samedi 26 septembre 2009

DEMINEURS



Sorti le 23 septembre



Kathryn Bigelow revient en très grande forme avec cette évocation âpre et réaliste de la guerre en Irak. En suivant une unité spécialisée dans le désamorçage d’engins explosifs, elle choisit de montrer ce qui se passe en-dehors des affrontements armés, évoquant les atrocités prenant place dans l’ombre de la guerre. Les missions de James, Sanborn et Eldrige consistent à nettoyer la ville truffée de bombes, et Bigelow colle au plus près de ces hommes afin d’immerger totalement le spectateur dans des scènes où l’aspect réaliste l’emporte sur le spectaculaire, mais qui en sont d’autant plus captivantes.


Démineurs évite toute forme visuelle ébouriffante au profit d’une mise en scène intelligente capable de créer des différences de tension avec une grande précision. Bigelow choisit de montrer de manière brute le quotidien de ces hommes risquant leur vie à chaque instant, et les filme au plus près sans aucun jugement. Démineurs est une œuvre très précise dans sa construction, la mise en scène se reposant sur un script détaillé signé par Bigelow et Mark Boal, ce dernier étant un journaliste ayant couvert le conflit irakien.
Au-delà des horreurs de la guerre, c’est à une étude de l’être humain que se livre Bigelow, le conflit ayant des répercussions différentes selon les individus. Le sergent James, interprété avec beaucoup de talent par Jeremy Renner, est une tête brulée prêt à prendre tous les risques ; le sergent Sanborn (Anthony Mackie) est plus mesuré et cherche à régler les problèmes avec le plus de précautions possible. Et Eldrige (Brian Geraghty) a lui du mal à supporter l’idée qu’il puisse mourir. Trois points de vues différents qui vont coexister au sein de cette unité, et vont mettre en exergue les peurs profondes de ces hommes.


Démineurs joue dans la même catégorie que le Jarhead de Sam Mendes, offrant une vision de la guerre emplie de désillusion et de frustration. En jouant davantage sur les actes que sur les mots, la réalisatrice démontre comment cette guerre s’insinue dans les esprits afin de les ravager de l’intérieur, et comment elle crée une peur qui se terre tout au fond de l’être. Cette vision désabusée est empreinte d’un réalisme visuel très élaboré, notamment au niveau de la photographie signée Barry Ackroyd, qui avait notamment œuvré sur le Vol 93 de Paul Greengrass. Un atout évident pour Bigelow dans sa vision proche du documentaire, où la caméra à l’épaule n’enlève en rien à la lisibilité des scènes.
Ce film est traversé par une tension constante, évoluant au fil des scènes, enflant ou se tapissant dans un recoin avant de ressurgir de manière insidieuse. Bigelow filme la mort en mouvement, tandis que ces trois soldats essaient de survivre et de sauver d’autres vies. La scène du sniper en plein désert est à ce titre un modèle de tension et de réalisme.
Démineurs est une œuvre très réussie, où la beauté de l’enfer s’accompagne d’une évocation très réaliste de la mort.

8 commentaires:

  1. Content de voir que tu sembles avoir apprécié ce film autant que moi. Par contre, je le mettrais pas dans la même catégorie que Jarhead que je considère comme une pâle copie de Platoon transposé en Irak. Peut-etre qu'il faut que je le revoie.

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  2. Tiens, Mark Bial a aussi participé à l'élaboration de "Dans la vallée d'Elah", un des premiers films (le premier ?) américains sur le thème de la guerre en Irak. ça me donne bien envie, ce que tu en dis.

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  3. Je trouve Jarhead quand même plus intéressant que Platoon, qui dans mon souvenir reste très caricatural au niveau des personnages.
    Et Démineurs est quand même mieux que Dans la Vallée d'Elah:)

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  4. Encore une autre adaptation de très célèbre jeu vidéo :
    http://www.youtube.com/watch?v=LHY8NKj3RKs

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  5. j'hésite entre celui-là et le Ang Lee... en plus y'a Thirst qui sort aussi... pfff pas simple de choisir mais tu m'as bien donné envie de le voir.

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  6. "Démineurs" juste une tuerie, sans contestation le meilleur film sur les troupes américaines en Irak

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  7. Tiens, il faudra que tu me files la note, je ne crois pas l'avoir reçue.

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