Sorti en DVD le 15 avril
Le thème difficile du viol est abordé de manière délicate dans ce premier film de Mia Goldman. Précédemment monteuse (du 2010 de Peter Hyams au Mariage à la Grecque de Joel Zwick), elle a écrit un scénario pudique et réaliste qui traite de ce sujet sans tomber dans le pathos ni le misérabilisme. On suit alors le charmant couple formé par Izzy et Peter (Robin Tunney et Joel Edgerton) dont la vie insouciante va être remise en question par l’agression d’Izzy. Dès lors, c’est le processus de survie qui va entrer en jeu, avec ses fuites et ses destructions.
L’écriture du film va balayer les différents stades psychologiques par lesquels va obligatoirement passer Izzy (le déni, la colère, le marchandage, la dépression et enfin l’acceptation) sans insister sur le caractère traumatisant de ce qu’elle a vécu. Tout se déroule dans une apparence calme, parfois traversée par une crise, mais on n’est pas ici dans le registre de la surenchère, et c’est tant mieux. Mia Goldman met sa réalisation au diapason de ce qu’elle a écrit, préférant les silences significatifs aux verbiages inutiles. En ce sens, Open Window réussit à intéresser le spectateur à un sujet pas forcément très attirant.
Le talent de Robin Tunney y est évidemment pour beaucoup ; celle que l’on avait pu croiser à l’époque dans le plaisir coupable Dangereuse Alliance, puis en copine de Lincoln Burrows dans Prison Break, a probablement été repérée par Mia Goldman avec Espion mais pas trop d’Andrew Fleming, sur lequel elle officiait en tant que monteuse. Un choix judicieux pour ce rôle plus que délicat, auquel elle apporte force et subtilité, permettant ainsi de développer l’émotion sans tomber dans l’outrance.
Le rôle de Peter n’est pas évident, mais Joel Edgerton s’en tire plutôt bien, tout en soutien silencieux et impuissance frustrante. Une place très difficile pour lui, qui voit la femme de sa vie souffrir et prendre de la distance malgré ses efforts. Open Window traite des blessures profondes et silencieuses et des tentatives afin de les surmonter, et les qualités psychologiques du métrage sont évidentes. Après, on peut toujours regretter le caractère trop linéaire du film, qui suit les étapes sans surprise, mais la justesse du traitement permet de suivre le récit d’Izzy et Peter avec intérêt, et on se prend à espérer que cette tragédie puisse être surmontée…
Un beau film, certes pas facile, mais qui mérite d’être vu pour sa sincérité sur un sujet rarement traité. Et en plus, Elliott Gould joue le rôle du père d’Izzy…
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