Sorti le 21 avril
Le film de
Wes Craven m’avait laissé une impression détestable faite de perversité et de violence gratuite, et l’annonce de ce remake ne m’a donc pas spécialement emballé. Mais j’ai tout de même jeté un œil à la bande-annonce , histoire de voir de quelle façon
Dennis Iliadis allait moderniser le script de Craven. Et j’ai été plutôt intrigué par cette tension apparente et ces plans à l’ambiance 70’s, et la curiosité à finalement eu raison de mes réticences.
37 ans séparent les deux versions de cette tragique histoire, le film original étant la première réalisation de Craven, tandis que son remake est le deuxième effort du grec Iliadis, après un
Hardcore à la réputation bien barrée. Et dès les premiers plans, on sent toute la maîtrise d’un réalisateur tenant à s’émanciper du carcan du remake pour créer une œuvre véritablement personnelle.
La dernière Maison sur la Gauche version 2009 est un film éprouvant et radical, proposant un traitement bien plus intelligent que celui de son modèle. Là où le film de Craven se la jouait fait divers craspec et malsain, Iliadis développe un récit à la construction beaucoup plus solide, bénéficiant de personnages réalistes et très bien écrits. La paire
Adam Alleca et
Carl Ellsworth a donné naissance à un scénario brut allant directement à l’essentiel, et l’expérience d’Ellsworth sur les thrillers
Red Eye- sous haute Pression (tiens, de Craven) et
Paranoïak y est probablement pour quelque chose.
Cette variation sur le thème classique du rape and revenge est menée par un Iliadis puisant son inspiration dans les bandes 70’s tout en conservant un point de vue très personnel. La caractérisation des personnages est teintée d’un onirisme tragique qui ne peut que faire redouter la suite des événements, et le réalisateur place ses protagonistes dans un engrenage infernal aussi destructeur qu’irréversible. Tout comme dans l’excellent
Eden Lake de
James Watkins, on suit les personnages avec une réelle angoisse et un malaise profond.
La dernière Maison sur la Gauche est un film dérangeant, mais à l’inverse d’un
Day of the Woman voire d’un
Irréversible, l’aspect frontal de la violence ne verse pas dans la gratuité malsaine, et elle se révèle à la fois physique et psychologique. La situation dans laquelle se retrouve la jeune
Mari est insoutenable, et va donner une certaine légitimité à la suite des événements. Les explosions de violence sont vraiment choquantes, de par leur réalisme tout d’abord, mais aussi par la dimension graphique qu’a su imposer Iliadis.
Ce remake bénéficie en plus d’un casting très solide, à commencer par ce vieux briscard de
Tony Goldwyn (le méchant dans
Ghost, c’était lui) qui est bluffant dans le rôle du père, et une
Monica Potter (
Saw) jouant avec un réalisme tout aussi confondant.
Sara Paxton (Mari) et
Garret Dillahunt (le bad guy) s’échappent de la petite lucarne pour prou
ver leur fort potentiel; le jeune
Spencer Treat Clark fait montre d’un talent que l’on avait déjà pu noter dans
Incassable de
M. Night Shyamalan; et
Aaron Paul fait aussi partie des bad guys. Une bande d’acteurs totalement impliquée permettant d’ajouter encore une dimension réaliste à ce film âpre et violent qui ne laisse pas indifférent.
Si la mode du remake et autre reboot peut lasser, il faut bien avouer que les réinterprétations peuvent parfois surprendre et même dépasser l’original. Iliadis a totalement réussi son coup avec cette bande oppressante et radicale, qui n’est pas facile à oublier, et c’est tant mieux.
Je dois avoir un âme de poète car la première "scène" dans la cuisine m'a beaucoup plus ;)
RépondreSupprimer(tout le film d'ailleurs)
par contre la scène finale parait un peu gratuite et être la pour remplir un cahier des charges.
La dernière scène est trop rapide selon moi, c'est dommage. Sinon je te rejoins sur celle de la cuisine qui est de toute beauté, effectivement. J'ai été agréablement surpris par la maîtrise et l'intensité de la tension qui parcourt tout le film, et qui en fait une oeuvre résolument dérangeante et complexe.
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