samedi 17 juillet 2010

SHINJUKU INCIDENT


Sorti en DVD le 12 juillet


A 56 ans, Jackie Chan semble à un tournant de sa carrière, en abordant une filmographie moins virevoltante et comique pour accéder à des récits plus dramatiques. Ce Shinjuku Incident qu’il a également pris soin de produire révèle une autre facette de sa personnalité, qui pointait déjà dans le dernier volet de Police Story : celle d’un personnage torturé ancré dans une réalité bien plus violente que ce qu’il donnait l’habitude de voir. Les combats dantesques et absurdes laissaient place à des affrontements plus sanglants et tragiques, et la figure insouciante de Jackie se teintait d’une aura de désespoir qui était toute nouvelle.

Prenant place aux débuts des années 90, Shinjuku Incident surprend par son aspect social très prononcé. En racontant l’histoire de « Tête de Fer », chinois entré clandestinement au Japon, le film s’inscrit clairement dans un climat réaliste et dramatique. Shinjuku Incident dénonce très clairement les dérives d’un système économique oppressant et les conditions de vie déplorables de ces exilés, et les Prix du meilleur film et du meilleur metteur en scène pour Tung-Shing Yee aux Hong Kong Film Awards renforcent la portée sociale de ce film.

Mais si l’implication de Jackie Chan dans un film de cette envergure est surprenante et novatrice, elle ne suffit pas à faire de ce film la fresque qu’elle aurait souhaitée être. L’ascension d’un anonyme dans le monde du crime, alors qu’il garde toujours à l’esprit de faire le bien, est en fait bien trop édulcorée malgré les quelques accès de violence surprenants. La constante dans le cinéma hong-kongais reste toujours une certaine approche trop manichéenne, qui ne permet pas de renforcer les nombreux rôles distribués dans le film. Le plus mauvais choix reste l’évolution du personnage de Jie interprété par Daniel Wu, qui est l’un des plus intéressants et qui vire tout simplement à la caricature. L’acharnement sur son personnage est trop insistant pour conserver sa crédibilité, et le rythme du film en pâtit beaucoup.

Jackie Chan s’en sort plutôt bien avec ce rôle inhabituel, mais le film semble constamment hésiter entre le drame et la violence, comme s’il se retenait afin de garder une certaine respectabilité. Pourtant, les quelques scènes de bagarres laissent des traces bien visibles… Shinjuku Incident semble vouloir jouer sur deux tableaux sans avoir la profondeur nécessaire pour réussir à s’imposer avec force. Le récit ne décolle pas vraiment, et au final on peut regretter les aventures bien plus punchy auquelles Jackie Chan nous avait habitué…


2 commentaires:

  1. Hmmm, intéressant... Une espèce de Scarface chinois? Et gentil? Je demande à voir, ça m'intrigue... En tout cas, je le trouve malin, Jackie Chan. Au lieu de faire comme Harrison Ford qui persiste à vouloir faire d'Indiana Jones un grabataire pathétique, Chan assume son age et essaie de se reconvertir intelligement. Quel que soit le résultat, rien que la démarche est louable.

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  2. Tu me diras ce que t'en penses... Je trouve effectivement sa démarche intéressante, après c'est surtout le traitement qui me pose problème, avec ce manichéisme trop plombant...

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