Gérardmer 2009, c’est terminé, et pourtant ça continue !
The Lost fait partie des films programmés cette année dans la catégorie
Inédits Vidéos. Ce film de 2005 n’est toujours pas parvenu chez nous, et
Mad Movies répare cette injustice en sortant le DVD avec son numéro du mois de mars. L’occasion de découvrir une oeuvre singulière adaptée d’un roman de
Jack Ketchum, auteur aimant naviguer dans les eaux tortueuses de l’horreur et des psychologies dérangées.
La structure narrative est particulière, puisque le film débute de manière très brutale et pose d’emblée une ambiance paradoxale faite de sang et de nostalgie. C’est là toute la particularité de la mise en scène de
Chris Sivertson, qui évite l’écueil voyeuriste en intégrant une dimension adolescente capitale dans la tentative de compréhension de la psychologie du personnage principal. Si le film ne se détourne pas d’une propension à la violence frontale, il le fait en gardant souvent un point de vue extérieur à
Ray Pye, le tueur illuminé magnifié par le méconnu
Marc Senter. Même s’il se glisse parfois dans son esprit (la scène du saccage de la maison, vue avec le filtre du souvenir), Chris Sivertson s’appuie sur des personnages secondaires complexes qu’il va confronter à Ray et qui vont permettre d’éviter de sombrer dans le glauque outrancier.
The Lost garde constamment à l’esprit les faiblesses de son personnage, et il le suit avec d’autant plus d’inquiétude dans sa déchéance.
Ray Pye est incarné par un excellent acteur, Marc Senter, qui en fait à la fois un être désespéré et magnétique. On se retrouve parfois entre deux eaux, à ne plus trop savoir si ce qui se passe est réel ou sort de la psyché malade de Ray, mais la touche onirique que pose Sivertson convoque bien évidemment les fantômes de la belle
Mandy Lane. Sans parvenir à maintenir le rythme parfait du film de
Jonathan Levine, Sivertson s’en rapproche de manière très personnelle, et fait de
The Lost un film étonnant par ses qualités dramatiques insoupçonnées. La mise en scène peut déboucher sur des séquences d’une violence crue, tout comme elle peut donner vie à des scènes véritablement sensuelles. Le réalisateur imprime une vision atypique de l’adolescence américaine, tout en lui donnant une sincérité qui le place à côté d’auteurs comme
Gregg Araki ou
Larry Clark.
Le choc causé par certaines scènes vient du fait que l’on assiste impuissant à une montée soudaine de violence, perpétrée par un loser parvenant à une toute puissance dans ces moments-là rompant avec la monotonie de son existence passive. Ray Pye semble être véritablement vivant dans ces instants morbides, et la folie dans laquelle il se perd est d’un réalisme d’autant plus choquant qu’on reste souvent centré sur le point de vue des victimes.
The Lost est un film atypique traitant avec intelligence du thème archi rebattu du serial killer, bénéficiant en plus d’une mise en scène de toute beauté. Si vous n’en lisez qu’un, ce sera le Mad du moi de mars !
J'étais un abonné de Mad il y a pas si longtemps que ça. C'est sûr que c'était bien mieux que ces bouses de Premiere ou Ciné Live. Dedans, on avait un vrai point de vue sur le cinéma de genre.
RépondreSupprimerÇa fait un moment que j'en ai pas lus, il faudrait que je m'y remette. Je regarde Yannick Dahan à la place. Ça compense ?
Mon abonnement à Mad vient de se finir, et je ne le reconduirai pas. C'est un magazine intéressant, mais qui se répète au bout d'un moment. Par contre leur collection DVD recèle quelques petites perles comme ce Lost qui mérite le coup d'oeil. Sinon le site internet de Mad est suffisant selon moi.
RépondreSupprimerJ'ai vu quelques vidéos de Dahan, c'est plutôt bien tourné et bourré d'humour (Steven Seagal, hmmm!)
Je vais essayer de me le pécho celui-là. Merci.
RépondreSupprimerSi tu aimes les films dérangés et les ambiances décalées, ça devrait te plaire!
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