dimanche 12 juillet 2009

MESRINE : L’INSTINCT DE MORT



Sorti en DVD le 17 juin


Jean-François Richet a fait du chemin depuis son Etat des Lieux (co-réalisé avec Patrick Dell’Isola) en 1995, et il figure aujourd’hui parmi les réalisateurs français les plus captivants. Si ses points de vue politiques étaient le moteur de ses deux premiers films (avec Ma 6-T va Crack-er), il affine sa mise en scène avec le trop méconnu De l’Amour qu’illumine Virginie Ledoyen, où il rajoute une touche de poésie réaliste à la radicalité frontale qui le caractérise. Et après avoir réalisé un pur fantasme de cinéaste avec Assaut sur le Central 13 en remakant le célèbre Assaut de John Carpenter, il s’attelle à son projet le plus ambitieux : un diptyque consacré à la figure criminelle française la plus célèbre, Jacques Mesrine.


Le scénariste Abdel Raouf Dafri adapte le propre livre de Jacques Mesrine et en tire un script d’une densité remarquable à laquelle s’ajoutent une rigueur et une concision essentielles pour la transposition de cette vie si particulière sur grand écran. La finesse et la subtilité de l’écriture permettent d’obtenir un récit rythmé et vif, la temporalité jouant un rôle essentiel dans la tension régissant constamment le film. Et tout le travail qu’à pu accomplir Richet jusqu’ici semble tendre vers cette évocation foisonnante et maîtrisée de la vie du célèbre criminel.
Le privilège de sa génération lui permet d’assimiler le cinéma de Verneuil comme celui de Friedkin, et L’Instinct de Mort apparaît comme une convergence de deux écoles bien spécifiques aux similitudes flagrantes. L’utilisation des split-screens au début du film n’a rien d’anecdotique, et annonce dès le départ la volonté de créer une œuvre spectaculaire et ambitieuse se désengageant d’un point de vue simpliste, optant au contraire pour une approche viscérale et globale d’une existence vouée au paradoxe, celle d’un homme aspirant à une liberté inconditionnelle et s’engageant pour cela dans une voie irréversible. Jean-François Richet pose une ambiance héritée des polars 70’s hexagonaux mais aussi américains, et il y puise une inspiration géniale qu’il applique avec un discernement et une énergie exceptionnels.


La glorification de Mesrine que l’on pouvait craindre n’a pas lieu, et Dafri et Richet suivent un personnage ambigu et ambitieux, rongé par un besoin de reconnaissance et une envie de liberté qui le mèneront à sa perte. L’interprétation de Vincent Cassel est essentielle et totale, et il parvient à intéresser le spectateur à un personnage violent et dangereux sans se perdre dans des explications et des justifications interminables. Le traitement est avant tout cinématographique, et les enjeux passent par la mise en scène et l’impact du jeu des acteurs. En cela, le casting réuni est d’une cohérence rare, de Cécile de France à Elena Anaya, en passant par Gérard Depardieu, Gilles Lellouche ou encore Roy Dupuis.
L’instinct de Mort est un moment de cinéma dense et captivant, bénéficiant d‘une mise en scène d'une beauté et d’une intelligence remarquables.

3 commentaires:

  1. j'ai vraiment été impressionné par les deux films, je redoutais la vision Mesrine super héros contre le système, mais on découvre un individu certe charismatique, joué par un Vincent Cassel remarquable, mais aussi une belle pourriture dans laquelle il est difficile de s'identifier.
    deux grands films plutôt impressionnants!

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  2. J'ai vraiment hâte de regarder le 2ème, car comme tu le précises c'est une pourriture mais il a également quelque chose de magnétique, ce qui doit évidemment beaucoup à Cassel. J'avais un gros à-priori par rapport au traitement du personnage, et j'ai été vraiment surpris par l'absence de parti-pris et le souffle du récit.

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  3. "ce qui doit évidemment beaucoup à Cassel."

    --> On ne dit pas Cassel mais Cahel, le "s" ne se prononce pas.
    ;o))))))))))))))

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