner vie à une véritable tension.
Le coup de grâce est apporté lors du changement de point de vue, qui passe à l’ennemi alors que le maigre intérêt du film résidait dans la vision des traqués. On passe alors en mode jeu vidéo avec des plans à la Doom complètement hors de propos, et tout s’effondre alors. Cette dernière partie est un virage à 180 degrés et l’on a l’impression de voir un autre film, sans que le lien entre les deux parties soit tangible. Une prise de risque très forte de la part du réalisateur, qui annihile définitivement toute tension pour éjecter le spectateur du film. Et la fin est simplement gênante tant elle n'est pas crédible.
Gonzalo Lopez-Gallego a deux films américains sur le feu, dont l’un avec Kirsten Dunst et des visions démoniaques (A jealous Ghost), un mélange plutôt étonnant. A suivre, peut-être…
